Dimanche d'élection en Pologne

Ce dimanche, les Polonais se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Andrzej Duda, le président actuellement en exercice, ne peut pas se représenter après son double mandat de cinq ans. Duda est membre du parti Droit et Justice, le PiS, actuellement dirigé par Karol Nawrocki. Selon les sondages les plus récents, ce dernier obtiendrait un score d’environ 25 % lors du scrutin. Nawrocki est le principal concurrent de Rafal Trzaskowski, le candidat de la Plateforme civique du Premier ministre actuel, Donald Tusk. Le maire de Varsovie est en tête des sondages (32 %) mais n’obtiendra probablement pas les 50 % nécessaires pour passer au premier tour. Au second tour (prévu le 1er juin), les sondages d'opinion donnent Tzraskowski vainqueur (54 %, contre 38 % pour Nawrocki).
Ces élections présidentielles offrent à la Pologne la possibilité de clore complètement le chapitre PiS. Ce parti conservateur de droite s'est souvent retrouvé en conflit avec l’Union européenne, souvent sur des questions morales et juridiques. Ce qui a poussé l'UE à fermer le robinet financier. Après 8 ans de politique PiS, le parti a dû s'incliner face au bloc d’opposition pro-européen de Tusk lors des élections législatives d’octobre 2023. Les premières initiatives politiques de ce dernier ont alors visé à renverser les décisions les plus controversées du PiS, dans le but de débloquer les +/- 140 milliards d'euros de fonds européens. C’est là que le pouvoir du président polonais, et donc l’importance du scrutin de dimanche, apparaît au grand jour. Duda a jusqu'à ce jour systématiquement utilisé son droit de veto pour bloquer certaines des réformes juridiques fondamentales exigées par l’UE.
Les pouvoirs du président polonais sont certes moins étendus que, par exemple, ceux du président français, mais son rôle est loin d'être simplement symbolique. Lorsque le président et le parlement n'ont pas les mêmes orientations politiques, comme c’est le cas aujourd’hui, élaborer des politiques est beaucoup plus complexe. Après dimanche ou, plus probablement, le 1er juin, tous les cadrans pointeront probablement dans une même direction pro-européenne. Sur le plan extérieur, cela signifie que la Pologne jouera un rôle de premier plan au niveau de l’OTAN et de la défense. Sur le plan intérieur, cela signifiera avant tout un accès complet aux fonds européens bloqués.
En principe, ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour l’économie. Les chiffres de croissance pour le premier trimestre (publiés hier) se sont déjà avérés nettement meilleurs que prévu (0,7 % en glissement trimestriel). La semaine dernière, la banque centrale a abaissé son taux directeur de 50 points de base pour la première fois depuis fin 2023. A-t-elle été trop vite en besogne ? Depuis lors, la communication des responsables monétaires part dans tous les sens. Certains plaident en faveur d’une nouvelle baisse importante en juillet, d'autres veulent garder toutes les options ouvertes et d'autres encore prônent la prudence. Face aux récents développements internationaux (États-Unis-Chine) et aussi ceux qui auront lieu dans un avenir proche (élections), nous plaidons également en faveur d’une posture attentiste. Cela crée un plancher solide sous le zloty polonais, proche de EUR/PLN 4,30. Un retour de la devise à son sommet pluriannuel de fin février (EUR/PLN 4,127) ne semble pour le moment pas réaliste. Mais nous ne l’excluons pas dès qu'il y aura une perspective claire de paix et de reconstruction en Ukraine.
Plancher solide sous le zloty polonais aux alentours de EUR/PLN 4,30.
