Économie tchèque en pleine forme
La couronne tchèque n’a pas cessé de progresser vis-à-vis de l'euro (+4,25 %) cette année. Elle a été et reste toujours soutenue par la politique orthodoxe de la banque centrale tchèque (CNB), qui préfère maintenir une politique légèrement trop restrictive plutôt que trop souple. Le président de la CNB, Aleš Michl, et son comité de politique monétaire n'ont jusqu’à nouvel ordre pas à craindre de ralentir inutilement l’économie. Celle-ci connaît une croissance ininterrompue depuis fin 2022 (à une exception près au troisième trimestre 2023). Les chiffres du troisième trimestre publiés ce matin s’avèrent à nouveau étonnamment bons.
Entre juin et septembre, l'économie tchèque a progressé de 0,8 % en glissement trimestriel. L'activité a ainsi augmenté de 2,8 % par rapport à la même période l'année dernière, atteignant son plus haut niveau depuis le deuxième trimestre 2022. Ce taux est d’ailleurs aussi supérieur aux prévisions déjà élevées du marché (0,7 %). Dans son rapport politique publié au début du mois, la banque centrale tchèque ne tablait au départ que sur une croissance de 0,2 %. La contribution la plus importante vient de la consommation privée (0,3 % en glissement trimestriel, 3 % en glissement annuel), mais en réalité, toutes les composantes de dépenses (dépenses publiques, investissements (principalement dans la construction résidentielle), stocks et exportations nettes) ont eu une influence positive. La progression de la consommation privée n'a rien de surprenant au vu de la hausse continue des salaires réels (5,3 % au deuxième trimestre). La vigueur de l’activité dans le secteur de la construction ne passe pas non plus inaperçue, étant donné que l'inflation liée au logement et à l'immobilier constitue depuis longtemps un sujet de préoccupation pour la CNB. Hier encore, la banque centrale a recommandé de durcir les conditions d'octroi de certains prêts hypothécaires afin de décourager la spéculation sur le marché immobilier. Quoi qu’il en soit, l’économie n’a en soi pas besoin d’un coup de pouce (monétaire).
Mais ce coup de pouce pourrait finalement arriver, car le nouveau gouvernement, dirigé par le parti ANO d’Andrej Babis, a indiqué qu’il y avait une marge pour légèrement assouplir la politique budgétaire stricte de l’administration précédente (KBC s’attend à un déficit budgétaire de 2,3 % du PIB et à une dette publique de 44 % du PIB pour cette année). La CNB tiendra également certainement compte de cet "ajustement" dans son évaluation stratégique et son appréciation de l'inflation. Dans l’ensemble, l’inflation générale demeure bien sous contrôle (2,5 % en octobre). Pour des raisons techniques, elle pourrait même descendre à 2 % ou moins au début de l’année prochaine. Mais même dans ce cas, la CNB continuera de répéter qu’une politique (un peu) restrictive reste nécessaire pour maîtriser la dynamique des prix dans le pays (salaires, services, mesures fiscales, marché résidentiel). Avec un taux directeur réel attendu à +/- 1,5 % (taux de la CNB de 3,5 % moins +/- 2 % d’inflation), la politique n’est en aucun cas stimulante.
KBC s’attend à ce que le taux directeur demeure inchangé, à 3,5 %, l’année prochaine. Le marché a désormais aussi totalement exclu la possibilité d’un dernier abaissement des taux. À court et moyen terme, la CNB pourrait parfaitement maintenir le statu quo actuel. Mais bien sûr, le marché anticipe. Une fois la page des réductions de taux définitivement tournée, la question d'un mouvement inverse risque de se poser. Mais comme déjà indiqué, c'est encore trop tôt. Force est néanmoins de constater que tant le taux à court terme (swap à 2 ans à 3,75 %) que le taux à long terme (swap à 10 ans à 4,2 %) ont augmenté de 20 points de base au cours du mois dernier. La couronne reste bien soutenue, surtout dans un contexte relativement calme en termes de perception des risques. Une éventuelle fin de la guerre en Ukraine pourrait même être un risque événementiel "positif".
EUR/CZK : couronne soutenue par une CNB stricte et une solide croissance.