RBA : nouvelle baisse (provisoirement ?) écartée
Pour la plupart des banques centrales, le cycle d’assouplissement touche à sa fin ou se trouve pour le moins dans une sorte de phase d'ajustement (la Fed américaine, par exemple). L’inflation a ralenti après la forte accélération liée à la pandémie, permettant ainsi de réduire la politique restrictive. L'heure est maintenant venue de trouver le nouveau point d’équilibre. Une quête qui se fait à coups d'essais et d'erreurs, d’autant plus qu'il n'est jamais facile de ramener l’inflation à l’objectif (et encore moins au-dessous). Le cas de la Reserve Bank of Australia (RBA) en est une bonne illustration. Il y a un mois, le marché considérait une baisse de taux aujourd’hui ou à la fin de l'année comme très probable. Pas question de réduction aujourd'hui puisque le taux directeur a été maintenu à 3,6 %. Désormais, le marché hésite quant à une éventuelle dernière intervention au milieu de l’année prochaine. La baisse pourrait évidemment ne jamais avoir lieu.
La RBA disposait de nouveaux chiffres macroéconomiques. Par rapport au mois d’août, les données relatives à l'activité n'ont pas beaucoup évolué. L’économie est proche de son taux de croissance tendanciel (près de 2 %). Le taux de chômage a légèrement augmenté à 4,5 %, mais la RBA estime que le marché du travail devrait rester assez tendu. Le principal ajustement concerne, comme vous l'aurez compris, l'inflation. Celle-ci est passée contre toute attente de 2,1 % à 3.2 % au troisième trimestre. Il convient toutefois de préciser que cette hausse est en partie due à l'augmentation des prix (réglementés) de l'électricité. L'inflation sous-jacente (moyenne ajustée) s'est cependant également accélérée, passant de 2,7 % à 3 %. Une fois de plus, en partie en raison de facteurs temporaires, même si la RBA reconnaît que cet indicateur devrait rester au-dessus de la zone cible de 2-3 % au cours des prochains trimestres, avant de revenir – nous serions presque tentés de dire "par définition" – légèrement au-dessus du milieu de la zone cible (2,6 %) en 2027. Ce taux de 2,6 %, comparé à celui de 2,5 % avancé en août, trahit tout de même une certaine "tension inflationniste" latente dans la quête du juste équilibre évoquée ci-dessus. Dans ses projections, la RBA table sur une nouvelle baisse des taux l’année prochaine, mais cela ne reflète que les anticipations actuelles du marché, et non une prévision de la banque. En soi, le cycle d’assouplissement de la RBA est resté limité (seulement trois baisses de 25 points de base entre février et août), mais la banque reconnaît elle-même que le point de départ (4,35 %) était relativement bas. La présidente, Michele Bullock, avoue en toute honnêteté qu’elle ne sait pas si la politique est de toute manière encore restrictive. Si l'on tient compte de tous ces facteurs (inflation plus élevée, marché du travail tendu, taux pratiquement à leur niveau neutre), on peut supposer que la RBA pourrait/devrait maintenir les taux inchangés, sauf en cas de mauvaises surprises du côté de la croissance.
Le dollar australien ne montre pas non plus de tendance claire pour le moment. Un taux neutre ne constitue en soi pas un grand soutien pour une devise sensible à la conjoncture comme l’Aussie. Ce printemps, la monnaie australienne a souffert des incertitudes commerciales, et a fortiori des tensions entre les États-Unis et la Chine, son principal partenaire commercial. L'Aussie a dans un premier temps moins profité de la correction générale du dollar américain comparé à d'autres devises comme l’euro. La situation s'est néanmoins rééquilibrée durant l'été. Actuellement, la paire EUR/AUD est coincée dans une fourchette étroite comprise entre, grosso modo, 1,75 et 1,82. Tant que le sentiment général vis-à-vis du risque demeure constructif, le dollar australien pourrait rester relativement fort, dans le bas de cette fourchette. Un peu plus loin, la zone EUR/AUD 1,7248/1,7050 constitue probablement un solide niveau de support (résistance pour l’Aussie).
EUR/AUD: dollar australien de nouveau en terrain neutre après un début d'année difficile. .