La MNB maintient une politique serrée
Malgré l’incertitude commerciale, les devises d’Europe centrale, telles que la couronne tchèque, le forint hongrois et le zloty polonais, sont restées vaillantes ces derniers mois. C’est certainement en partie grâce à la politique prudente de leurs banques centrales respectives. Hier, la Banque nationale hongroise (MNB) a dû se prononcer. Voyons la situation de plus près.
Comme prévu, la MNB a laissé son taux directeur inchangé à 6,5%. La politique reste restrictive, ce qui est nécessaire, tant dans le cadre de la lutte contre l’inflation que pour assurer la stabilité financière. La MNB s’est fixé un objectif d’inflation de 3%, avec une marge de tolérance de ± 1 ppt. En juin, l’inflation est passée de 4,4% à 4,6%. Pourtant, plus tôt cette année, le gouvernement avait imposé une série de mesures (non conformes au mécanisme du marché) pour la faire retomber, notamment en contraignant le commerce de détail à limiter ses marges sur des produits essentiels. D’autres secteurs (télécommunications, financier) ont également accepté de limiter la répercussion des coûts sur le consommateur. Ces mesures restent en vigueur – bien que la MNB constate que les entreprises qui n’y sont pas sujettes continuent d’augmenter fortement leurs prix. La MNB espère que l’inflation retombera en dessous de la limite de tolérance de 4% au début de l’année prochaine, avant de renouer avec l’objectif de 3% en 2027.
Jusqu’à nouvel ordre, l’inflation élevée est un problème de coûts plutôt que la manifestation d’une croissance saine. Au premier trimestre, l’activité s’est contractée de 0,2%. Au deuxième trimestre aussi, la croissance modérée de la consommation était probablement à peine suffisante pour compenser la baisse (externe) de la demande de biens industriels et d’investissements. Mais en vue des élections législatives importantes l’année prochaine, le gouvernement voit d’un bon œil un soutien monétaire éventuel. En effet, la marge fiscale est pratiquement épuisée, avec un déficit budgétaire difficile à maintenir en deçà de 5%.
Outre (ou plutôt en parallèle à) la dynamique de l’inflation domestique, la stabilité financière reste un enjeu important de la politique de la MNB. Par le passé, le forint s’est montré très sensible à l’humeur des marchés. Ainsi, dans un contexte d’incertitude, le problème de l’inflation hongroise pourrait perdurer si la devise s’affaiblissait. La situation actuelle du commerce international était (et reste) donc une raison de plus pour la MNB d’attendre avant de procéder à de nouveaux assouplissements.
SI les États-Unis et l’UE parviennent à un accord commercial “acceptable”, et si l’inflation diminue, il est possible que la MNB relâche quelque peu sa politique serrée vers la fin de l’année. C’est donc un scénario hautement conditionnel! (Pour sa part, KBC anticipe un taux directeur de 6% de la MNB à la fin du T1 2026.) Pour le forint, la situation reste ambiguë. Si la MNB utilise sa marge de manœuvre monétaire pour soutenir l’économie, le forint perdra le soutien des taux. Cela suggère que même dans un scénario relativement favorable, un renforcement durable du forint vers EUR/HUF 395/390 ne coule pas de source. L’approche des élections législatives l’année prochaine ajoute une dose d’incertitude qui va dans le même sens.
EUR/HUF: le forint conserve le soutien des taux d’intérêt.