Taux japonais: dans le sillage des taux britanniques et européens
Vendredi, les obligations d’État britannique ont été secouées. Verdict: +16 points de base à l’extrémité longue de la courbe. La cause? Les incertitudes liées à la présentation imminente du budget pour 2026. Personne ne sait vraiment si et comment le duo Starmer-Reeves parviendra à combler le déficit béant. La ministre des Finances a encore changé son fusil d’épaule vendredi. Selon Reeves, une heureuse nouvelle dans la recherche des dizaines de milliards de livres requises permettra d’éviter les hausses d’impôts sur le revenu planifiées – ou du moins, de les remplacer par une alternative moins douloureuse. Ainsi, Labour ne rompra pas ses promesses électorales… Mais le fait que le parti ait d’abord été prêt à le faire en dit long. Les finances publiques britanniques sont dans un état lamentable, et les marchés redoutent que les mesures manquent de vigueur. Les grands maux doivent appeler de grands remèdes.
La semaine dernière, nous soulignions encore que ce n’est pas une exclusivité britannique. En Europe, les mêmes forces de marché ont poussé les taux au-delà des premières zones de résistance importantes (ex: 3% pour le swap européen à 30 ans). Et ce matin, nous constatons une fois de plus que le Japon est dans le même bateau. Vu la faiblesse des chiffres de croissance du troisième trimestre, le plan de relance promis par la Première ministre Takaichi, adepte de l’Abenomics, est encore plus attendu. Seulement, l’économie japonaise est entrée dans une nouvelle ère depuis le gouvernement de feu Shinzo Abe. Cette ère se caractérise par une inflation structurelle (trop) élevée, des relèvements des taux d’intérêt par la Banque du Japon, et la fin des achats inconditionnels par cette même BoJ (obligations d’État, ETF, certificats immobiliers…). Son substitut, le marché, est plus exigeant et exige un bon rapport qualité-prix. Ce matin, les primes de risque de crédit poussent à la hausse l’extrémité longue de la courbe. Le taux à 10 ans monte à un nouveau sommet en 17 ans. La variante à 20 ans touche au niveau le plus élevé depuis 1999; enfin, les échéances à 30 et 40 ans cotent à moins de 10 pb de records absolus.
Cette semaine, nous éplucherons ensuite le procès-verbal de la réunion de politique de la Fed d’octobre. Les clivages du comité y transparaîtront. Faute d’unanimité, mais aussi de données économiques officielles, le président Powell a jugé nécessaire de tempérer les attentes relatives à un abaissement de taux en décembre. Le marché en estime actuellement la probabilité à 40%, contre ± 100% avant l’intervention de Powell. Quant aux chiffres, la situation devrait s’améliorer avec la fin provisoire du shutdown: jeudi, le Bureau of Labor Statistics publiera le rapport sur le marché du travail reporté pour septembre. De même, au Royaume-Uni, les taux d’inflation en principe légèrement inférieurs publiés mercredi cimenteront la perspective d’un abaissement de taux en décembre. Ce sera la confirmation qu’attend le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Bailey, dont le vote sera par ailleurs décisif, pour continuer à normaliser la politique restrictive (4%). La semaine se terminera sur les indicateurs PMI de confiance des entreprises. À cet égard, nous attendons surtout les données européennes. La reprise progressive en cours depuis mai de cette année s’est poursuivie le mois dernier, avec un sommet en 2 ans et demi.
Taux japonais à 10 ans: les finances publiques redeviennent-elles un thème phare?