La Banque de réserve d’Australie donne le ton pour 2026
Ce matin, la gouverneure Bullock de la Banque de réserve d’Australie (Reserve Bank of Australia – RBA) a communiqué un message clair: après trois abaissements de taux seulement (à partir d’un niveau certes faible), le cycle de normalisation est définitivement terminé. Pour l’avenir, les décisions de politique iront donc dans le sens d’un statu quo prolongé à 3,6% ou d’un relèvement des taux d’intérêt. L’extrémité courte de la courbe des taux australienne grimpe de près de 8 points de base, portant le taux à deux ans à son niveau le plus élevé en plus d’un an. Le dollar australien se renforce par rapport à son homologue américain (à 0,665) et vise le sommet de 0,6685 atteint en septembre.
La RBA avait déjà initié ce virage politique lors de sa réunion de novembre. Pour le troisième trimestre, les taux d’inflation s’avèrent bien supérieurs à ses attentes: l’indicateur général affiche 3,2%, dépassant ainsi l’objectif de 2 à 3% pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2024. De plus, si l’indicateur d’inflation mensuel récemment introduit présente encore quelques défauts à lisser, il évolue en tout cas dans la mauvaise direction: de 3,6% en septembre, il s’élève à 3,8% pour le mois d’octobre. Sydney s’alarme. Sensible aux signes avant-coureurs d’une reprise généralisée de la pression sur les prix, la banque centrale ajuste son analyse des risques. Désormais, elle évoque un risque d’inflation haussier plutôt qu’équilibré. La RBA se donne un peu de temps pour évaluer dans quelle mesure cette pression se maintiendra et/ou si les risques se matérialisent. Ce n’est pas un scénario improbable. Cette fois, la RBA ne se prononce pas formellement sur les risques liés à la croissance économique. Mais la déclaration de politique cite uniquement des éléments positifs: l’économie se redresse grâce à la résilience inattendue du secteur privé, tandis que le marché du travail reste tendu. Et bien que la politique (commerciale) américaine engendre une incertitude semi-permanente pour l’économie mondiale, heureusement pour l’Australie, l’impact sur ses principaux partenaires commerciaux reste minime, grâce à la prolongation d’un an de l’armistice entre les États-Unis et la Chine.
En somme, la déclaration de politique semble préparer une décision inévitable: un relèvement des taux. Bullock a indiqué qu’une telle décision n’avait pas été explicitement envisagée aujourd’hui, mais que les membres avaient évoqué des scénarios qui pourraient la rendre nécessaire. Les taux d’inflation du quatrième trimestre deviennent essentiels, car ils diront si les craintes de la RBA sont fondées ou non.
Ces données seront publiées le 28 janvier, avant la réunion de politique du 3 février. En théorie, cette réunion pourrait donc marquer un point d’inflexion, d’autant que la RBA émettra aussi de nouvelles prévisions économiques. Les dernières datent du mois de novembre et à ce moment-là, la banque centrale estimait déjà qu’elle n’atteindrait son objectif d’inflation qu’en 2027. Quant à savoir si les nouvelles données convaincront la RBA de passer à l’acte dès février, le débat reste ouvert: le marché monétaire australien estime plutôt que ce sera en mai. Indépendamment du timing, la RBA donne le ton pour l’année à venir. Après avoir consacré 2025 à chercher le plancher des taux, elle s’interrogera en 2026 sur le moment d’un premier relèvement.
Le taux swap à deux ans australien s’achemine vers un sommet en un an.