La MNB résiste à la tentation
La semaine prochaine sera marquée sous le sceau des politiques monétaires. Les deux premiers jours de février, les banques centrales se réuniront aux États-Unis (Fed), en Europe (BCE) et au Royaume-Uni (BoE). En attendant, plusieurs banques centrales de taille plus modeste ont déjà fait l'actualité. Hier, nous nous sommes penchés sur le cas de la Banque du Canada. Aujourd’hui, notre regard passe de l’Amérique du Nord à l’Europe centrale.
La banque centrale hongroise (MNB) s’accroche déjà depuis un certain temps à un taux directeur officiel de 13 %. Selon Budapest, ce taux suffit à atténuer les pressions sur les prix à l’intérieur du pays, lesquelles ont grimpé à 24,5 % en décembre. Cette analyse a été maintenue mardi dernier. Il n'y a pas si longtemps, le marché ne partageait pas du tout ce point de vue. Un simple coup d'œil au graphique EUR/HUF ci-contre suffit pour situer cette période volatile. Afin d’éviter une nouvelle chute de sa monnaie due à l'inflation, la MNB a créé un nouvel instrument de politique à la mi-octobre : un taux d’intérêt d'urgence de 18 % appelé à remplacer provisoirement le taux officiel.
Ce remède de cheval a permis à un forint souffrant de reprendre des couleurs. D'un plus bas historique au-dessus de EUR/HUF 430, le cours est passé sous la barre de 390 ces derniers mois, le niveau le plus élevé atteint par la devise hongroise depuis mai de l’année passée. Signalons évidemment que la devise a déjà largement profité de la détente observée sur les marchés (des taux) en général cette année. Dans notre rapport du 16 janvier, nous avions pointé le climat favorable au risque et un forint au minimum stable, voire plus fort, comme des conditions essentielles pour que la MNB réduise l'écart entre le taux directeur d'urgence et le taux directeur officiel. Mais la banque centrale a résisté à la tentation, même si elle se montre optimiste par rapport au renversement tant de l’inflation que du déficit courant. Elle a appris de ses erreurs et préfère cette fois-ci ne pas se précipiter.
Cela provoque la grogne de certains politiques. Le ministre de l’Économie, Márton Nagy, lui-même ancien vice-gouverneur de la MNB, ne comprend pas l’hésitation de la banque centrale. Il renvoie au marché, qui anticipe déjà un abaissement du taux directeur (d'urgence). Le but est vide, le gouverneur Matolcsy n’a plus qu'à tirer.
Mais la banque centrale a raison. Il s'agirait d'une décision purement opportuniste, qui nuirait de nouveau à une crédibilité que la banque a eu du mal à restaurer. En outre, une telle décision aurait pu rapidement lui revenir à la figure si la Fed et la BCE décident la semaine prochaine de rappeler à l'ordre des marchés qui sont, selon nous, allés trop loin. À cela s'ajoutent aussi l'importante discussion et les incertitudes autour des fonds européens bloqués. Selon le gouvernement hongrois, le parlement devrait encore ce trimestre approuver les réformes (juridiques) jugées nécessaires par l’UE. Il est donc compréhensible que la MNB préfère attendre avant de procéder à des baisses de taux. Dans notre scénario de base, la banque devrait s'engager sur cette voie à partir de mars, lorsqu’elle disposera de nouvelles prévisions.
Pour une grande partie du marché, ce statu quo a tout de même été une surprise. Cela s’est traduit par un net renforcement du forint. Depuis, le cours EUR/HUF continue d"évoluer sous la barre de 390. D’un point de vue technique, le seuil de 382,72 se profile comme un premier niveau de résistance pour le forint. Reste à voir si le forint pourra encore compter sur tous ses soutiens au milieu de la semaine prochaine.