Politique de la BCE soutenue par la résilience de l'économie européenne
Hier, la Commission européenne (CE) a publié ses prévisions économiques semestrielles. La trajectoire de croissance de la zone euro est plus élevée dans cette édition d'automne que dans les perspectives publiées au printemps. Pour la période 2025-2027, les taux sont désormais attendus à 1,3 %-1,2 %-1,4 % (au lieu de 0,9 %-1,4 %-1,4 %). La Commission évoque une croissance plus robuste jusqu’à présent. Tout d'abord grâce à une forte hausse des exportations due à l'anticipation de l’introduction des droits de douane américains, mais ensuite aussi grâce à une bonne capacité de résistance dans un contexte international incertain. Les premiers indicateurs du mois d’octobre, tant ceux de la Commission que, par exemple, les indicateurs de confiance PMI, suggèrent que la dynamique de croissance se maintient, voire s’accélère. La consommation est d'ores et déjà soutenue par la vigueur du marché du travail et la hausse des revenus disponibles. Le marché attend une confirmation de ce scénario ce vendredi, avec l’enquête PMI du mois de novembre. Les prévisions de croissance de la CE sont plus positives que celles publiées par la Banque centrale européenne (BCE) en septembre qui indiquaient 1,2 %-1 %-1,4 %. De petites révisions à la hausse seront possibles lors de la dernière réunion de l'année de la banque centrale ce 18 décembre. Combinées à une trajectoire d’inflation plus ou moins stable autour de l’objectif de 2 %, ces nouvelles prévisions de croissance renforcent l'idée selon laquelle le taux directeur de la banque ne devrait plus beaucoup bouger. Les marchés monétaires européens n'anticipent plus qu'une baisse de taux supplémentaire dans les 12 prochains mois (probabilité de 30 %). Le taux swap européen à 2 ans poursuit sa timide progression et a atteint hier, pour la première fois depuis début avril, le niveau de 2,2 %. Pour l’instant, nous considérons toujours cette modeste évolution comme un mouvement de stabilisation sur la partie courte de la courbe. Pour que les taux repartent clairement à la hausse, il faudra que le marché commence à anticiper des relèvements du taux directeur. Ceux-ci ne sont pas encore à l’ordre du jour.
Outre la croissance et l’inflation, la Commission européenne se penche également sur les finances publiques des différents États membres. Au niveau de la zone euro, elle s’attend à ce que le déficit budgétaire commun dépasse légèrement l’objectif de <=3 % (de 3,2 % à 3,4 % du PIB en 2027). La Belgique et la France sont les plus mauvais élèves de la classe. Dans les deux pays, l’impasse politique autour du budget (pluriannuel) est complète. Dans l’hypothèse d’une poursuite de la politique actuelle, la trajectoire budgétaire s'inscrirait à 5,3 % - 5,5 % - 5,9 % pour la Belgique et à 5,5 % - 4,9 % - 5,3 % pour la France. Selon les prévisions pour les deux prochaines années, le taux d’endettement devrait grimper de 107 % à 112 % du PIB en Belgique et de 116 % à 120 % en France. Ces derniers jours, nous avons déjà pointé le nouveau raidissement des courbes de taux en Europe, au Royaume-Uni ou au Japon. Ce mouvement est principalement dû à la montée des taux d’intérêt sur les échéances plus longues (accroissement de la prime de risque de crédit). En France, la crise politique s'est quelque peu apaisée depuis le vote de confiance à Lecornu II, mais la situation pourrait bientôt changer. Dimanche est la date limite à laquelle la proposition de budget devra être remise au Sénat pour espérer qu'elle puisse encore être approuvée par le parlement avant la fin de l’année. Aucune fumée blanche n'est pour le moment visible et la probabilité d'une sortie de crise reste plutôt faible.
Taux swap à 2 ans de l’UE : poursuite de la stabilisation.