PMI européens encourageants pour le second semestre
Les indicateurs de confiance PMI mensuels doivent leur importance à leur caractère prédictif et au fait qu'ils sont au plus près de l'actualité. Mais de temps en temps, ils sont tout de même pris de vitesse, surtout à l’ère Trump. L’édition de juillet, parue ce matin, en est un bon exemple. Hier, le journal britannique Financial Times évoquait l'imminence d'un accord commercial entre les États-Unis et l’UE, avec un tarif à la japonaise : 15 %. Ce pourcentage correspond plus ou moins aux droits de douane déjà en vigueur aujourd'hui et ne changerait donc de facto quasiment rien à la relation commerciale. Compte tenu des circonstances, l'incidence de ce deal potentiellement favorable ne se manifestera que dans les prochains mois. Dans ce contexte, le rapport de juillet donne surtout un aperçu de la situation économique avant que ces effets ne se fassant ressentir.
Le tableau n'est guère réjouissant pour la France, avec un rapport plutôt déprimant. La hausse de l'indice PMI général, de 49,2 à 49,6, n'a que peu de signification au vu des détails peu encourageants tels que la contraction de la demande de biens et services français, la chute de la confiance pour l'année à venir et la diminution des effectifs. L’incertitude commerciale latente ne constitue qu’une partie de l’explication. Selon les enquêteurs, le plan d’économies proposé par le Premier ministre, François Bayrou, la semaine dernière pèse lourdement sur le sentiment. La situation est complètement différente en Allemagne. Si l'on se base sur le premier PMI de ce troisième trimestre (50,3, contre 50,4), l’économie y connaîtrait en effet une croissance "relativement solide". L’activité, tant dans l’industrie manufacturière que dans le secteur des services, s’accélère sous l’impulsion d’un carnet de commandes qui se remplit, même si toujours à un rythme modéré pour le moment. Dopé par le secteur des services, l’optimisme des Allemands pour l’année à venir a atteint son niveau le plus élevé depuis mai 2024. Et l'industrie n'a pas encore reçu le coup de pouce attendu. Dans ce contexte, nous ne nous inquiétons pas outre mesure d'une nouvelle vague de licenciements, qui ne sera sans doute que temporaire.
Ajoutez au scénario allemand les bons résultats enregistrés dans le reste de la zone euro et vous obtenez le meilleur PMI de l'année écoulée (51). Le bureau d’études parle d’une "croissance robuste" conditionnelle. Le nombre de commandes s’est stabilisé par rapport au mois précédent grâce au secteur des services, rompant ainsi avec une tendance de 13 mois consécutifs de baisse. La demande étrangère est certes encore sous pression, mais cela n’a pas empêché les entreprises européennes d’engager du personnel. Sans les fausses notes françaises et allemandes, la création d'emplois a même atteint son rythme le plus rapide en plus d’un an. La diminution des achats et la lenteur avec laquelle les stocks s'écoulent montrent toutefois que la reprise n'en est encore qu'à un stade précoce et précaire. Les entreprises de la zone euro, hors France, voient néanmoins de nouveau l'avenir avec optimisme. Leur confiance a grimpé à son niveau le plus élevé depuis février.
Sur le front de l’inflation, il y a de bonnes nouvelles pour la BCE. Les coûts de production se sont repliés à leur niveau le plus bas en neuf mois, si bien que le consommateur final ne ressent qu'une hausse "modérée" des prix. Cela n'empêchera pas Francfort d'opter pour le statu quo (2 %) cet après-midi. Pour cette première pause après une série ininterrompue de baisses, l'accent sera probablement mis sur le mois de septembre. Les nouvelles projections qui seront disponibles à ce moment-là permettront de mieux voir si l'heure est venue de procéder à une dernière réduction ou non. Avec l’imminence de l’accord commercial, celle-ci est moins à l'ordre du jour. Ce contexte économique et monétaire implique un solide plancher sous les taux européens et l’euro. Les taux poursuivent aujourd'hui leur élan haussier déjà observé hier. L’euro flirte quant à lui avec son sommet pluriannuel de juillet (EUR/USD 1,1829).
Support de plus en plus fort pour le taux swap à 2 ans européen.