La RBA ne bouge provisoirement pas
La Reserve Bank of Australia (RBA) a maintenu son taux directeur inchangé à 1,5% ce matin, son niveau le plus bas jamais enregistré, en vigueur depuis déjà août 2016. Une grande partie du marché s'attendait pourtant à un premier abaissement des taux, notamment à cause de la faiblesse de l'inflation au premier trimestre de cette année. L'évolution décevante de l'inflation n'a néanmoins pas suffi à convaincre la banque centrale d'intervenir. Nous pensons que la RBA a préféré opter pour la prudence et attendre les résultats des élections de la semaine prochaine.
L'inflation australienne a de nouveau été nettement plus faible que prévu au premier trimestre. Le chiffre trimestriel, publié fin avril, a en effet fait état d'une stagnation, alors que le chiffre annuel a chuté à 1,3%, largement en dessous de l'objectif (2-3%) poursuivi par la RBA. Les marchés se sont par conséquent mis à anticiper deux baisses de taux d'ici à la fin de l'année. La banque centrale a néanmoins résisté à la pression ce matin et a décidé de ne pas toucher à son taux directeur. D'après le gouverneur, Philip Lowe, l'économie dispose encore de suffisamment de réserves/marge de croissance, même s'il faudra sans doute une nouvelle amélioration du marché du travail pour relancer, à terme, l'inflation. Pour la RBA, le principal risque reste la croissance anémique du revenu disponible des ménages, couplée au recul des prix immobiliers. La promotion d'un marché du travail solide, qui permettra de faire grimper les salaires et, par conséquent, la consommation des ménages, demeure l'un des principaux axes autour duquel la politique future sera déterminée. Alors que le marché s'attendait encore hier à un premier abaissement des taux en juin, le consensus évoque désormais plutôt le mois de septembre.
Le 11 avril 2019, le Premier ministre Scott Morrison a décidé de dissoudre le gouvernement et de convoquer de nouvelles élections pour le samedi 18 mai 2019. Morrison, qui dirige la coalition libérale nationaliste de centre-droite, n'était en poste que depuis fin août, suite à un vote de confiance qui avait poussé le précédent Premier ministre, Malcolm Turnbull, vers la sortie. La coalition espère pouvoir obtenir un troisième mandat consécutif (de trois ans) à la tête du pays. Le parti du Labour, qui mène l'opposition sous la houlette de Bill Shorten, est en tête des sondages depuis quelque temps, mais son avance s'est sérieusement réduite depuis quelques semaines. Les partis de l'establishment connaissent également une perte de popularité en Australie. D'après les prévisions, les partis indépendants risquent de rafler beaucoup de sièges au Sénat. Un gouvernement majoritaire sera donc probablement difficile à constituer.
Les attentes du marché par rapport à la politique monétaire de la RBA étaient partagées entre un premier abaissement des taux et un statu quo. Le premier groupe avait considérablement grossi après la publication des chiffres décevants de l'inflation. Le fait que d'autres banques centrales envisagent aussi une politique "plus accommodante" avait encore renforcé les spéculations autour d'une baisse de taux. Le taux australien à 2 ans s'était ainsi replié sous la barre de 1,30%, son niveau le plus bas jamais enregistré. Et le dollar australien avait quant à lui perdu du terrain dans l'attente de la réunion de la RBA. Après l'annonce de la décision de la banque centrale, le taux à 2 ans s'est redressé à 1,35% et l'Aussie a connu sa plus forte hausse en trois semaines. Le cours AUD/USD tente actuellement de repasser au-dessus du cap psychologique de 0,70. Face au ralentissement de la croissance mondiale, auquel il faut ajouter le niveau élevé de l'endettement (privé) dans le pays, nous préférons rester prudents vis-à-vis de la monnaie australienne sur le long terme. Les spéculations autour d'une baisse de taux se sont atténuées, mais n'ont pas disparu.