L’atténuation de l’inflation au Royaume-Uni est d’une importance secondaire
La Banque d’Angleterre (BoE) prédit ce scénario depuis un moment et les faits lui donnent maintenant raison. En partie pour des raisons techniques, l’inflation atteindrait un pic (aigu) en septembre, avant de s’atténuer progressivement. Ce pic de septembre (3,8%) était déjà légèrement inférieur aux 4% redoutés. Et les chiffres d’octobre, publiés ce matin, évoluent plutôt dans la bonne direction. Lors de la réunion de politique qui s’est tenue plus tôt ce mois-ci, le gouverneur Bailey avait suggéré que la BoE pourrait attendre encore un peu que la tendance se confirme (5-4 votes pour un taux inchangé à 4%). À présent, l’atténuation de l’inflation lui donne l’opportunité de changer de cap en décembre. Quoi qu’il en soit, ce matin, la réaction limitée des marchés suggère que le sort de la livre sterling dépendra surtout du budget qui sera publié la semaine prochaine (26 novembre), plutôt que de l’inflation et de la trajectoire des abaissements de taux.
Voyons d’abord le rapport de l’indice des prix à la consommation (CPI). L’inflation générale est tombée de 3,8% en glissement annuel à 3,6%, marquant la première baisse depuis mars. C’est principalement à cause de la diminution des prix de l’énergie. La hausse des prix de l’alimentation (importants pour les anticipations inflationnistes) s’est accélérée (0,5% en glissement mensuel et 4,9% en glissement annuel), tout en restant inférieure aux prévisions de la BoE. L’inflation de base a légèrement ralenti (de 3,5% à 3,4%). Quant à l’inflation des services, elle a poursuivi son évolution positive (baisse de 4,7% à 4,5%).
Ce matin, tant les taux britanniques à court terme que la livre affichent une baisse limitée (2 pb à 2 ans, EUR/GBP 0,8815). Le marché estime désormais à 90% la probabilité d’un abaissement de 25 pb le 18 décembre. Les taux d’inflation pour le mois de novembre seront publiés la veille. Cela peut sembler étrange, mais sauf surprise majeure, l’inflation ne revêt qu’une importance secondaire pour la livre sterling. Si l’inflation, comme prévu dans le modèle de la BoE, tombe à 3%/2,5% l’année prochaine, puis à 2% en 2027, la BoE ramènera ses taux vers le niveau neutre, ou légèrement au-dessus (zone de 3,5%). Dans ce cas, la dynamique mensuelle sera surtout importante pour le timing. En principe, un assouplissement progressif dû au ralentissement de l’inflation ne sera pas forcément un mal pour la devise.
Ces temps-ci, la fragilité de la livre est principalement due à l’incertitude budgétaire et à la communication velléitaire du gouvernement quant aux mesures fiscales imminentes (ou non). Les impôts augmenteront-ils ou non? Y aura-t-il ou non des mesures alternatives pour soutenir le pouvoir d’achat et tempérer l’inflation?… Les effets d’annonce à répétition, suivis de rétropédalages, témoignent d’un certain manque de fermeté. Le marché craint que l’exercice budgétaire se limite à quelques mesures palliatives, avec peu de perspectives d’amélioration structurelle de la crédibilité fiscale à terme. Ainsi, à court terme, l’issue de ce débat et son impact sur les taux d’intérêt et les primes de risque à longue échéance au Royaume-Uni seront beaucoup plus importants pour la livre sterling qu’un léger écart dans la trajectoire de l’inflation et/ou le calendrier de la dernière phase du cycle d’assouplissement de la BoE. Le rebond récent des taux britanniques à long terme (30 ans ± 5,4%) indique que le marché n’est pas rassuré et que la devise demeure vulnérable.
EUR/GBP: légère baisse de la livre suite à des taux d’inflation plus modérés. Les marchés restent concentrés sur le budget.