Le président de la NBP se la joue solo

Les décisions de politique de la banque centrale polonaise (NBP) se résument de plus en plus à un one-man-show de son président, Adam Glapinski. Personne n'a remis en question la décision sur les taux d'intérêt (inchangés à 5,75 %), et personne n'a même pris la peine de détecter les changements opérés au sein du comité de politique générale. Ces derniers mois, Glapinski a pris l'habitude de se la jouer solo lors de la conférence de presse du lendemain. Cela a encore été le cas cette fois-ci.
À une nuance importante près. Cette fois-ci, les modifications dans la déclaration ne concernent pas uniquement des points et des virgules. Le président de la NBP s'en est servi comme d'un tremplin pour son discours. Ainsi, la valeur du zloty polonais n’est constitue plus un problème (désinflationniste). En outre, la référence à l’impact modérateur du ralentissement de la croissance à l'étranger et du recul de l’inflation extérieure sur l’inflation polonaise a disparu du communiqué. Et si les prix de l’énergie étaient jusqu’à présent une source d’incertitude, ils constituent désormais l’une des raisons pour lesquelles l’inflation restera plus longtemps au-dessus de l’objectif de 2,5 % (+-1 ppt) de la banque centrale.
Au tour ensuite de Glapinski. Pour une troisième session de questions-réponses consécutive, ce dernier a modifié la/sa date du début des discussions autour de des baisses de taux. De mars 2025 en novembre et octobre 2025 en décembre, à 2026 vendredi dernier. Pendant ce temps, les journalistes présents se sont vus servir un tableau non représentatif des intentions de politique de la banque centrale. Ce n'est jamais une mauvaise idée de faire son propre examen de conscience lorsque l'on jongle avec les prévisions d’inflation indépendamment du cycle de mises à jour de la banque centrale (mars, juillet, novembre). Ainsi, le président s’attend à ce que l’inflation s'accélère et renoue avec son rythme actuel de 4,7 % en glissement annuel à la fin de l’année si le gouvernement suspend ses subsides énergétiques à la fin du troisième trimestre. Il met aussi fortement l’accent sur les risques d’inflation à la hausse. Plus l’inflation se maintiendra au-dessus de l’objectif de 2,5 %, plus l’incidence sur les anticipations d'inflation des consommateurs, des entreprises et des investisseurs sera importante. La résolution de Glapinski pour cette nouvelle année est de limiter les orientations pour l'avenir. Généralement, ce genre de bonnes résolutions durent de trois semaines à trois mois…
Parmi les neuf membres du comité de politique polonais, ils sont de plus en plus nombreux (Kotecki, Wnorowski, Tyrowicz) à rappeler Glapinski à l'ordre. Ces derniers sont d'accord sur le fait que la réunion de mars arrivera trop tôt, mais ils prévoient en revanche des baisses de taux au second semestre, après les élections présidentielles. Ce n’est pas un hasard s’il s’agit surtout de membres nommés par le Sénat, où l’ancien gouvernement PiS n’est pas majoritaire. Le président polonais, le parlement et le sénat décident chacun de trois nominations au sein de la banque centrale. Ce n'est un secret pour personne que les fidèles du PiS s'opposent toujours vigoureusement au gouvernement du Premier ministre, Donald Tusk (au pouvoir depuis fin 2023). Qui est en possession d’une carte du parti PiS ? Le président de la NBP et le président de la république, Andrzej Duda. Si, à l’approche des précédentes élections législatives, Glapinski avait opéré une fuite en avant en procédant rapidement à une série de baisses de taux destinées à soutenir la croissance, il a clairement fait volte-vace après le changement de pouvoir et a de nouveau placé la stabilité des prix comme l'unique priorité de la NBP. Le zloty polonais reste donc fort et teste à nouveau la solide zone de support autour de EUR/PLN 4,25. Une amélioration générale du sentiment global sera nécessaire pour provoquer une éventuelle rupture à la baisse.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC
Le cours EUR/PLN teste le solide niveau de support autour de 4,25.
