Chiffres, budgets, shutdown et élections
Cette semaine, il se passe quelque chose sur le plan politique ou économique dans presque tous les coins du monde. Cela commence dès cet après-midi, au Royaume-Uni. Hier, le parti Labour a ouvert sa conférence annuelle. L’événement de deux jours se poursuit aujourd’hui et tout à l’heure, la ministre des Finances Reeves prononcera ce qui peut être considéré comme le deuxième discours le plus important de l’année. Elle expliquera la stratégie politique, assaisonnée de propositions politiques vagues mais ambitieuses. Quel en sera le coût? Et comment seront-elles financées: par des économies, l’impôt ou l’endettement? Ce sont des questions pour plus tard – plus précisément, pour le 26 novembre (Budget d’automne). Pourtant, c’est le sujet qui fâche. Labour est sous pression, à la fois du fait de sa propre base et d’UK Reform, le parti de Nigel “Brexit” Farage, que les derniers sondages classent à une quinzaine de sièges d’une majorité absolue. Au détriment de Labour, qui en perdrait pas moins de 267 (!) sur ses 411 actuels. Outre l’immigration, le public britannique s’inquiète de l’économie en berne, avec une inflation trop élevée. Mais la marge de manœuvre fiscale pour y remédier est nulle. Il faudra louvoyer, sous les yeux d’Argus du marché obligataire britannique. Une situation qui nous incite à la prudence structurelle vis-à-vis de la livre. Combien de temps la zone de résistance entre EUR/GBP 0,8738-0,8769 tiendra-t-elle?
En France aussi, la question budgétaire n’est jamais bien loin. Le Premier ministre Lecornu veut avoir formé son gouvernement début octobre. Alors seulement, le véritable travail commencera: faire passer un plan d’économies dans un parlement extrêmement divisé, sous la menace constante de votes de confiance. Cette semaine, l’Europe publiera aussi ses taux d’inflation. Des effets de base (techniques) pousseront probablement le chiffre principal au-dessus de 2%. Cela apporte de l’eau au moulin de la BCE, qui se positionne en faveur d’un statu quo prolongé pour le taux directeur, et incitera peut-être les 10% d’investisseurs qui s’accrochent à un abaissement supplémentaire cette année à revoir leur copie.
Les États-Unis se préparent à un nouveau bilan de santé économique mensuel. Après le nombre de postes vacants (JOLTS) demain, la confiance des entreprises de l’industrie manufacturière (ISM) suivra mercredi. Le point d’orgue tombera vendredi, avec l’ISM des services et le rapport officiel sur le marché du travail, ce dernier devant illustrer dans quelle mesure la Fed a raison de craindre un affaiblissement. Du moins, si le département qui en assure la publication ne doit pas mettre la clé sous la porte d’ici là: un arrêt des activités gouvernementales (“shutdown”) menace à partir du 1er octobre, le début du nouvel exercice fiscal. Une proposition des républicains visant à permettre une prolongation jusqu’en novembre a été adoptée à la Chambre, mais a été rejetée au Sénat, où le parti ne dispose pas de la majorité nécessaire de 60-40 (53-47). Les démocrates font pression, entre autres pour annuler les économies prévues dans les soins de santé. Au niveau des chiffres, il en faudra beaucoup pour que la Fed renonce au nouvel abaissement prévu d’ici exactement un mois.
Nous terminons au Japon, avec l’enquête Tankan ce mercredi. Peut-être moins connue du grand public, elle est pourtant d’une grande valeur pour le gestionnaire, la Banque du Japon, à l’approche de l’importante réunion de politique du 30 octobre. Les esprits s’agitent et cela se traduit par des appels de plus en plus forts en faveur d’un relèvement du taux directeur, qui est à 0,5%. Pour le yen, toute aide sera la bienvenue. Le cours EUR/JPY flirte avec des niveaux records aux alentours de 175. Samedi, la politique japonaise sera au premier plan avec la nomination par le parti au pouvoir, le PLD, d’un nouveau président qui deviendra donc d’emblée Premier ministre. Ce sera soit le plus jeune Premier ministre de l’histoire de l’après-guerre, soit la première femme à ce poste.
EUR/JPY: (les spéculations sur) un nouveau relèvement de taux par la BoJ pour repêcher le JPY?