PMI à mi-chemin entre espoir et crainte
Hier, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, s'est exprimée à propos de l’impact de la politique commerciale protectionniste américaine sur l'économie. Globalement, la croissance a mieux résisté que prévu. Au premier trimestre, les anticipations ("frontloading") avaient même créé une base solide. À partir du deuxième trimestre, la dynamique a ralenti en raison de l'incertitude. Lagarde s’attend à ce que cette tendance se poursuive au troisième trimestre, même si le résultat des négociations commerciales entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis est plus ou moins conforme aux attentes (de la BCE) de juin. Le scénario du pire a quoi qu'il en soit été évité. La patronne de la BCE redoute surtout les droits de douane sectoriels (sur les produits pharmaceutiques ou les semi-conducteurs, par exemple) que le président américain, Donald Trump, garde encore sous le coude.
L'indice PMI de confiance des entreprises du mois d'août suggère aujourd'hui que les inquiétudes de Lagarde concernant la dynamique de croissance sont peut-être exagérées. Le PMI global a progressé pour le troisième mois d'affilée et a atteint son niveau le plus élevé depuis mai 2024 (de 50,9 à 51,1). Depuis le début de l’année, l’indice est ressorti tous les mois (juste) au-dessus du niveau neutre de 50. Sur le plan sectoriel, nous constatons surtout un mouvement de rattrapage de l’industrie tournée vers les exportations (de 49,8 à 50,5 ; première croissance en plus de trois ans), tandis que le PMI des services tournés vers le marché intérieur s'est légèrement replié (de 51 à 50,7). La première augmentation des nouvelles commandes en un peu plus d’un an est encourageante pour l’avenir proche. Dans l’industrie manufacturière, la hausse précédente datait déjà d’avril 2022 ! Afin de répondre à la demande, les entreprises ont, de manière générale, embauché pour le sixième mois consécutif.
C’est surtout le commerce intra-européen qui reprend. Les nouvelles commandes (à l’exportation) provenant de l'extérieur de l’UEM ont connu leur recul le plus prononcé depuis avril. Malgré des carnets mieux remplis, les entreprises se montrent encore surtout inquiètes pour les 12 prochains mois. Elles continuent de réduire leurs stocks et leurs achats de matières premières et autres matériaux. Outre l’incertitude, l'évolution des coûts pèse aussi dans la balance. Les prix des intrants ont atteint leur niveau le plus élevé en cinq mois et ont grimpé plus rapidement que les prix facturés aux consommateurs. Cette divergence entre les prix à la production et les prix à la consommation s'observe également dans d'autres régions du monde. En d’autres termes, les entreprises absorbent une partie des droits de douane via leurs marges bénéficiaires.
Les taux d'intérêt européens ont gagné jusqu'à 3 points de base sur la partie courte de la courbe (2 ans). Le marché monétaire est toujours positionné en direction d’un abaissement des taux de la BCE comme prochaine intervention (l’année prochaine ?) et doit revenir sur ses pas. L'euro a tenté une timide remontée après la publication des chiffres, mais il s’est rapidement retrouvé en terrain connu (EUR/USD 1,1650). L’ombre du président de la Fed, Jerome Powell, plane toujours sur le marché (des changes).
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC