Trump ressuscite le thème du commerce international
Vendredi, le président américain Trump a rompu un silence radio de plusieurs mois sur le conflit commercial. Après une série d’accords entre les États-Unis et l’UE, entre autres, et l’armistice avec la Chine, le thème était passé à l’arrière-plan (en tout cas jusqu’au 10 novembre). Mais la semaine dernière, Trump a mal accueilli une série de mesures protectionnistes de la Chine, qui restreint notamment l’exportation de terres rares essentielles. Il a contre-attaqué sans attendre: ce seront 100% de droits de douane sur les marchandises chinoises, à compter du 1er novembre. La Chine a rapidement menacé de représailles. Nous revoici comme au printemps, quand les deux pays s’engageaient dans une escalade douanière qui avait de facto paralysé le flux de marchandises.
Deux jours plus tard, le ton s’est à nouveau adouci et l’administration Trump a fait savoir qu’elle était prête à négocier. Approche tactique ou tâtonnements erratiques? Nous n’en savons pas plus que vous. Ce qui nous intéresse surtout, c’est l’impact de la démarche de Trump sur les marchés financiers. Ces derniers mois, bercés par une volatilité quasi inexistante, les marchés d’actions et obligataires sont entrés en hibernation précoce. Le réveil a été d’autant plus brutal: vendredi, les bourses ont perdu jusqu’à 3,6% (Nasdaq). L’indice européen star (EuroStoxx50) a baissé de 1,7%. La dernière correction de ce calibre datait de début août, et avant cela, d’avril. Entre-temps, les bourses avançant en somnambule ont atteint de nouveaux records. Quant au capital avers au risque, il a été épongé par le marché des obligations d’État américaines (et allemandes), ce qui s’est traduit par une baisse des taux d’environ 10 points de base sur l’ensemble de la courbe américaine. Là encore, c’est l’un des principaux mouvements enregistrés ces derniers mois. La division au sein du conseil des gouverneurs de la Fed, ainsi que la non-publication des chiffres économiques en raison du shutdown du gouvernement américain ont pour effet de paralyser le marché des taux et de l’ancrer dans les fourchettes actuelles. En effet, cette semaine, nous n’aurons pas de taux d’inflation, ni d’aperçu du marché du travail via le nombre de demandes d’allocations de chômage, ni de chiffres d’affaires des commerces de détail américains. Pendant ce temps, la fin du cycle baissier de la BCE accule les taux européens dans une impasse similaire. Sur le marché des changes, le yen japonais a joué son rôle de valeur refuge, mais pas le dollar. La proximité des premiers niveaux de résistance après le rallye de la semaine dernière – USD/JPY 153,4, EUR/USD 1,1573, DXY 99,51 – a contribué à créer les conditions d’une correction plutôt limitée. Il reste remarquable qu’elle soit intervenue dans un contexte d’aversion au risque. Ou est-ce un signe des temps?
Pour la paire EUR/USD, tout cela ne suffit néanmoins pas à propulser l’euro vers les sommets récents au-dessus de 1,18. De fait, la politique française sape à nouveau la dynamique. Vendredi, après la clôture, le président Macron a nommé le nouveau Premier ministre: moins d’une semaine plus tard, Lecornu se succède à lui-même. Une nouvelle équipe est prête à faire adopter un budget pour l’année prochaine au parlement le plus vite possible. Pour respecter tous les délais légaux, ce devra être fait aujourd’hui ou demain. Or nous craignons pour la survie du cabinet Lecornu II. L’ancien parti au gouvernement Les Républicains ne participe pas à l’administration actuelle, ce qui est mauvais signe. Les extrêmes du spectre politique déposent d’emblée une nouvelle motion de censure. Celle-ci sera probablement votée mercredi. Le sort du gouvernement formé depuis trois jours est aux mains des socialistes. Le risque d’élections législatives anticipées reste élevé à nos yeux.
La politique française sape à nouveau la dynamique EUR/USD