La RBNZ met fin au mantra des taux plus élevés pendant plus longtemps
Ce matin, la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a assez brutalement changé son fusil d’épaule. Les signes avant-coureurs d’une politique monétaire un peu moins restrictive s’étaient déjà manifestés au mois de juillet. Maintenant, la RBNZ abaisse le taux directeur pour la première fois depuis mai 2023 de 25 points de base (à 5,25%), et bazarde ce faisant ses propres prévisions de taux publiées en mai. Confronté à un dollar faible, le dollar kiwi perd du terrain et le cours chute de NZD/USD 0,6080 vers 0,60. Le cours EUR/NZD passe de 1,81 à 1,8325.
Dès le premier paragraphe de son communiqué, la RBNZ se félicite: l’inflation a enfin retrouvé la zone cible de 1 à 3% et hormis l’inflation des services, toutes les variables indiquent que la pression sur les prix s’est affaiblie et stabilisée. En parallèle, la croissance économique est en deçà de sa tendance naturelle et les données suggèrent qu’un ralentissement encore plus marqué se profile (voire une récession). Le marché du travail aussi est exposé à des risques baissiers. Somme toute, la politique monétaire pourrait donc devenir encore moins restrictive dans les mois à venir. Dans ses nouvelles perspectives, la banque centrale met en avant une moyenne de 4,92% pour le dernier trimestre de cette année. À titre de comparaison, la prévision de 5,65% du mois de mai tenait encore compte d’un relèvement de taux! Pour le dernier trimestre de 2025, le comité de politique se fonde désormais sur une moyenne de 3,85% au lieu de 5,14%. De l’ajustement du taux directeur, l’on passe à des abaissements effectifs, pour viser un taux plus neutre de 3% à la fin de l’horizon de politique.
Lors de la conférence de presse, le gouverneur Orr a déclaré qu’un premier abaissement de 50 pb plutôt que 25 n’était pas exclu. Ce scénario n’a finalement pas été retenu, la banque centrale ayant opté pour un début ‘low risk’ du cycle, les chiffres n’étant pas non plus dans le rouge vif. La RBNZ a fait le plein de confiance avec l’inflation, ce qui lui permet d’appuyer moins fort sur la pédale de frein.
En fin de compte, l’exposé des motifs d’Orr pourrait servir de modèle au président de la Fed Powell en septembre. En juillet, la hausse des prix des producteurs américains était à nouveau inférieure aux attentes. Cet après-midi, l’indice de la confiance des consommateurs va être publié. Les bases d’un premier abaissement sont posées. La grande différence de contexte est que les marchés des taux (américains) s’attendent à un premier pas plus ambitieux (50 pb). Hier, les taux américains ont perdu jusqu’à 9 points de base sur une durée de 2 ans. Tant que la Fed ou les chiffres ne feront pas changer de cap au marché, le dollar restera sous pression. D’un cours EUR/USD de 1,10, nous nous dirigeons vers une clôture à un sommet de 1,1136 à la fin de cette année. Entre-temps, les bourses continuent à se redresser. Hier, l’indice Nasdaq fortement exposé aux valeurs technologiques a clôturé en hausse de 2,5%. Remettra-t-il le couvert à 14 h 30?
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC