Trump échauffe les esprits

À 18 h, heure européenne, le moment sera venu: l’investiture du nouveau président américain. Trump 1.0 avait été une rupture de style, c’est le moins qu’on puisse dire; et à en croire sa rhétorique, on peut en attendre tout autant de Trump 2. Au-delà des paroles, c’est un homme d’action. Les ‘executive orders’, ou décrets présidentiels, permettent au président des États-Unis d’agir rapidement sans passer par le Congrès. Comme il ne s’agit pas de lois, son successeur peut aisément les abroger, et c’est ce que Trump prévoit de faire pour une partie des 162 décisions prises par Biden. Cela fait partie des quelque 100 décrets qu’il a l’intention de signer dès son premier jour. Ainsi, Trump se prépare à battre un record en quatre décennies – qu’il détenait lui-même depuis son mandat précédent, où il avait promulgué des décrets en moyenne 55 fois par an. Les 100 premières décisions qu’il souhaite prendre couvrent un large éventail de sujets, de la politique frontalière à l’énergie, en passant par l’efficacité de l’administration publique et TikTok. En revanche, nous ne sommes pas certains que Trump mettra d’emblée en œuvre des droits d’importation (à l’encontre de l’Europe): en effet, son équipe travaille encore à un plan d’approche en coulisses. Du point de vue tactique, la simple menace de l’imposition de tarifs douaniers renforce pour l’instant la position de négociation des États-Unis.
Vu la grande diversité des thématiques que Trump entend aborder dès son premier jour, la réaction des marchés est imprévisible. Et comme ce 20 janvier est un jour férié (Martin Luther King Day), les investisseurs américains reçoivent un jour de réflexion supplémentaire. La longue période d’attente jusqu’à l’investiture a été marquée par la domination du dollar et une hausse marquée des taux américains. À ce stade, nous ne voyons pas de raisons d’aller à contre-courant du ‘Trump Trade’ le jour même de son accession à la présidence.
L’investiture de Trump fait de l’ombre au restant du calendrier économique de cette semaine. Cependant, l’édition annuelle de cinq jours du Forum économique mondial commence aujourd’hui à Davos. Même sans être physiquement présent, Trump est le sujet de discussion numéro un. Le rassemblement d’autant de politiciens, de décideurs et d’entrepreneurs de premier plan offre toujours l’opportunité d’interviews en marge de l’événement et de citations juteuses. Par ailleurs, les banquiers centraux de la Norvège et du Japon se réunissent cette semaine. Jeudi, la Norges Bank reportera probablement un premier abaissement (taux actuel: 4,5%) à mars. La Banque du Japon envisage quant à elle un troisième abaissement (de 0,25%), mais un regain de volatilité provoqué par Trump pourrait lui faire changer d’idée d’ici vendredi. Ce vendredi également, nous nous préparons au bombardement mensuel de données PMI. L’économie européenne patauge depuis un bon moment. Si le Vieux Continent a évité la récession, les marchés n’ont toujours pas de perspectives concrètes de relance à se mettre sous la dent. Cela fait des mois que les analystes n’osent pas dévier du statu quo. Enfin, le Royaume-Uni aussi méritera toute notre attention: les données britanniques publiées la semaine dernière ont clairement indiqué que le pays est plus européen qu’américain, et les investisseurs en GBP commencent à s’en rendre compte. Le cours EUR/GBP se négocie autour de 0,847, contre < 0,83 au début du mois. Sans réaction du marché de l’emploi britannique demain et des indices des directeurs d’achats vendredi, cette tendance est appelée à se poursuivre. En cas de rupture du cours EUR/GBP de 0,847/0,85, le prochain indicateur technique se situera autour de 0,862.
Dollar pondéré des échanges commerciaux (DXY): le Trump Trade se poursuit
