Sterling: mauvais soutien des taux?!
Il y a deux semaines, la décision de la banque d’Angleterre (BoE) sur les taux d’intérêt a été pour le moins laborieuse. Il a même fallu deux tours de vote pour obtenir une majorité. Finalement, le gouverneur Bailey est parvenu à entériner un nouvel abaissement de 25 pb (5 membres étaient en faveur, 4 auraient voulu attendre). La BoE maintient ainsi sa trajectoire d’une intervention par trimestre, à chaque fois étayée par un nouveau rapport de politique économique. Mais ce matin, après la publication des taux d’inflation de juillet, le marché doute que la BoE pourra garder le rythme en novembre.
En juillet, l’inflation britannique a de nouveau grimpé. L’inflation générale se chiffre désormais à 0,1% en glissement mensuel et 3,8% en glissement annuel. Certes, ce n’était que “marginalement plus” que les 3,7% attendus… Mais entre-temps, l’objectif de 2% reste un doux rêve. Idem pour l’inflation de base (hors alimentation et énergie), qui est récemment passée de 3,7% à 3,8%. En ce qui concerne l’inflation des services (domestique), nous avons même une nouvelle fois franchi le cap des 5%! Si l’on se penche sur les détails, l’on remarque que cette hausse surprise est au moins en partie due au prix des billets d’avion et à d’autres dépenses liées aux vacances. Il s’agit donc de composants volatils qui peuvent rapidement basculer d’un côté comme de l’autre. La BoE part toutefois du principe que l’inflation pourrait remonter à 4% en septembre “pour des raisons techniques” avant de retomber. Mais bien entendu, en nuançant toutes les surprises “volatiles”, on peut conclure qu’il n’y a jamais de problème… Détail piquant: les prix des denrées alimentaires ont à nouveau fortement augmenté (5,1% en glissement annuel). Cela s’explique en partie par des coûts plus élevés pour les produits de base, mais aussi par le fait que le commerce de détail répercute la hausse des coûts salariaux et des cotisations sociales. Autrement dit, il y a des effets de second tour. Les prix des denrées alimentaires sont également un facteur important des anticipations inflationnistes des consommateurs. Morale de l’histoire: le ralentissement de l’inflation que la BoE appelle de ses vœux se fait attendre.
Ces dernières semaines, les marchés monétaires britanniques tenaient de plus en plus compte d’un scénario où la BoE passerait son tour en novembre. Un nouvel abaissement n’est prévu qu’après le nouvel an. Ce matin, le cours EUR/GBP est retombé en direction de 0,86, mais le mouvement n’est pas convaincant. Somme toute, nous nous trouvons dans une situation de soutien des taux pour de mauvaises raisons. Certaines données d’activité récemment publiées ont été légèrement meilleures (moins mauvaises) que prévu, mais pour l’instant, le Royaume-Uni reste en stagflation. Ajoutons à cela un exercice budgétaire extrêmement difficile dans les semaines/mois à venir, avec des primes de risque historiquement élevées sur les obligations britanniques à long terme (30 ans: 5,6%), et nous restons réticents vis-à-vis de la devise. Le premier niveau de résistance (pour la livre) autour de EUR/GBP 0,86 pourrait déjà être difficile à surmonter.
EUR/GBP: la hausse de l’inflation décourage la livre