Le dollar montre des premiers signes de vie
Quand le cours de change EUR/USD va-t-il enfin sortir de sa léthargie ? La question brûle les lèvres de nombreux observateurs. Depuis le début de l’été, la volatilité de la paire de devises la plus négociée au monde est tombée à des niveaux historiquement bas. À l’exception des brefs spasmes aux environs de la réunion de politique de la Fed en juillet et septembre, le marché oscille entre, grosso modo, 1,1550 et 1,1750. Cela fait donc déjà… quatre… mois.
Mais… il y a un mais. Et pas seulement un mais. Il y a aussi un espoir. Un espoir certain. Un espoir certain de voir ce calme perturber dans un avenir proche. De premiers timides signes montrent que le dollar peut et veut reprendre les commandes. Plusieurs développements ont joué en faveur du billet vert cette semaine. Pour commencer, le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, s'est clairement dissocié des attentes du marché selon lesquelles une nouvelle baisse de taux était d'ores et déjà acquise en décembre. Le marché estime désormais cette probabilité à 65 %, contre 100 % mardi soir. Grâce à l’intervention de Powell, l'absence de données aux États-Unis n'a plus le même effet sur le marché. Entre les réunions de politique de septembre et octobre, ce manque de chiffres a été considéré comme une porte ouverte à une poursuite des assouplissements dans une optique de gestion des risques. À partir de maintenant et jusqu’en décembre, ce vide sera précisément vu comme la raison de ne plus rien faire. Jusqu’à ce que de nouvelles statistiques plaident en faveur de nouvelles réductions de taux. Il y a aussi la rencontre entre les présidents Trump et Xi Jinping, à laquelle le président des États-Unis a octroyé la note de 12/10 minimum. La date butoir de la trêve commerciale a ainsi été prolongée d'un an et les deux parties ont mis de l'eau dans leur vin. C'est surtout le dollar qui risque le plus d'une guerre commerciale totalement débridée (un embargo de facto) entre les grandes puissances économiques. Enfin, le sentiment général vis-à-vis du risque s'est légèrement apaisé au cours des dernières 48 heures, après une détérioration généralisée en début de mois.
À côté de la partie dollar de l'équation, les autres grandes monnaies doivent également faire face à leurs propres démons. Le yen japonais en est l’exemple le plus parlant. En plus du nouveau vent politique qui souffle sur le pays, la Banque du Japon a décidé hier de tester encore davantage la patience du marché par rapport à un éventuel nouveau relèvement de taux. Le cours USD/JPY a dans ce contexte franchi le seuil de résistance de 153,27 en direction de 154,50, atteignant ainsi ses niveaux les plus élevés depuis février. Nous nous sommes déjà penchés sur la relation entre les attentes de la Banque d’Angleterre et la livre sterling cette semaine. À cela s'ajoute le fait que le débat budgétaire britannique prend de l'ampleur. Cette semaine, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a refusé de réitérer ses promesses électorales concernant certaines hausses d’impôts. Une décision indispensable pour maintenir les finances publiques à flot, mais un coup fatal pour une croissance britannique déjà chancelante. Le cours GBP/USD teste un niveau de support technique extrêmement important à 1,3140 (ligne de cou de plusieurs sommets et reprise de 38 % sur la hausse de 2025). Enfin, il y a l'euro. La monnaie unique européenne ne pourra pas poursuivre la tendance haussière observée au premier semestre par ses propres moyens. Le coup de pouce budgétaire (Allemagne/défense) se fait attendre plus longtemps que prévu, alors que la crise politique en France s’est certes calmée, mais est encore loin d'être réglée. Le cours EUR/USD teste les niveaux les plus bas du mois, à 1,1542/43. Une rupture ouvrirait rapidement la voie vers 1,1392. Il n’est donc pas surprenant que l’indice du dollar pondéré par les échanges commerciaux (DXY) ait également atteint ses sommets d’octobre (99,56).
Le scénario est écrit, reste la mise en œuvre.
Dollar pondéré des échanges commerciaux (DXY) : fin de l’impasse