À la recherche de bonnes nouvelles pour la livre

Dans un contexte difficile pour les actifs britanniques, y compris la livre, la matinée a été marquée par la publication du rapport sur l’inflation du mois de décembre . Depuis quelques semaines, le marché s’inquiète surtout de la viabilité des finances publiques britanniques. La politique budgétaire de soutien à la croissance du gouvernement travailliste n’est que partiellement financée par une augmentation des recettes, provenant en outre principalement de charges sociales plus élevées. Les récents indicateurs britanniques font état d'un net recul de la confiance des entreprises et d'un ralentissement de la baisse de l’inflation. Les marchés obligataires britanniques se sont retrouvés sur une pente glissante. Les taux, ou plus encore, les primes de risque, ont augmenté. Autre effet secondaire défavorable : le renchérissement des charges d'intérêts réduit encore la marge de manœuvre déjà restreinte de la ministre britannique des Finances, Rachel Reeves. La hausse des taux d’intérêt, comme reflet des incertitudes et de la prime de risque, pèse sur la livre sterling. La monnaie britannique a logiquement reculé face au dollar tout puissant, mais elle a aussi cédé du terrain par rapport à un euro pourtant peu fringant. Il y a un mois, la livre « menaçait » encore de se renforcer et de passer sous le seuil de support de EUR/GBP 0,82. Depuis, le cours a aisément atteint la barre de 0,84+.
Les chiffres de l'inflation de décembre ont donc été publiés. Celle-ci a ralenti plus fortement que prévu au cours du dernier mois de l'année passée. L’inflation générale s'est ainsi établie à 0,3 % en glissement mensuel et à 2,5 % en glissement annuel (par rapport à 2,6 %). C’est surtout la baisse plus rapide que prévu de l’inflation de base (de 3,5 % à 3,2 %) et de l’inflation des services (de 5 % à 4,4 %) qui a permis à la Banque d’Angleterre (BoE) de pousser un ouf de soulagement. Le marché avait revu à la baisse ses prévisions concernant les assouplissements de la BoE pour cette année, de 75 points de base (pb) en cumulé à seulement 25 pb, en raison de l’inflation élevée et tenace, de la politique budgétaire stimulante et des tensions sur le marché. Depuis ce matin, l'espoir est de nouveau permis. Les rendements obligataires britanniques affichent une baisse de près de 12 pb sur la partie courte de la courbe (2 ans). Le marché estime de nouveau qu'il y aura de la place pour deux réductions de taux de 25 pb cette année. Et même une autre coupe début février est subitement à nouveau considérée comme possible (probabilité de 85 %).Une bonne nouvelle donc pour la BoE et Rachel Reeves, mais quid pour la livre ?
Le marché hésite. Nerveux, le cours EUR/GBP fluctue dans un sens puis dans l'autre, mais continue tout de même d'osciller autour de 0 843. Nous comprenons la réaction du marché. L’ADN (de soutien à la croissance) de la BoE est dans tous les esprits. Malgré un contexte inflationniste toujours compliqué, trois des neuf membres du conseil avaient déjà voté en faveur d'une nouvelle baisse des taux de 25 pb en décembre.La bonne nouvelle parue ce matin à propos de l’inflation en fera sans aucun doute réfléchir d'autres. Dans un contexte où les prévisions d’assouplissement de la Fed et de la BCE sont pour le moment plus ou moins ancrées, l'accélération des réductions de taux de la BoE n’aidera pas la livre. Même si la prime de risque budgétaire se stabilise, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle, la monnaie britannique risque à présent de perdre le soutien des taux réels. D’un point de vue technique, le cours EUR/GBP s’approche du niveau de résistance de 0,8463. En cas de rupture, la paire de devises pourra de nouveau s'installer dans la zone comprise entre 0,84 et 0,86+ (voir graphique).
EUR/GBP : la livre reste sur la défensive, malgré (ou grâce à ?) une inflation plus faible que prévu.
