La RBNZ accélère son virage politique
Aujourd’hui, la Reserve Bank of New-Zealand (RBNZ) a abaissé son taux directeur de 50 points de base à 4,75%. Elle poursuit ainsi le virage politique qu’elle avait amorcé en août avec une première baisse des taux de 25 pb. Dans le rapport trimestriel portant de nouvelles perspectives, les pièces du puzzle sont ‘soudain’ tombées en place cet été: on a même l’impression que la RBNZ s’est un peu effarouchée et a craint d’avoir attendu trop longtemps pour assouplir sa politique… Trois mois plus tôt (en mai), elle parlait encore de taux plus élevés pendant plus longtemps et se proposait même de procéder à un relèvement supplémentaire au second semestre. Or en août, l’inflation a fortement ralenti, avec un retour projeté dans la zone cible de 1-3% dès septembre. Cette dynamique se poursuit clairement à ce jour. Les perspectives de l’inflation de base/des services semblent également s’améliorer à terme. Des facteurs qui ne relèvent pas du champ de la politique monétaire ont (temporairement) maintenu une pression élevée sur les prix: les primes d’assurance, les réglementations de prix. Comme la Nouvelle-Zélande ne publie ses taux d’inflation que sur une base trimestrielle, les chiffres du T3 seront publiés mardi prochain.
À l’instar d’autres banques centrales, la RBNZ s’intéresse maintenant plus à la croissance qu’à la maîtrise de l’inflation. À cet égard, les données négatives pour le deuxième trimestre (‑0,2%) et les indicateurs décevants récemment publiés semblent indiquer une surcapacité dans l’économie. La pénurie sur le marché du travail est en train de se résorber. Ainsi, la banque centrale ne veut pas freiner inutilement l’activité économique avec une politique trop restrictive. Après un démarrage prudent en août, ce matin, la RBNZ a accéléré le rythme à 50 pb. Elle prend ainsi une solide longueur d’avance sur la trajectoire évoquée dans le rapport précédent (taux directeur moyen: 4,92% au T4 2024), alors qu’il reste encore une réunion (en novembre). Le marché table sur un nouvel abaissement des taux de 50 pb, voire 75 pb selon certains. Pour mi-2025, les investisseurs anticipent un taux directeur de 3% – c’est-à-dire un taux proche du niveau neutre, voire en deçà.
Ce matin, la réaction des marchés est restée relativement contenue. Le taux néo-zélandais à 2 ans a perdu 3,5 points de base. C’est ce qui s’appelle anticiper… Ces derniers jours, le dollar kiwi pataugeait déjà: de NZD/USD 0,6375 fin septembre, la paire est tombée à 0,608. C’est certes en partie dû à la remontée récente du dollar américain, mais le dollar kiwi perd aussi du terrain face à son grand voisin australien et l’euro. Un assouplissement rapide de la politique vers le taux neutre, voire plus bas, reste difficile à avaler pour la petite devise d’un pays qui affiche un déficit externe élevé (balance des transactions courantes: ‑6,8% du PIB de l’année dernière). La combinaison NZD/USD reste fortement dépendante de la tendance générale du dollar américain. Le dollar kiwi est donc vulnérable, d’autant que le marché perd l’espoir d’un assouplissement accéléré de la Fed/des conditions monétaires mondiales. Une rupture confirmée en dessous de 0,61 (ligne de cou d’une formation à double sommet) nous ramènerait vers 0,59/0,5850.