EUR/USD : pas de thème dominant pour l’instant
L’attention du marché s’est récemment tournée vers la hausse des primes de risque dans les taux à long terme. Par ailleurs, les actifs risqués (du moins certains d'entre eux comme les crypto-actifs ou les bourses) ont connu un regain de volatilité, mais rien de cela n'a pour le moment eu d'incidence réelle sur le marché des changes. La livre sterling paraît un peu fragilisée en raison d’une politique budgétaire peu convaincante. Le dollar pondéré par les échanges commerciaux (DXY) et le cours EUR/USD sont pour leur part des havres de stabilité depuis l’été.
Après une belle montée entre février et début juillet, la paire EUR/USD évolue depuis l’été au sein d'une fourchette étroite comprise entre 1,15 et 1,18, avec de brèves échappées en direction de 1,1919 et 1,1392. Le dollar a entre-temps largement intégré les droits de douane et autres volte-face de l'administration Trump. En Europe, il faut plus de temps que prévu pour que les mesures de relance budgétaire et l'accélération des dépenses de défense se traduisent concrètement dans les chiffres de croissance.
Le cycle monétaire joue à première vue au détriment du dollar et à l’avantage de l’euro. Le taux directeur toujours restrictif permet à la Fed d’accorder plus de poids au ralentissement observé sur le marché du travail qu’à l’inflation toujours trop élevée. Malgré des avis très partagés au sein du comité de politique, une nouvelle baisse de taux est quasiment acquise pour la semaine prochaine. Dans une perspective à un peu plus long terme, le marché situe toutefois depuis un certain temps le plancher des taux aux alentours de 3 %. Cela ne devrait guère changer. Du côté euro de la comparaison, le marché a pratiquement écarté l’idée d’un dernier assouplissement de la BCE. Un taux d’intérêt à court terme proche de 2 % devrait désormais être la norme dans l'UEM. Quoi qu'il en soit, la légère diminution de l'avantage de taux dont bénéficiait le billet vert n'a récemment pas été un thème majeur pour le cours EUR/USD, et cela pourrait rester le cas pendant un certain temps.
Si la dynamique des taux manque de tonus, ce sont surtout les risques événementiels, plus difficiles à évaluer, qui pourraient éventuellement provoquer des mouvements. Pour l’euro, une nouvelle intensification de la crise politique et budgétaire en France fait partie de ces risques. La fin de la guerre en Ukraine constituerait en principe un risque événementiel positif pour l’Europe et l’euro, même si l’impact économique (et monétaire) est difficile à estimer à l’avance. Le dollar a récemment parfois profité de certains regains d’aversion pour le risque, sans que cela n'ait été systématique. Une éventuelle correction dans le secteur technologique de l'intelligence artificielle pourrait autant nuire aux États-Unis qu’à l’Europe. La nomination et la stratégie du successeur de Jerome Powell à la tête de Réserve fédérale américaine représentent aussi un risque événementiel pour le billet vert. Le président Trump devrait annoncer son choix après le nouvel an. Son propre conseiller économique, Kevin Hassett, se trouverait en pole position. S’il impose une politique plus stimulante que celle à laquelle on pourrait s'attendre d'une banque centrale indépendante, cela aura un effet négatif sur le dollar. Une éventuelle décision judiciaire contre les droits de douane de Trump pourrait également perturber la stabilité de la devise américaine. Le marché des changes estime qu’il est encore trop tôt pour anticiper tout cela. La fourchette comprise entre 1,15 et 1,18 devrait se maintenir jusqu’à nouvel ordre. La zone de 1,1469/91 s'est récemment révélée être un solide niveau de soutien pour l'euro/un solide niveau de résistance pour le dollar. L'indice pondéré par les échanges commerciaux (DXY) s'est déjà heurté à plusieurs reprises à la zone de résistance de 100,25/40.
EUR/USD : consolidation toujours provisoirement d'actualité