Rentabilité record
Ces dernières semaines, nombreux sont ceux qui ont évoqué une "bulle de l’IA", préalable à un krach boursier devenu apparemment inévitable. Nous ne contestons pas le fait que le marché pourrait connaîte des ratés, mais il n'est pas question d'une bulle généralisée. Les résultats du troisième trimestre aux États-Unis et en Europe le prouvent. La rentabilité a atteint un niveau record, qui est même plus élevé que celui qui était attendu avant la saison des publications.
Technologie en tête, même les autres secteurs ne sont pas en reste.
Malgré les droits de douane et la pression persistante de l'inflation, la marge bénéficiaire nette du S&P 500 n'a pas souffert au troisième trimestre. Elle vient ainsi de connaître son septième trimestre consécutif de hausse et a atteint 13,1 %, son niveau le plus élevé depuis 2009. Son précédent record était de 13 % au deuxième trimestre 2021. Au niveau sectoriel, six secteurs, avec en tête la technologie (+27,7 % contre 25,1 % au troisième trimestre 2024), les services aux collectivités (17,2 % contre 14,8 %) et les établissements financiers (20,2 % contre 17,0 %), ont contribué à cette progression. Mais tous n'ont pas réalisé de bons résultats. Les télécommunications (12,4 % contre 14,8 %) ont notamment vu leurs marges se contracter. La marge bénéficiaire demeure néanmoins structurellement solide, vu qu'elle dépasse sa moyenne sur cinq ans dans près de la moitié des secteurs. Et 2026 s'annonce aussi sous de bons auspices pour le S&P500, avec des marges bénéficiaires nettes de 12,8 % (4T25), 13,3 % (1T26) et 13,7 % (2T26).
Les entreprises de l’UE renouent avec la croissance
Les entreprises européennes ont également connu un bon troisième trimestre. Après une stagnation au deuxième trimestre – au cours duquel l'appréciation de l'euro a érodé les marges d’exportation et les droits de douane américains ont pesé sur les bénéfices - ces derniers ont progressé d’environ 4,3 % en base annuelle, soit plus que la croissance escomptée de 0,4 % et nettement mieux que le creux de -0,2 % enregistré au cours des trois mois précédents. Cette croissance a été soutenue par de nombreux secteurs, et notamment les distrbuteurs (Ahold Delhaize 8 % au-dessus des attentes) et des icônes du luxe comme Ferrari (grâce aux prix premium). Malgré l'accélération de la dynamique des bénéfices, la croissance nominale est restée inférieure à la croissance bénéficaire de 7,8 % enregistrée au troisième trimestre 2024, époque où la tempête des droits de douane n'avait pas encore éclaté. Au troisième trimestre, le chiffre d’affaires moyen n’a augmenté que de 1,1 %, fortement pénalisépar la nette dépréciation du dollar (-12 % depuis le début de l'année 2025).
La croissance des bénéfices repose notamment sur l’efficacité des coûts et l’automatisation via les investissements dans la transformation numérique. Les entreprises peuvent ainsi réduire leurs coûts de main-d'œuvre et augmenter leur productivité, tout en continuant à répercuter la hausse de leurs coûts d’achat sur les consommateurs sans aucune incidence sur la demande. En d’autres termes, les entreprises se concentrent toujours sur l’optimisation de leur rentabilité plutôt que sur une expansion agressive, en mettant surtout l'accent sur l’efficacité et le rendement du capital. L'accroissement des marges leur permet ainsi d'augmenter leurs versements à leurs actionnaires.
Prévisions pour 2026
Les entreprises sont clairement résilientes, en particulier aux États-Unis, grâce à des gains d'efficacité continus et à une tarification stratégique. Les marges devraient donc rester élevées, même dans un contexte de ralentissement de la croissance. Et c’est exactement le scénario sur lequel les analystes tablent. La croissance des bénéfices est attendue à 22,1 % en 2026 pour les entreprises du Nasdaq et à 13,8 % pour celles du S&P 500. L’Euro Stoxx 600 se situe comme à son habitude un peu en dessous, avec une croissance prévue de 12,1 %. Ces estimations de bénéfices sont par ailleurs plus élevées aujourd’hui qu’il y a 12 mois. Et c’est précisément cette croissance des bénéfices soutenue qui devrait soutenir les valorisations actuelles, du moins en grande partie. Si les analystes sont par définition optimistes et que la croissance des bénéfices ne garantit pas des multiples stables, le fait que les entreprises enregistrent de beaux bénéfices constitue déjà un premier pas vers les gains boursiers !
Marges bénéficiaires à des niveaux records aux États-Unis.