Powell envisage la fin du resserrement quantitatif
Hier, la Fed, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont comblé le vide laissé par le calendrier économique – plus précisément, par le shutdown américain qui dure depuis le début du mois. Leurs présidents et présidente respectifs ont pris la parole en marge de conférences organisées par la National Association for Business Economics, le FMI, la Banque mondiale et l’Institute of International Finance.
Bien entendu, le ou la responsable d’une banque centrale fait toujours l’objet d’un peu plus d’attention. Pour Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, c’est d’autant plus le cas qu’il a le pouvoir de trancher dans un comité partagé, à l’approche de la réunion de politique monétaire du 6 novembre. Mais à l’IIF, il n’a rien laissé paraître de ses intentions. Pour lui, des signes d’un affaiblissement du marché du travail étaient visibles dans le rapport d’hier. Il les oppose néanmoins au risque d’une inflation trop élevée. Dans sa mise à jour économique d’hier, le FMI a averti que l’inflation, actuellement de 3,8%, n’atteindrait l’objectif de 2% qu’à la fin de l’année prochaine. Il conseille à la BoE de faire preuve de prudence avec les abaissements de taux. Le marché adhère à cette analyse et ne s’attend à une prochaine étape qu’en février ou en mars de l’an prochain. Ceux qui connaissent un peu la réputation de Bailey comprendront notre scepticisme.
Quant au message de Powell, il était limpide. Le 29 octobre, la Fed poursuivra sur la lancée de son abaissement préventif de septembre (à 4-4,25%). Le président de la Fed a souligné la situation vulnérable du marché du travail, où un nouvel effondrement des offres d’emploi pourrait entraîner une hausse du chômage. Il tire cette conclusion des informations limitées et officieuses qu’il a reçues depuis septembre, tout en soulignant que le manque de données issues des canaux officiels complique de plus en plus l’analyse. Traduction: pour décembre, les intentions de la Fed ne sont pas encore claires. Nous misons sur un troisième abaissement. Powell a également évoqué la réduction progressive du portefeuille obligataire (resserrement quantitatif ou “QT”). Ce processus devrait s’arrêter dans quelques mois (en décembre?!). Avec le mécanisme de QT, la Fed éponge des liquidités du marché. Lors de l’épisode précédent en 2019, ce processus a contribué à créer des frictions sur le marché monétaire, le cœur des rouages financiers. Cette fois, la Fed veut éviter cela en adoptant une approche proactive. À cet égard, l’un des indicateurs qu’elle surveille de près est la quantité de réserves que les banques commerciales détiennent auprès de la Fed. D’environ 4 300 milliards de dollars, nous sommes passés à un peu moins d
e 3 000 milliards de dollars. Début 2023, l’influent membre du Conseil des gouverneurs de la Fed, Waller, a proposé de viser 10 à 11% du PIB comme objectif final. Au niveau du PIB d’alors, cela équivaut à environ 2 700 milliards de dollars.
Concluons avec Lagarde et la BCE. Dans un entretien avec CNBC, la présidente s’en est tenue au script de septembre: avec un taux directeur de 2%, la banque centrale est bien placée pour réagir aux circonstances (changeantes ou non), dans un sens comme dans l’autre. Lagarde n’exclut pas de nouvel abaissement de taux, mais il s’agit de la stratégie classique visant à “garder toutes les options ouvertes”, pas d’une indication pour l’avenir. Quoi qu’il en soit, l’euro ne s’y arrête pas. Le cours EUR/USD poursuit sa route vers 1,163. Une vague de soulagement déferle sur les actifs européens après que les socialistes français ont annoncé qu’ils ne voteraient pas contre Lecornu dans les deux motions de censure de demain. Même son de cloche du côté de l’autre parti faiseur de rois, Les Républicains – mais reste à voir si tout le monde sera d’accord.
Réserves détenues auprès de la Fed: atteignons-nous le point de basculement qui marquera la fin du resserrement quantitatif?