La CNB opte pour la simplicité et la logique

Outre l’orthodoxie, la banque centrale tchèque (CNB) incarne souvent aussi la simplicité et la logique. C'est ce que nous avons pu une nouvelle fois constater hier dans la décision de politique du mois de juin.Le taux directeur est maintenu à 3,5 %. La CNB résume son raisonnement en quatre lignes. Nous le faisons pour vous en une : l’inflation est trop élevée et il n'y a donc pas de place pour un abaissement de taux.
Selon la CNB, l’inflation (2,4 % en mai) restera dans la partie supérieure de l’objectif (2 % +/- 1 pp) jusqu'à la fin de l'année. En mai, un baromètre des prix sous-jacent, qui ne tient pas compte des valeurs extrêmes et des composants volatils, s’est même approché du plafond (2,8 %). La banque centrale craint que la situation ne s'améliore pas vraiment dans les prochains mois et pointe du doigt le secteur des services. L’inflation dans celui-ci reste à des niveaux élevés (4,6 %), en raison d’une spirale entre croissance de la consommation des ménages et hausse des salaires qui s'auto-alimente. La reprise du marché résidentiel et, par conséquent, l’augmentation des charges locatives viennent aussi jeter de l'huile sur le feu. Pour la CNB, le statu quo était une évidence. La banque avait encore réduit ses taux en février et en mai, à chaque fois avec de nouvelles projections à sa disposition. Le gouverneur de la CNB, Aleš Michl, a laissé le doute planer le doute quant à une éventuelle baisse à la mi-août, mais la longue liste de risques inflationnistes parle d’elle-même : de la forte croissance des salaires et de l’inflation des services, à la reprise plus rapide du marché résidentiel, en passant par une politique budgétaire expansionniste. À cela s’ajoute le fait que le taux directeur flirte depuis le dernier assouplissement avec des niveaux qui soutiennent la croissance. Vu les circonstances (croissance de 0,8 % au premier trimestre), cela n'est pas nécessaire. Pour certains membres du Comité Kubicek, par exemple), il n'aurait même pas fallu réduire les taux en mai.
La simplicité et la logique ont débouché sur un signal clair : la CNB a quasiment épuisé toutes ces cartouches. Une dernière intervention serait encore possible pour la forme, mais pas avant (loin dans) le quatrième trimestre et à condition que la Fed reprenne le cycle de normalisation plus tard dans l’année.
L'approche de la CNB est sans aucun doute l'un des principaux facteurs à la base de la bonne performance de la monnaie tchèque. Les différentiels de taux (avec la zone euro et la BCE, par exemple) rendent la couronne attrayante pour les investisseurs. Le cours EUR/CZK a démarré 2025 aux alentours de 25,2 et teste actuellement ses planchers annuels autour de 24,74. Une rupture sous ce seuil ouvrirait la voie vers 24,64 (correction de 38,2 % sur la hausse observée entre 2023 et 2024), puis 24,46 (plus bas de 2024). Outre un contexte monétaire favorable, la monnaie bénéficie aussi de soutien sur les plans financier et économique. À la recherche d'alternatives au dollar, les investisseurs se tournent notamment vers l’Europe centrale, et en particulier vers la République tchèque, qui présente les meilleures lettres de noblesse. L’économie tchèque tient bon pour le moment grâce aux consommateurs. Et si l'industrie est toujours affectée par le malaise (allemand), elle commence doucement à montrer des signes de reprise. C’est ce qui ressort notamment des indicateurs de confiance (indicateurs PMI, par exemple). Les étoiles sont donc bien alignées pour la couronne. Avec évidemment une nuance très importante : le résultat des négociations commerciales entre les États-Unis et l’Europe. Le verdict tombera le 9 juillet.
EUR/CZK : étoiles bien alignées pour la couronne tchèque.
