L'OCDE constate, prévient et appelle à agir
"Coronavirus: l'économie mondiale menacée". Voilà comment est intitulé le rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur l'impact de l'épidémie du coronavirus sur l'économie mondiale. Le titre est pour le moins clair. L'organisation a revu sa prévision de croissance mondiale de 2,9% (novembre) à 2,4%, le taux le plus bas depuis 2009. Dans son scénario de base - qui suppose un pic de l'épidémie en Chine au premier trimestre et une contagion plus modérée ailleurs-, l'OCDE a revu sa prévision de croissance pour la Chine de 6,1% à 4,9%. Dit autrement, la croissance devrait être très faible au premier trimestre. Mais d'autres pays ne sont pas non plus épargnés, souligne l'OCDE. La chute de la production en Chine se fait ressentir partout dans le monde compte tenu du rôle essentiel que joue ce pays dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, le secteur du tourisme et sur les marchés des matières premières. L'organisation a aussi élaboré une estimation en cas de "scénario catastrophe" dans lequel le virus ne serait pas maîtrisé rapidement et se propagerait à grande échelle dans le reste de l'Asie, aux États-Unis et en Europe. Dans ce cas-là, la croissance mondiale pourrait chuter à 1,5%, avertit l'OCDE. Le message est clair. L'institution basée à Paris souligne l'essence d'une politique monétaire accommodante et appelle toutes les autorités à agir rapidement et à prendre des mesures de relance budgétaire supplémentaires.
Les banques centrales ont compris le message. Après la Fed et la BoJ, la BCE et la BoE ont également promis qu'elles prendraient, le cas échéant, des mesures appropriées. Mais la Banque centrale européenne a-t-elle encore suffisamment de munitions? Sa présidente, Christine Lagarde, a expliqué que la banque était prête à prendre des mesures "ciblées". Peut-être aurons-nous droit à autre chose qu'une baisse de taux... La banque centrale australienne (RBA) a lancé les hostilités ce matin en abaissant son taux directeur de 25 points de base à 0,5%, le niveau le plus bas jamais enregistré. Le gouverneur de la banque, Philip Lowe, craint que le coronavirus n'étouffe le début de reprise de la croissance (mondiale) et estime que l'économie progressera plus lentement que prévu au premier trimestre. Les secteurs de l'enseignement et du tourisme sont notamment touchés par le coronavirus. Et les incertitudes pourraient également avoir un impact sur la consommation intérieure. La RBA s'attend à ce que l'économie australienne renoue rapidement avec la reprise un fois le virus sous contrôle, mais n'écarte toutefois pas une nouvelle baisse de taux si nécessaire. Le cours AUD/USD a connu un léger sursaut après l'annonce de la décision de la banque centrale et tourne maintenant autour de 0,6550.
De plus en plus d'autorités et de banques centrales se montrent prêtes à intervenir en vue d'amortir le choc provoqué par le coronavirus, au grand soulagement des investisseurs. Aujourd'hui, les banquiers centraux et les ministres des Finances des pays du G7 tiendront une conférence téléphonique afin de discuter des répercussions du Covid-19.Les investisseurs espèrent une action (coordonnée), mais des rumeurs selon lesquelles aucune mesure concrète ne serait encore annoncée alimentent les incertitudes.
Les taux sont repartis à la hausse après leur récent plongeon. Les taux américains ont repris de 10 (10 ans) à 18 (2 ans) points de base. Malgré ce regain de soutien des taux, le cours EUR/USD poursuit sa remontée et se maintient au-dessus de 1,11. À court terme, les investisseurs seront surtout attentifs aux éventuelles mesures prises par les autorités budgétaires et monétaires. À plus long terme, les perspectives sont différentes et l'épidémie pourrait pousser certaines économies en récession.
Youssra El Nasire, salle des marchés KBC