Peu de temps pour se réjouir

Le Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahou, a confirmé ce matin le cessez-le-feu que le président américain, Donald Trump, avait déjà annoncé cette nuit via son réseau social, donnant au conflit le nom de "guerre des 12 jours". L’Iran avait pour sa part déjà officiellement donné son accord, à condition qu’Israël mette fin à son offensive. Malgré quelques escarmouches encore rapportées, les marchés ont réagi avec soulagement hier soir et ce matin. Le pire a été évité. Pas vraiment beaucoup de temps pour se réjouir toutefois. Plusieurs échéances importantes nous attendent au cours des deux prochaines semaines.
Le prix du pétrole a été le principal baromètre des tensions au Moyen-Orient ces deux dernières semaines. Le prix du baril de Brent a grimpé légèrement au-dessus de 80 dollars après l’attaque américaine, avant de reprendre la direction des 70 dollars. Le mouvement de recul a démarré lorsqu'il est apparu que les représailles iraniennes s'étaient "limitées" à une attaque de missiles (tous interceptés) contre une base américaine au Qatar. L’absence de blocage du détroit d’Hormuz a été le prélude à une désescalade. Parallèlement, la chute du prix du pétrole a marqué un rebond sur les bourses américaines (+1 %), qui se poursuit ce matin en Europe. Elle a également donné un second coup au dollar. Verdict ? Le cours EUR/USD est retombé à 1,16 après avoir démarré autour de 1,1450. Le premier coup était venu de la vice-présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), Michelle Bowman. Tout comme son collègue Christopher Waller, celle-ci n’exclut pas un abaissement de taux en juillet. Les colombes monétaires restent minoritaires au sein de la Fed, mais elles se font de plus en plus entendre. Si les droits de douane ne provoquent pas de flambée inflationniste, la probabilité que la Fed réduise ses taux en septembre afin de soutenir de la croissance deviendra de plus en plus grande. Le marché n'a pas tardé à réagir. Hier, la partie courte de la courbe des taux américaine a perdu environ 10 points de base et a entraîné le billet vert avec elle. Nous maintenons notre stratégie "buy-the-dip" sur la paire EUR/USD, avec le plafond de 2021 (1,2349) comme objectif à moyen terme.
Maintenant que les tensions sont un peu retombées dans le conflit, le marché doit rapidement se recentrer. Les rendez-vous importants vont se succéder à un rythme soutenu. Ce matin, le gouvernement allemand a approuvé le budget de l’année prochaine. Demain, le chancelier, Friedrich Merz, le présentera au parlement, avant de prendre la direction du sommet de l’OTAN. Dans les deux cas, il s'agit d'augmenter et d'accélérer les dépenses budgétaires. La part de la nouvelle dette à financer passera progressivement de 82 milliards d'euros cette année à 126 milliards d'euros en 2029, pour dépasser 500 milliards d'euros au total. L’agence de la dette allemande sait ce qu’il lui reste à faire. Elle a déjà adapté ses plans d’émission pour le troisième trimestre. Elle veut lever 81,5 milliards d'euros au lieu des 66,5 milliards prévus précédemment, via des obligations à long terme. Les taux longs européens affichent aujourd'hui une hausse allant jusqu’à 9 points de base, signe d'un nouvel accroissement de la prime de risque (de crédit).
Le thème budgétaire est aussi toujours d'actualité aux États-Unis. Le Sénat prépare le vote de sa version adaptée du "Big Beautiful Bill" de Trump. Ensuite, les deux chambres du Congrès peaufineront les derniers détails, toujours avec l'intention de déposer le budget pluriannuel sur le bureau du président avant le jour de l'Indépendance des États-Unis, le 4 juillet. D’autres thèmes vont également dominer l'actualité cette semaine et la suivante : un dialogue avec la présidente de la BCE Christine Lagarde, le président de la Fed Jerome Powell, le patron de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey et le chef de la Banque du Japon Kazuo Ueda au forum de la BCE à Sintra (le 2 juillet), les payrolls américains (le 3 juillet) et la fin imminente de la suspension des droits de douane (le 8 juillet).
Le prix du baril de Brent en baromètre de la désescalade.
