Les statistiques économiques donnent de l'air à la BCE
Les indicateurs PMI de confiance des entreprises européennes du mois de février ont été publiés hier. Cette enquête mensuelle menée auprès des directeurs d'achat donne le meilleur instantané possible de la situation économique. L'indice global pour la zone euro a gagné du terrain pour la première depuis le mois d'août de l'année passée, de 51 à 51,4. Les chiffres de janvier et de février laissent cependant supposer que la croissance restera faible dans la région au premier trimestre (0,1% en glissement trimestriel).
Au niveau des détails, l'industrie manufacturière et le secteur des services montrent des tableaux bien distincts. Le PMI industriel (49,2) est ainsi tombé sous la barre des 50 points, qui marque la frontière entre croissance et contraction économique, pour la première fois depuis juin 2013. Cette baisse s'explique par le recul mondial des exportations, qui a particulièrement touché l'Allemagne (PMI: 47,6). En outre, les indicateurs avancés, comme les (nouvelles) commandes, n'augurent aucune amélioration. Bien au contraire! Ce sous-composant affiche sa plus forte diminution en six ans. Celle-ci est notamment due aux craintes liées au protectionnisme commercial, au secteur automobile (après les nouvelles normes d'émissions, de nouveaux droits de douane aux États-Unis) et au Brexit.
Le secteur des services a quant à lui de nouveau progressé davantage que prévu. Ce secteur est principalement axé sur le marché intérieur. Pour l'ensemble de la zone euro, le PMI est passé de 51,2 à 52,3. Cette amélioration s'explique notamment par la vigueur du marché du travail et par la hausse du revenu disponible (surtout dans les pays du nord). Le secteur des services a également permis de compenser la baisse observée dans l'industrie en Allemagne (55,2). La croissance est estimée à 0,2% en glissement trimestriel pour le premier trimestre.
Les PMI français sont, depuis quelques mois, plus mauvais que ceux du reste de la zone euro, notamment à cause des actions des gilets jaunes. Maintenant que ce mouvement est en train de passer au second plan, les chiffres français montrent une amélioration tant dans l'industrie manufacturière (51,4) que dans le secteur des services (49,8).
Si les chiffres européens ne peuvent pas encore vraiment être qualifiés de formidables, force est tout de même de constater qu'ils rompent, en ce début d'année, avec la tendance baissière de 2018. Nous préférons rester prudents par rapport à la réaction des marchés hier. Les taux européens et l'euro se sont dans un premier temps repliés après la publication des chiffres, mais ils ont rapidement regagné le terrain perdu. Pour la première fois depuis longtemps, il a même été question d'un mouvement inverse (à la hausse), surtout au niveau des taux. Plus que le début d'un mouvement haussier, nous parlerions plutôt d'une fin éventuelle de la tendance baissière sur les marchés des taux et des changes. Mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
En ce qui concerne la réunion de la BCE du 7 mars, peu d'investisseurs semblent disposés à placer des paris "contrarian". Le marché s'attend à ce que la BCE lance une nouvelle salve de prêts à long terme et maintienne sa politique de communication à propos de sa politique monétaire (statu quo) jusqu'après l'été. Concrètement, le marché des taux ne prévoit pas de resserrement de la BCE avant fin 2020. La stabilisation des données en ce début d'année offre à la BCE la possibilité de conserver une position attentiste au niveau de sa politique de communication.