Une Espagne encore plus fragmentée

Les marchés

Ce dimanche, les électeurs espagnols ont été appelés aux urnes pour la quatrième fois en autant d'années. Le dernier scrutin en date avait eu lieu en avril de cette année. Le parti socialiste PSOE, dirigé par Pedro Sanchez, avait alors obtenu 123 sièges sur les 350 que compte le parlement. Le parti avait donc été chargé de négocier avec différentes formations, parmi lesquelles le parti d'extrême gauche Podemos et les libéraux de Ciudadanos. Ces discussions n'ont malheureusement pas abouti et le pays s'est retrouvé dans l'impasse. Sánchez en est donc arrivé à la conclusion que la seule solution était d'organiser de nouvelles élections. Hélas...

Le scrutin de ce 10 novembre a débouché sur un échiquier politique encore plus fragmenté. Le PSOE a perdu trois sièges (120) et son partenaire de coalition "naturel" Podemos sept (35). Même avec le soutien de Ciudadanos, qui a catégoriquement refusé de former un gouvernement avec le PSOE ces derniers mois, les trois partis ne bénéficieraient pas de la majorité. Les libéraux se sont quant à eux effondrés, de 57 à 10 sièges. Une coalition dirigée par Sánchez avec Podemos et les nationalistes catalans de l'ERC disposerait d'une majorité, mais une telle alliance paraît peu réaliste. Plusieurs responsables catalans ont encore été envoyés en prison récemment. Reste à Sánchez la possibilité de former un gouvernement minoritaire avec le soutien exceptionnel du Partido Popular de centre-droite. Avec 88 sièges (+22), le PP de Pablo Casado s'est remis de la claque qu'il avait reçue en avril. Casado a d'ailleurs laissé la porte entrouverte à la formation de cette fragile coalition gauche-droite. Mais il vendra sa peau très cher. Le PP sent en effet le souffle de Vox dans son cou. Le parti d'extrême droite a obtenu 52 sièges (+28), devenant ainsi le troisième plus grand parti du pays.

L'instabilité politique en Espagne n'a pas encore entraîné une dégradation de l'économie. Bien au contraire. Avec une croissance de 0,4% en glissement trimestriel au troisième trimestre, le pays fait encore partie des meilleurs élèves de l'UE. La fragmentation du paysage politique, qui n'a jamais été aussi importante, n'inquiète pas encore le marché pour le moment. La prime de risque de crédit de l'Espagne (différentiel avec l'Allemagne) n'a ainsi grimpé que de trois points de base depuis le scrutin de dimanche. Reste à savoir combien de temps les investisseurs continueront à fermer les yeux sur cette situation. À l'heure actuelle, ce sont surtout des thèmes plus "globaux" comme la guerre commerciale et le Brexit qui dominent le marché. Mais cela ne va certainement pas durer. Si l'impasse politique persiste, il est probable que les investisseurs commenceront avec le temps à accorder plus d'importance à la situation dans le pays.

Farage fait une fleur à Johnson


Par rapport à ce qui se passe en Espagne, la situation politique au Royaume-Uni semble s'être quelque peu éclaircie depuis hier. Le électeurs britanniques se rendront aux urnes le 12 décembre, dans un paysage politique plus fragmenté que jamais. Mais hier, jour de l'Armistice, le leader du parti du Brexit, Nigel Farage, a fait un geste en faveur du parti conservateur. Son parti ne se présentera en effet pas dans les circonscriptions où les Tories avaient remporté les élections en 2017. Le Premier ministre Boris Johnson est en train de se livrer à un difficile exercice d'équilibriste pour pouvoir conserver le soutien des conservateurs modérés sans pour autant perdre celui des partisans de la ligne dure. La décision de Farage est une très bonne nouvelle pour les Tories, dont les chances d'obtenir une majorité au scrutin du 12 décembre ont ainsi augmenté. La livre a bien réagi: le cours EUR/GBP est passé sous la barre de 0,86. D'un point de vue technique, cela ne change rien pour le moment. La paire de devises reste coincée dans une étroite fourchette autour de 0,86, qui évolue au gré des soubresauts politiques dans le pays. Comme le dit l'expression populaire outre-Manche: "It ain’t over till the fat lady sings" (rien n'est fait tant que tout n'est pas réglé).

Différentiel de taux entre l'Espagne et l'Allemagne: l'impasse politique en Espagne n'inquiète pas (encore?) le marché.

Bron: Bloomberg

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