Premier "flash crash" de l'année
Ceux qui espéraient que 2019 serait d'un autre tonneau pour les marchés en ont eu pour leurs frais jusqu'à présent. Les incertitudes autour de la croissance mondiale créent énormément de nervosité. Il faut néanmoins reconnaître que ces mouvements de cours ont lieu alors que les marchés ne sont pas encore totalement liquides. Quoi qu'il en soit, l'année n'a débuté que depuis un jour sur les marchés (des changes) et on peut déjà parler d'un premier "flash crash"!
Le PMI de confiance des entrepreneurs chinois dans l'industrie manufacturière a directement mis les investisseurs face à la dure réalité. L'indice est en effet retombé sous la barre des 50 points qui marque la frontière entre croissance et contraction! Le thème des incertitudes autour de la croissance reste bien présent. Les bourses américaines et européennes se sont reprises en cours de séance. Les marchés des taux et des changes sont restés à la merci des incertitudes (autour de la croissance). Les taux se sont encore repliés et le yen a joué son rôle de valeur refuge avec brio. Les cours USD/JPY et EUR/JPY ont baissé et ont emmené la paire EUR/USD dans leur sillage. Un mouvement "risk-off" typique. Et d'autres mauvaises nouvelles se sont encore ajoutées après la fermeture des bourses américaines! Apple a en effet publié un avertissement sur résultat. Ce sont surtout les ventes en Chine qui déçoivent, notamment à cause du conflit commercial. Tout le monde ne partage pas l'analyse du patron d'Apple Tim Cook, mais dans les circonstances actuelles, ce signal ne doit pas être sous-estimé. La réaction en Asie a été mitigée. Les bourses sont parvenues à limiter les pertes. Les taux se sont stabilisés à de bas niveaux. Les dégâts ont surtout touché le marché des changes. Sur fond de volumes relativement faibles (Japon fermé), le yen n'est pas parvenu à digérer les flux d'investissement à la recherche de protection. Le yen a véritablement flambé. Les cours EUR/JPY, USD/JPY, mais aussi GBP/JPY et AUD/JPY (par exemple), se sont effondrés pendant un moment. 2019 vient donc de connaître son premier "mini krach". Le marché des futures US a également plongé dans le rouge. L'%Europe reste pour le moment au milieu du guet. À quoi faut-il s'attendre pour la suite?
Les marchés demeurent hypersensibles aux signaux relatifs à la croissance. La réaction de ce matin laisse supposer que de nombreuses mauvaises nouvelles sont déjà intégrées dans les cours en Asie (Chine) et en Europe. Les taux américains ont également fortement diminué, faisant fi de l'analyse positive livrée par le président de la Fed, Jerome Powell, à la mi-décembre. Le marché reste cependant très attentif aux indicateurs de croissance aux États-Unis. Pendant une majeure partie de 2018, le marché est parti du principe que le conflit commercial entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux pèseraient surtout sur la croissance de ces partenaires en question. L'économie américaine, plus fermée et soutenue par une politique budgétaire expansionniste, allait davantage être à l'abri. L'avertissement lancé par Apple indique que l'impact sur l'économie américaine pourrait être plus important que prévu. Nous utilisons le conditionnel, mais ce scénario pourrait apporter de l'eau au moulin du marché des taux, pour qui la Fed aura difficile à relever deux fois ses taux cette année (la projection moyenne des gouverneurs de la banque centrale en décembre). Un ralentissement de croissance généralisé pour cause de guerre commerciale ne constitue pas une bonne nouvelle pour l'Europe. Cependant, dans la mesure où les marché des actions et des taux européens ont déjà intégré plus de mauvaises nouvelles que les marchés américains, le dollar risque de moins profiter du climat d'incertitude global. Pour le moment, le cours EUR/USD reste coincé dans la fourchette de 1,12/15. Un premier indicateur de référence pour la croissance (américaine) sera publié cet après-midi, avec l'ISM de l'industrie manufacturière. Un rapport décevant sera probablement interprété comme un nouveau cri de détresse à l'attention de la Fed. Le dollar pourrait alors perdre le soutien des taux.