Le marché monétaire de l’UEM rectifie le tir
Somme toute, l’économie européenne se porte plutôt bien. Ou du moins, cela aurait pu être pire. C’était le message des indicateurs de confiance PMI que nous analysions hier – et c’est également la position adoptée jeudi par la présidente de la BCE Lagarde, à la suite de la décision de politique. Rien de spectaculaire en soi, peut-être, mais une raison suffisante pour que les marchés monétaires européens rectifient le tir.
Comme prévu, la BCE a maintenu inchangé le taux d’intérêt de la facilité de dépôt à 2%. Lagarde a fièrement déclaré qu’il s’agissait d’une décision unanime. Après le “dernier” abaissement en juin, le taux directeur se situe désormais à un niveau considéré comme neutre, en adéquation parfaite avec l’inflation. Elle est tombée pile à l’objectif de 2%, et la BCE s’attend à ce que les mesures sous-jacentes, qui se situent encore au-dessus (inflation de base: 2,3% en juin, inflation des services: 3,3%), pourraient ralentir davantage. Dans un contexte d’incertitude accrue en raison du conflit commercial, l’économie reste globalement en bonne forme. Et cela place la BCE dans une position relativement confortable. Elle peut réagir aux nouveaux développements (tant positifs que négatifs) et ne doit plus anticiper. Quant au résultat possible des négociations commerciales entre les États-Unis et l’UE, Lagarde ne s’est pas formellement prononcée. Mais l’accord, quand il viendra, pourra éliminer une source d’incertitude importante, pour les consommateurs comme pour les entreprises. À moins que le tarif ne soit déraisonnablement élevé, ce sera probablement bon pour l’économie.
Quand on met tous ces éléments bout à bout, la BCE a de moins en moins de raisons d’abaisser le taux. Après la conférence de presse de la BCE, cette conclusion et la réaction du marché ont encore été renforcées par un entrefilet de l’agence de presse Bloomberg. Selon ces fameuses sources anonymes qui ne peuvent rien dire, les gouverneurs qui considèrent qu’il reste de la marge pour d’autres abaissements ne rallient pas grand-monde à leur point de vue.
Serait-ce donc non pas un report, mais la fin du cycle? Le marché a d’ores et déjà revu ses estimations. Jusqu’à hier, les investisseurs tenaient pour acquis un nouvel abaissement à 1,75% d’ici la fin de l’année. À présent, ils en sont beaucoup moins sûrs. Un abaissement en septembre est pratiquement exclu (15%). Et pour décembre? La probabilité n’est plus que de 50%. Hier, les taux swap européens ont grimpé à 6 points de base et poursuivent sur leur lancée ce matin (de nouveau +4 pb sur 2 ans). En cas d’accord commercial acceptable, le mouvement (plutôt 2% que 1,75%) se prolongera probablement.
L’euro n’a profité que temporairement de la hausse des taux à court terme de l’UEM hier. Il en faudrait apparemment un peu plus pour un nouvel assaut du sommet annuel (1,1829). À terme, nous nous attendons toutefois à ce que le dollar continue à s’affaiblir, dans le sillage de la pointe de vigueur cyclique de la monnaie unique. En premier lieu, il reste à voir si nous parviendrons à un accord commercial transatlantique (dans les prochains jours…) et quelle forme il prendra.
Le taux swap à 2 ans en euros rebondit. Le plancher se consolide de plus en plus