La MNB desserre les mâchoires, mais ne lâche pas prise
Hier, pour le quatrième mois consécutif, la banque centrale hongroise a relevé son taux directeur. Mais le script pour ce mois de septembre s’avère légèrement différent. De juin à août compris, la MNB a systématiquement relevé le taux de 30 points de base; hier, elle n’a été que jusqu’à la moitié. Et bien que ce soit inférieur au consensus général (25 points de base), le forint hongrois n’en a finalement pas souffert, au contraire: dans un premier temps, le cours EUR/HUF a testé le niveau de résistance de 355, avant de virer de bord quand la banque centrale a expliqué sa décision.
La MNB avait déjà annoncé qu’elle examinerait de plus près sa politique de resserrement en septembre, à la lumière d’une analyse économique détaillée. Jusqu’à présent, tout se passe plutôt bien. Le PIB hongrois a atteint son niveau pré-crise au deuxième trimestre et la reprise se poursuit au cours du trimestre actuel. L’industrie automobile pâtit de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, mais la forte croissance du secteur des batteries contrebalance ce point. Le secteur des services profite toujours de la prodigalité des consommateurs hongrois, même si le chiffre d’affaires du commerce de détail n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Quoi qu’il en soit, la MNB s’attend à une croissance comprise entre 6,5 et 7% cette année, soit un peu plus que la prévision de 6,2% formulée en juin. Les attentes pour 2023 (5-6% contre 5,5% en juin) et 2024 (3-4% contre 3,5%) ne changent pas. Comme vous pouvez le voir, les estimations précises ont à nouveau fait place à des fourchettes, manifestation de l’incertitude due au variant delta. La Hongrie est encore loin de la situation dans laquelle elle se trouvait lors des deuxième et troisième vagues, mais la MNB sait par expérience que les choses peuvent se détériorer rapidement. C’est aussi pour cela qu’elle a ralenti le rythme du resserrement, tout en revoyant ses prévisions d’inflation à la hausse, à 4,6-4,7% en 2021 et 3,4-3,8% l’année prochaine. La MNB projette un ralentissement de l’inflation au début de 2022, de 5%+ vers l’objectif de 3% à partir du second semestre. Malgré le spectre de la Covid, les risques d’inflation restent clairement orientés à la hausse. Ce relèvement plus modeste des taux n’est donc pas le signe annonciateur d’une pause dans le cycle – ce qui dément peut-être aussi certaines craintes qui ont brièvement pesé sur le HUF. Le vice-gouverneur Virag a précisé qu’il s’agit d’une indication de ce qui suivra dans les mois à venir et jusqu’à la fin de l’année. En outre, la pression sur le forint s’est relâchée quand il s’est avéré que la MNB se penchait également sur la politique non conventionnelle. C’est aussi signe qu’elle ne lâche pas prise en ce qui concerne l’inflation. Les achats d’obligations hebdomadaires passent de 50 milliards à 40 milliards HUF pour le trimestre suivant. En décembre, le comité de politique réexaminera l’avenir de la politique monétaire.
La décision d’hier n’a pas changé grand-chose à notre scénario de taux hongrois. Nous tablons toujours sur un taux directeur de 2,10% à la fin de l’année, dans l’hypothèse de trois relèvements supplémentaires, un pour chacune des réunions à venir. Les marchés des taux ont dû s’adapter, ce qui a entraîné une baisse importante des taux d’intérêt, surtout sur l’extrémité courte de la courbe. Hier, les performances du HUF étaient d’autant plus remarquables. En même temps, la limite inférieure de la paire EUR/HUF demeure bien protégée. Les cours ont intégré le soutien apporté aux taux et dans un contexte général de volatilité accrue et de nervosité des marchés, les taux de base (réels) (États-Unis, Allemagne) pourraient commencer à grimper.