Données en faveur de l'appréciation de la couronne tchèque
Ce matin, l'office tchèque des statistiques a publié des chiffres de croissance plus que satisfaisants pour le troisième trimestre, renforçant ainsi l'idée de la banque centrale (CNB) selon laquelle il n'y a quasiment plus aucune raison de réduire davantage le taux directeur (actuellement à 3,5 %). À l’instar des autres devises de la région, la couronne reste sensible aux fluctuations du sentiment général sur le marché. Les chiffres intérieurs justifient en tous les cas la progression constante qu'a connue la couronne depuis son coup de mou d'avril lors du "Libertation Day".
Intuitivement, on pourrait penser que la Tchéquie ne dispose pas des cartes idéales. Son économie, ouverte et axée sur les exportations, est en effet confrontée aux perturbations du commerce international dues aux droits de douane américains. En outre, le conflit en Ukraine demeure une source supplémentaire d’incertitude au niveau régional. Les chiffres de croissance du deuxième trimestre (0,5 % en glissement trimestriel et 2,6 % en glissement annuel) montrent néanmoins que le pays possède suffisamment d’atouts pour faire face à ces facteurs. Les détails du rapport font état d'une situation équilibrée. Du côté de l’offre, la croissance est largement portée par différents secteurs cycliques (industrie, construction), mais aussi par des services tels que le transport ou le tourisme. Du côté de la demande, la solide croissance de la consommation (des particuliers et des pouvoirs publics) a permis de compenser la contribution légèrement négative des exportations nettes et les entreprises ont commencé à reconstituer leurs stocks.
Le taux de croissance est proche de celui avancé dans les projections du mois d’août de la CNB. La pénurie persistante sur le marché du travail et les fortes hausses des salaires réels (la CNB table sur 3,9 % cette année et 3,1 % l’année prochaine) laissent supposer que la consommation va continuer à apporter une contribution positive. Dans une perspective plus large, l'industrie tchèque est également bien placée pour profiter des investissements européens dans la défense. Les liens industriels traditionnellement forts avec l’Allemagne permettront en outre au pays de profiter de la politique budgétaire plus stimulante menée chez son principal partenaire commercial.
En attendant, le comité de politique du président, Aleš Michl, s'en tient au message selon lequel la politique doit rester suffisamment restrictive. L’inflation (2,7 % en juillet) se maintient dans la moitié supérieure de la fourchette cible comprise entre 1 et 3 % et la CNB observe de nombreux risques de hausse de l’inflation (inflation persistante dans le secteur des services, pénuries sur le marché de l'emploi, hausses des prix de l’immobilier). Malgré un déficit budgétaire limité selon les standards de l’UE (de l’ordre de 2 % cette année), la CNB met également en garde contre les risques inflationnistes liés à une politique budgétaire trop généreuse. À cet égard, les élections de début octobre constituent encore une autre source d’incertitude. Moralité de l’histoire (monétaire) pour la monnaie : la couronne a toujours devant elle la perspective d’un taux directeur réel très positif. Dans ce contexte, la CNB n’est probablement pas mécontente de la vigueur relative de la couronne, tant que l'appréciation reste progressive. Sauf éventuelle flambée générale de l'aversion pour le risque, la monnaie tchèque devrait pouvoir continuer à se redresser. D’un point de vue technique, une rupture franche de la zone EUR/CZK 24,50 ouvrirait la voie vers 24,20 (plus bas de décembre 2023).
EUR/CZK : couronne soutenue par les données et les taux d’intérêt réels positifs.