Scénarios d’inflation différents en République tchèque et en Hongrie

À peine un chiffre d’inflation après la première pause observée dans son cycle d'assouplissement et la banque centrale tchèque (CNB) ouvre, par la voix de sa vice-présidente Eva Zamrazilová, à nouveau la porte à un taux directeur légèrement plus bas en ce début d'année. Plus qu'un signe d'inconstance de la part de la CNB, cette sortie en dit surtout long sur l'évolution générale des anticipations du marché qui, depuis la dernière réunion de la Fed de l’année passée, sont passées d’une baisse progressive des taux à une vigilance accrue face à une résurgence de l'inflation.
L’inflation tchèque s'est repliée de 0,3 % sur une base mensuelle en décembre, alors que le marché tablait sur une hausse de 0,1 %. Le chiffre annuel a pour sa part atteint son niveau le plus élevé depuis décembre 2023 (3 %), mais demeure également inférieur à celui attendu par le marché et, surtout, la CNB (3,3 %). Ce sont surtout les prix alimentaires qui expliquent cette différence, même si l’inflation de base sous-jacente (2,3 % au lieu de 2,4 %) est également ressortie légèrement en dessous des attentes. La hausse sous-jacente des prix des services (5 % en glissement annuel) demeure une source de préoccupation. Les commentaires de la CNB ont aidé à au moins équilibrer davantage les attentes du marché concernant la réunion de février. Pour rappel, la CNB a voté, en décembre, à 5 contre 2 en faveur d'un statu quo en matière de taux. Deux des sept membres préconisaient déjà à ce moment-là une réduction de taux de 25 pb (à 3,75 %) afin de donner un peu plus d’oxygène à l’économie. En principe, la CNB ne devrait pas faire plus que du « finetuning » étant donné qu'elle considère le taux neutre (estimé à 3,5 %) comme un plancher aussi longtemps que l’inflation (sous-jacente) restera structurellement supérieure à l’objectif d’inflation de 2 %. Le chiffre du PIB du quatrième trimestre (31 janvier) et le rapport sur l’inflation de janvier (6 février) sont deux statistiques qui pèseront aussi dans la balance lors de la la prochaine réunion de la CNB (7 février). La couronne tchèque perd du terrain depuis hier. Le cours EUR/CZK est passé de 25,05 à 25,25, mais reste confortablement installé dans sa fourchette de fluctuation. Le prochain important seuil de résistance se situe à EUR/CZK 25,50.
En Hongrie, la pièce est tombée de l’autre côté. L’inflation hongroise a augmenté plus que prévu (de 0,5 % en glissement mensuel à 4,6 % en glissement annuel). La limite supérieure de la marge de tolérance de 1 % autour de l’objectif d’inflation de 3 % de la banque centrale hongroise (MNB) a donc été dépassée pour la première fois depuis juillet. Les chiffres d’inflation de base sous-jacente des banques centrales avoisinent ou dépassent les 5 % en glissement annuel. Cette dynamique inflationniste maintient la pression sur la banque centrale hongroise, surtout dans un contexte de durcissement des conditions financières, pour qu'elle conserve un taux directeur restrictif. La faiblesse de la monnaie hongroise depuis octobre met la MNB hors jeu avec un taux directeur de 6,5 %. À EUR/HUF 412,50, le forint reste dos au mur et continue donc de limiter les options de politique de la banque centrale. Seul un retour en dessous de EUR/HUF 400 offrira à nouveau à la MNB un peu plus de marge de manœuvre. Dans le contexte global actuel, cela ne devrait selon nous pas arriver de si tôt.
EUR/CZK : la couronne perd du terrain après les chiffres de l'inflation et les commentaires de la CNB.
