L’Arabie Saoudite jette de l’huile sur le feu

Les marchés

Qui espérait un début de semaine tranquille a dû déchanter ce matin. Les investisseurs se sont réveillés après un week-end de nouvelles exécrables: le coronavirus se répand rapidement en dehors de la Chine et de plus en plus de pays redoutent que l’épidémie ne grippe leur économie. Comme si cela ne suffisait pas, l’Arabie Saoudite en a rajouté.

Nyet

La semaine dernière, c’était quitte ou double pour l’OPEP: le cartel de pays producteurs de pétrole s’est réuni à Vienne pour limiter davantage la production de pétrole, afin de mettre un terme à la baisse des cours – l’impact du coronavirus a fait chuter le pétrole d’environ 30% depuis le début de l’année. À l’initiative du chef de file de l’OPEP, l’Arabie Saoudite, le groupe a proposé de réduire la production de pétrole au deuxième trimestre de 1,5 million de barils par jour, en plus de la limitation actuelle de 2,1 millions de barils par jour. Les pays de l’OPEP ont envisagé de restreindre leur production à concurrence de 1 million de barils par jour, à condition que les membres de l’organisation et la Russie (OPEP+) réduisent leur production de 500 000 barils. Mais la proposition n’est pas passée… La Russie a répondu “nyet” et refuse tout net de freiner sa production, pour des raisons géopolitiques. En effet, la baisse (accrue) des prix du pétrole soumet le secteur américain du schiste bitumineux à une pression importante, ce qui peut forcer des entreprises américaines à mettre fin à leurs activités.

Œil pour œil, dent pour dent, a répliqué l’Arabie Saoudite: comme la Russie se montre inflexible, l’Arabie Saoudite passe à l’attaque et ouvre grand les vannes du pétrole pour faire dégringoler les prix. À partir du mois d’avril, le pays augmentera fortement la quantité de pétrole extrait pour dépasser de loin les 10 millions de barils par jour, soit 10% de plus que la normale, et instaure une forte baisse des prix de l’ordre de 6-8 USD. L’objectif? Faire chuter davantage le prix du pétrole pour asséner un coup de massue financier à la Russie.

Bain de sang sur les marchés

La bombe pétrolière saoudienne s’ajoute à la panique croissante liée au coronavirus. À la suite de l’échec de la réunion de l’OPEP+ vendredi dernier, le cours du baril de Brent a déjà baissé de 10%, à 45 USD le baril. Ce matin, après la revanche de l’Arabie Saoudite, les cours ont encore crevé le plancher: l’on constate une baisse de 20% à 36 USD le baril, le niveau le plus bas depuis début 2016. Le bain de sang sur les marchés se poursuit sans trêve. Ce matin, les bourses asiatiques ont fortement régressé et l’Australie a été particulièrement touchée (-8%). Les bourses européennes en prennent également un coup, avec des pertes jusqu’à 9,5%! Les devises sensibles au cours du pétrole souffrent aussi: la couronne norvégienne descend en flèche et le cours EUR/NOK est passé de 10,53 à l’ouverture à 10,86. Le dollar canadien perd à son tour du terrain, passant de 1,34 à 1,36 par rapport au dollar américain. Comme les investisseurs se précipitent vers les valeurs refuges, les taux américains dégringolent vers des planchers historiques et plongent dès aujourd’hui de 19 (taux à 2 ans) à 41 (taux à 30 ans). Le dollar accuse le coup par la perte du soutien des taux à une vitesse record. Le cours EUR/USD reste orienté à la hausse et se négocie à 1,14. Le cours USD/JPY perd un niveau de soutien crucial en dessous de 105, à cause de la faiblesse du dollar et de la force du yen (aversion au risque).

Le cours du pétrole (Brent) s’effondre à une vitesse record.

Bron: Bloomberg

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