Intense jeu politique autour du plafond de la dette aux États-Unis

Les marchés

Un Armageddon financier. L’économiste en chef de l'agence de notation Moody's n’a pas craint la controverse après que la ministre américaine des Finances, Janet Yellen, a exhorté le Congrès à relever le plafond de la dette. la semaine dernière. Si pas, les coffres du Trésor risquent d'être vides fin octobre. L’imminence de la faillite de l'État n’a pour le moment pas vraiment fait la une des journaux, et encore moins influencé les marchés. À juste titre, vraisemblablement. Lors d’impasses politiques similaires, une solution a toujours été trouvée en dernière minute.

Aux États-Unis, la loi prévoit une limite au-delà de laquelle le gouvernement ne peut plus contracter de nouvelles dettes. En théorie, ce plafond doit inciter les pouvoirs publics à mener une politique saine, mais il (plafond nominal) est néanmoins souvent relevé en raison d'importants déficits et de l’inflation. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le plafond de la dette a déjà été rehaussé presque à 100 reprises. Ce qui était autrefois normal est depuis quelques années devenu l'objet de manœuvres politiques. Le relèvement du plafond de la dette est utilisé (souvent par les Républicains) comme monnaie d’échange politique pour obtenir des concessions. La mini-crise ayant le plus marqué les esprits jusqu'à présent est celle qui a eu lieu durant l’été 2011. En dépit d’un accord trouvé sur le fil, la partie de poker qui s'était jouée avait coûté aux États-Unis son précieux rating AAA chez S&P. Le pays ne l'a toujours pas récupéré depuis. Durant ce mois d'août, les bourses américaines avaient chuté de 15 %, alors que les taux à long terme avaient reculé d’environ 1 %. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, les obligations d’État américaines liquides avaient encore joué leur rôle de valeur refuge malgré la spécificité de la crise.

Retour à 2021. Le leader des Républicains au Sénat, Mitch McConnell, refuse d'apporter son soutien à un relèvement du plafond de la dette, car cela signifierait implicitement qu'il donne son accord au gigantesque plan d’aides sociales et budgétaires (3 500 milliards de dollars). McConnell affirme que la solution se trouve du côté des Démocrates. Ces derniers ont la possibilité de lier une augmentation de la dette au plan d’aide et de l’approuver eux-mêmes par le biais d’une procédure déterminée et grâce à leur courte majorité au Sénat. Nancy Pelosi, un poids lourd du parti démocrate, n'entend quant à elle pas être pointée comme la responsable du dérapage des déficits américains et exige que les Républicains assument leur part de responsabilité pour la dette qui s'est accumulée au fil du temps. Pour l’instant, tout le monde campe sur ses positions.

Le seul marché qui montre actuellement quelques timides signes de stress est le marché monétaire américain à court terme. Les certificats de trésorerie qui arrivent à échéance fin octobre/début novembre affichent un taux légèrement plus élevé en raison du risque de défaut de remboursement. Nous restons convaincus que le bon sens finira par l'emporter. Washington n'a aucun intérêt à voir son image une nouvelle fois écornée. Les États-Unis ne sont pas l’Argentine, par exemple. Tant les Démocrates que les Républicains en sont bien conscients. Il n’empêche que les tensions persisteront jusqu'à la dernière minute.

Les taux du marché monétaire américain intègrent une légère prime de risque.

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule

La livre sterling rejoint les autres

La livre sterling rejoint les autres

Inflation inférieure à 2%: la BCE capitulera-t-elle?

Inflation inférieure à 2%: la BCE capitulera-t-elle?

Powell: il y en a pour tous les goûts

Powell: il y en a pour tous les goûts