L’inflation belge atteint de nouveaux sommets

Les marchés

Vendredi dernier, Statbel a publié un taux d’inflation particulièrement élevé pour la Belgique. En janvier, l’inflation – la hausse annuelle de l’indice des prix à la consommation (IPC) – a grimpé à pas moins de 7,6%, contre 5,7% en décembre. Une nouvelle hausse de l’inflation était attendue, mais le chiffre a néanmoins surpris: au début de l’année, le Bureau fédéral du Plan projetait encore une inflation de 6,7% en janvier. Pour retrouver un niveau d’inflation comparable à celui de janvier 2022, il faut maintenant remonter à août 1983, quand l’inflation atteignait 7,9%.

Comme dans d’autres pays européens, au cours de l’année écoulée, l’inflation n’a cessé d’augmenter en Belgique. En janvier 2021, elle n’était encore que de 0,3%. La hausse actuelle est principalement due à l’explosion des prix de l’énergie: en janvier, les prix de l’énergie ont grimpé de 61%, contribuant ainsi à hauteur de 5 points de pourcentage à l’inflation CPI totale. Le prix du gaz naturel est le principal “coupable” avec une hausse annuelle de 154%, suivi de près par le prix de l’électricité, qui a augmenté de 71%. De manière générale, la catégorie de produits “Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles” pèse de loin le plus lourd dans la hausse de l’inflation (voir figure).

Conséquences macroéconomiques

L’inflation pour le mois de janvier basée sur l’indice des prix harmonisé (IPCH) n’est pas encore connue. Il est probable qu’elle dépassera à nouveau le chiffre de la zone euro. Pour toute l’année 2021, l’inflation IPCH belge dépassait déjà celle de la zone euro de 0,8 point de pourcentage. Cette hausse relativement forte de l’inflation, combinée à l’indexation automatique des salaires en 2021-2022, risque par ailleurs d’engendrer une détérioration de la compétitivité des entreprises belges. Entre 2015 et 2020, la Belgique était parvenue à réduire son handicap de coûts salariaux vis-à-vis de ses principaux partenaires commerciaux, mais il semble qu’il soit en passe de grimper à nouveau.

La hausse des prix peut également peser sur la consommation, surtout vu son effet important sur les ménages à revenu relativement faible. Pour autant, il ne faut pas exagérer l’impact sur la consommation générale. Grâce à l’indexation, le consommateur se voit (en grande partie) compensé pour les augmentations de prix au fil du temps. En outre, les pouvoirs publics viennent de prendre un certain nombre de mesures concrètes afin d’atténuer les conséquences de la hausse de la facture d’énergie pour (certains) ménages. En partie en raison de la création d’emplois persistante, la BNB s’attend même à ce que le revenu disponible réel des ménages augmente de plus de 2% en 2022.

La plupart des observateurs estiment que l’inflation mensuelle diminuera dans le courant de 2022, dans la mesure où la hausse des prix de l’énergie s’avérera être un choc temporaire. Dans ce scénario, à la fin de l’automne, l’inflation belge pourrait même retomber aux alentours de 2%, lorsque les effets de base auront atteint leur niveau maximal. Mais comme d’habitude, de telles prévisions sont à prendre avec des pincettes. Si la pression haussière sur les prix de l’énergie se maintient (pensez aux risques géopolitiques…) et/ou si la spirale salaires-prix perdure, l’inflation restera plus élevée plus longtemps.

Johan Van Gompel, Senior Economist KBC Group

Composantes de l’inflation CPI belge (en points de pourcentage)

Bron: Bloomberg

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