BoC satisfaite de l’évolution de l'économie
Cette semaine, les banquiers centraux doivent de nouveau jouer des coudes pour attirer les projecteurs. Avec des réunions de politique à Sydney, Varsovie, Francfort ou Ottawa, c'est véritablement à un tour du monde monétaire auquel nous avons droit.. Hier, les yeux étaient tournés vers le Grand Nord.
La Banque du Canada (BoC) avait déjà publié en juillet une analyse économique et monétaire approfondie, étayée par des chiffres. Dans celle-ci, la BoC se montrait optimiste à propos de la croissance. Le fait que l’économie canadienne se soit contractée de 1,1 % en glissement trimestriel sur une base annuelle au deuxième trimestre a donc été une grande surprise. La BoC avait elle-même tablé sur un taux de 2 %. Mais comme la contraction est surtout la conséquence d’un recul des exportations en raison des perturbations dans les chaînes de production, elle ne s’inquiète pas trop. Tout va en effet bien du côté de la demande intérieure. En juin et juillet, le marché de l’emploi s’est redressé après la troisième vague de coronavirus. Le mois d’août, dont les chiffres seront publiés demain, s'inscrira sans doute dans la même lignée (consensus : 67k). La croissance des salaires demeure modérée d'un point de vue historique. Une conséquence de la surcapacité toujours présente. Pour la BoC, cela signifie que la poussée inflationniste actuelle au-dessus de l’objectif de 1-3% n’est que temporaire (3,7 % en glissement annuel en juillet). Pour que l'inflation retombe et se maintienne au milieu de cette fourchette (2 %), il faudra d’abord que toute la capacité excédentaire se soit résorbée.La BoC estime que ce sera le cas au second semestre de l’année prochaine. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que l’on pourra envisager un relèvement du taux directeur (inchangé à 0,25 %). En attendant, la banque pourrait toutefois continuer à normaliser sa politique en réduisant ses achats d’obligations. Elle l'a encore fait en juillet, en faisant passer le rythme hebdomadaire de ses achats de 3 milliards à 2 milliards de dollars canadiens. Mais pour le moment, la BoC s'en tient à ce rythme.
Dans le club restreint des grandes banques centrales, la BoC a fait figure de pionnière en procédant à une première diminution de son programme d'assouplissement quantitatif en avril. Cela a donné des ailes au loonie avant que celui-ci ne retombe sur terre durant l'été. Nous restons néanmoins positifs vis-à-vis de la devise sur le plus long terme, tant par rapport au dollar américain que par rapport à l’euro et ce, en raison de l’attitude de la Banque du Canada. Elle a déjà pris de vitesse la Fed et la BCE au niveau de ses achats d’obligations. Elle devrait, selon toute probabilité, également le faire au niveau des relèvements des taux. Pour la paire USD/CAD, le niveau de 1,25 constitue un premier support (résistance pour le dollar canadien), le prochain se situant à 1,227. Au-delà, 1,30 représente un solide niveau de résistance (support pour le dollar canadien). L’euro s’est récemment redressé, après une dépréciation, injustifiée à nos yeux, durant l’été. Nous pensons que la devise européenne devrait continuer sur son élan. Le loonie aura donc probablement un peu plus de mal vis-à-vis de la monnaie unique. Sur le court terme, un premier important niveau de résistance près de 1,50 est en vue pour le cours EUR/CAD.. Une rupture au-dessus de ce seuil serait techniquement néfaste pour le dollar canadien. Nous en saurons peut-être déjà un peu plus cet après-midi avec la réunion de politique de la BCE.