Asymétrie du marché, vulnérabilité du dollar (et des taux américains)
Aujourd’hui, c’est le Labor Day aux États-Unis. Ce jour férié marque la fin de la période estivale, au cours de laquelle les volumes commerciaux sont généralement beaucoup plus faibles. Après cela, c’est la rentrée pour les investisseurs. Il n’en va pas autrement cette fois-ci. Cette semaine, la plus grande économie du monde publiera comme d’habitude une mise à jour économique mensuelle – mais avec un enjeu plus élevé, maintenant que le président de la Fed, Powell, a fait allusion à la possibilité d’un premier abaissement de taux en un an lors du colloque de Jackson Hole. Depuis la covid, la banque centrale américaine a accordé la priorité à l’inflation. Or aujourd’hui, elle se concentre de plus en plus sur le deuxième pilier de son mandat: le plein emploi. Nous pouvons nous attendre à ce que les principaux mouvements du marché cette semaine soient en lien avec le marché du travail.
Outre-Atlantique, la semaine commence demain avec la publication de l’indice ISM de confiance des entreprises de l’industrie manufacturière pour le mois d’août. Jeudi, ce sera au tour du secteur des services. Si l’industrie manufacturière se situe en zone de contraction (<50) depuis mars, les services gardent encore tout juste la tête hors de l’eau. La composante emploi revêtira une importance particulière, étant dans le rouge dans les deux cas (à respectivement 43,4 et 46,4 en juillet). Dévoilés dès le mois dernier, les indices des directeurs d’achats (PMI) analogues, quoique moins importants pour les États-Unis, faisaient état d’une forte demande, d’une hausse du recrutement et d’une pression sur les prix record en trois ans pour août. Le bureau d’études en avait conclu que les chiffres penchaient plutôt en faveur de relèvements que d’abaissements des taux d’intérêt. Mais il y a souvent un contraste important entre les indices ISM et les indices PMI. Mercredi, jeudi et vendredi, le marché du travail sera directement disséqué: en amont du rapport officiel – les payrolls – publié vendredi, les JOLTS (postes vacants) et le rapport privé sur le marché du travail publié par ADP lèveront un coin du voile. Après l’intervention de Powell à Jackson Hole et celles de plusieurs autres décideurs de la Fed (ex.: Daly, encore vendredi), un abaissement des taux le 17 septembre est quasiment certain. Pour faire encore changer d’avis le marché, il faudrait que les chiffres recèlent une surprise haussière de taille, sans exceptions. Ainsi, les risques se situent surtout à l’opposé du spectre. Actuellement, le marché s’inscrit encore dans la droite ligne des prévisions médianes (dot plot) de la Fed en juin: deux abaissements de 25 pb en 2025. Une déviation négative créerait une marge de manœuvre pour un repositionnement par la voie la plus logique: la prise en compte d’un troisième abaissement de taux, ce qui en ferait un pour chaque réunion de politique restante cette année.
Cette asymétrie du marché nous rend réticents vis-à-vis des taux américains à court terme et du dollar. Tous deux sont susceptibles de subir d’autres pertes. Tandis que le taux à deux ans trouve un premier appui autour de 3,43%-3,5%, ce matin, le cours EUR/USD se rapproche de son sommet récent à 1,1743 en août. Nous surveillerons surtout le pic pluriannuel de juillet à 1,1829: un test est certainement possible cette semaine, bien qu’une rupture durable soit peut-être moins évidente. Enfin, si l’Europe paraît moins présente à l’agenda cette semaine, lundi prochain, le vote de confiance au Parlement français se profile. La chute du gouvernement minoritaire est pratiquement garantie, avec la vague de chaos politique qui en découlera.
L’EUR/USD se rapproche à pas furtifs du sommet pluriannuel de juillet