Perspectives économiques pour l' Europe centrale et orientale
Le secteur automobile reste un sujet de préoccupation pour les économies d'Europe centrale et orientale
Nous avons déjà souligné le risque associé à la faiblesse des performances industrielles dans notre numéro de décembre. Depuis lors, une nouvelle série de chiffres industriels médiocres a été publiée dans plusieurs pays d'Europe centrale et orientale. La production industrielle tchèque a baissé de 0,3 % en glissement mensuel et de 2,7 % en glissement annuel en novembre, ce qui est inférieur à notre estimation (-2,5 %) et aux attentes du marché (-1 %). La production industrielle hongroise en novembre était inférieure de 1,6 % au niveau d'octobre. La performance du secteur a chuté au cours de sept des neuf derniers mois, ce qui signifie que la tendance à la baisse de plus de deux ans n'a pas été rompue. En outre, les chiffres polonais corrigés des variations saisonnières ont montré un déclin industriel de 2,8 % d'un mois sur l'autre.
Le principal problème reste l'affaiblissement de la demande extérieure, qui reflète à la fois la faiblesse cyclique de l'activité mondiale d'investissement et les problèmes structurels de l'économie allemande voisine, comme le confirme, par exemple, la dernière série d'indices PMI. En Pologne, en Hongrie et en République tchèque, les derniers mois ont également révélé des baisses de production dans le segment automobile, important pour la région (voir figure CEE 1).
Dans une perspective à long terme, le secteur automobile tchèque semble toujours en relativement bonne santé, affichant des niveaux de production nettement supérieurs à ceux de 2019, des obstacles à la demande relativement faibles (voir figure CEE 2) et une utilisation élevée des capacités (voir figure CEE 3). Pour l'instant, les équilibres financiers serrés des fournisseurs automobiles tchèques n'ont pas entraîné de perturbations majeures de la production. La situation peut s'aggraver car l'incertitude complique les plans d'investissement des fournisseurs pour passer des moteurs à combustion à la production de VE/BEV. En outre, les fonds disponibles pour l'investissement et la restructuration dans le segment automobile pourraient être réduits par les amendes européennes imposées aux producteurs de moteurs à combustion (ce qui est le cas pour l'ensemble de la région des PECO).
Dans le même temps, la production automobile hongroise pourrait être stimulée par de nouvelles grandes capacités de production, comme celles de BMW ou BYD. Au contraire, les producteurs hongrois pourraient être davantage touchés par les droits de douane sur les exportations de voitures vers les États-Unis. Comme le montre notre modèle simple d'entrées-sorties, la sensibilité de l'industrie automobile hongroise à la demande américaine est environ deux fois plus importante que celle de la République tchèque et de la Pologne.
Du point de vue du PIB, l'incertitude dans le secteur automobile reste un défi majeur, en particulier pour la République tchèque, où la part du secteur automobile dans la valeur ajoutée est d'environ 4,5 % et, si l'on inclut la production associée, cette part passe à plus de 7 %. En Hongrie, elle est proche de 3 %, tandis qu'en Pologne, l'impact du secteur automobile sur l'économie globale reste assez faible (avec une part d'environ 1,5 %). Les données industrielles et automobiles les plus récentes représentent un risque, principalement pour nos perspectives du PIB tchèque, où nous supposons une légère accélération de la reprise économique dans les trimestres à venir.