Le nouveau variant du coronavirus donne des sueurs froides aux marchés
Omicron: la quinzième lettre de l’alphabet grec, le dernier variant en date du SARS Cov-2. Selon l’Organisation mondiale de la santé, à l’instar des ses prédécesseurs alpha, bêta, gamma et delta, omicron est un variant “préoccupant”. À la fin de la semaine dernière, la nouvelle de la dernière mutation et les restrictions frontalières ont affolé les investisseurs.
Juste avant le week-end, l’incertitude due au nouveau variant a dominé les marchés et les bourses européennes ont corrigé d’environ 4-5%. Les principaux indices américains ont clôturé la session sur une baisse d’environ 2,5%. Les obligations d’État allemandes et américaines ont rempli leur rôle de valeur refuge à merveille: le taux allemand à 10 ans a perdu 9 points de base et teste à nouveau un important niveau de support à -0,35%. Aux États-Unis, la baisse a atteint 18 points de base, mais la tendance haussière des taux d’intérêt se maintient. Quant à l’euro, la politique de l’autruche de la BCE en matière d’inflation ainsi que la dynamique relative des taux d’intérêt l’a avantagé par rapport au dollar pendant ce mouvement d’aversion au risque. Le cours EUR/USD est passé de la zone basse de 1,12 à 1,13+. Le cours EUR/GBP a évolué dans la même direction, vers 0,85. Cependant, d’un point de vue technique, le mouvement inverse n’est pas encore assez marqué pour qu’il soit question d’une amélioration des perspectives pour l’euro. Sur le marché des changes, seuls le yen japonais et le franc suisse affichent de meilleures performances. Enfin, vendredi dernier, les prix des matières premières ont été victimes du sentiment du marché. Par exemple, le prix du baril de Brent est retombé de 82 à 72 dollars.
Pendant combien de temps le variant omicron tiendra-t-il les marchés en haleine? Cela dépendra de ses caractéristiques. Ce variant est probablement plus contagieux, mais nous ne connaissons pas encore sa résistance aux vaccins actuels, non plus que la probabilité que les patients développent des symptômes, pour ne rien dire de sa létalité. Ces facteurs seront décisifs pour la prévalence du variant omicron. Si l’on se fie à des annonces précédentes du même ordre, les marchés sont susceptibles de passer assez vite à autre chose. L’OMS avait qualifié le variant delta, le plus contagieux jusqu’à présent, de “préoccupant” le 6 mai de cette année: abstraction faite du fait qu’il s’agissait d’un mois boursier plutôt faible, la réaction pavlovienne “risk-off” des marchés s’est rapidement estompée. Ce matin, l’humeur est déjà beaucoup plus positive que vendredi et la baisse s’est en partie renversée. Le variant omicron dominera encore les médias pendant quelques jours, mais probablement pas les marchés, sauf scénario catastrophe. En Europe, les chiffres de l’inflation sont attendus demain; aux États-Unis, de mercredi à vendredi, nous assisterons à la publication des indicateurs de confiance ISM et des rapports sur le marché de l’emploi du secrétariat social ADP et du BLS (payrolls). Dans ce contexte, il se peut que les marchés en reviennent beaucoup plus vite à l’ordre du jour que ce que les mouvements de vendredi laissent supposer.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC