Investir en obligations d'État durables: pays développés
Durabilité des pays développés: actualisation 2020
Abstrait
Dans la sélection des pays pour ses fonds obligataires durables, KBC inclut un large éventail d'indicateurs de durabilité . Dans le présent rapport, nous publions les résultats de la dernière mise à jour de la sélection des pays développés, que nous avons établie fin 2020. Nous réexaminons également la méthodologie de sélection. Les pays scandinaves et la Suisse continuent d'occuper les cinq premières places du classement des pays (le "Baromètre KBC de la durabilité des pays développés"). Dans cette édition, le Japon l'Estonie
et la Corée du Sud sont les pays qui ont gagné le plus de places au classement,
tandis que l'Espagne, Malte et Israël en perdent le plus. La Belgique reste en
14e position dans le classement des 44 pays considérés. En concertation avec le
SRI Advisory Board, il a été décidé d'écarter de l'univers des pays dans lesquels les fonds durables de KBC peuvent investir les pays qui obtiennent un score global supérieur à 50 % mais qui, pour l'un des cinq thèmes de sélection, font partie des 10 % les moins performants. Le Canada se classe parmi les plus mauvais (41e) pour le thème "Performance et engagement environnementaux" et est donc exclu.
Introduction
Pour KBC Groupe, la durabilité fait partie intégrante de la stratégie globale de l'entreprise. Les fonds d'investissement durable (fonds ISR) proposés par KBC Asset Management sont un élément important de cette stratégie. Dans le monde entier, depuis le début des années 2000, les investissements ISR en actions incluent en général aussi de plus en plus souvent des obligations. Selon le Forum européen de l'investissement durable (Eurosif), les obligations représentaient 40 % du total des capitaux investis durablement en Europe en 2018, contre 47 % pour les actions (Eurosif, 2018). 57 % étaient investis en obligations d'entreprises, 33 % obligations d'État (dites souveraines) et 10 % en obligations émises par des gouvernements locaux ou des institutions internationales comme la Banque européenne d'investissement ou la Banque mondiale.
Tout comme l'investissement durable en actions ou en obligations d'entreprise, l'investissement durable en obligations d'État, nécessite une analyse supplémentaire. Celle-ci consiste en une "analyse par pays" ou, plus précisément, en une enquête sur l'importance que les gouvernements nationaux accordent à la durabilité dans l'élaboration de leurs politiques. Dans le présent rapport, nous commençons par nous faire une image de ce qu'implique la "durabilité des pays". Ensuite, nous examinerons comment effectuer l'analyse de durabilité des pays. Chemin faisant, nous expliquerons en détail l'étalon que KBC a mis au point pour mesurer ses fonds obligataires durables. Enfin, nous commenterons les résultats de nos derniers calculs, effectués fin 2020 (la mise à jour 2020 du "baromètre de durabilité KBC"), ainsi que de l'évolution depuis la première analyse en 2002. L'analyse de sélection présentée dans ce rapport ne concerne que le groupe des pays développés (marchés développés). Celui des marchés émergents fait l'objet d'un rapport séparé.1
Durabilité des pays
Définitions
Actuellement, les analyses de durabilité de pays, et leur application au domaine des investissements, sont encore toujours moins fréquentes que pour les entreprises. Cela est dû à l'absence d'une description universelle du concept de "durabilité des pays" et, partant, au fait que les objectifs et les tâches des gouvernements sont plus variés que ceux des entreprises. Globalement, la politique des pouvoirs publics vise à promouvoir le bien-être général - c'est-à-dire du plus grand nombre de citoyens possible. Ce bien-être est déterminé par une multitude de facteurs : prospérité matérielle, santé, épanouissement personnel, justice, égalité des chances, libertés, absence de tensions sociales et politiques, sécurité, etc. Il importe tout autant que cette perception du bien-être ne se fasse pas au détriment de celle des générations futures, des citoyens d'autres pays ou du bien-être des animaux. Par conséquent, des aspects tels que la durabilité environnementale, la paix internationale ou l'engagement envers les pays en développement devraient aussi être pris en compte.
En ce sens, la durabilité des pays peut être définie comme "l'ensemble des réalisations, des institutions et des efforts politiques d'un pays qui favorisent le bien-être de sa population actuelle et future de manière durable, sans nuire à l'environnement et au bien-être de la population d'autres pays". Toutefois, l'interprétation pratique de cette définition est subjective et compliquée.2 Outre la multitude de facteurs pertinents, c'est aussi une conséquence des opinions divergentes sur la mesure dans laquelle le gouvernement devrait intervenir pour atteindre la durabilité. Cela peut aller d'une forte préférence pour une correction substantielle, par les pouvoirs publics, des excès possibles de la maximisation des profits des entreprises (exploitation sociale, négligence de l'environnement, etc.) à l'opinion que les principes du marché libre offrent en fin de compte encore la meilleure garantie d'une prospérité et d'un progrès durables (plus d'opportunités pour des initiatives personnelles, de plein emploi, etc.)
Valeur ajoutée
Dans le cadre des investissements en emprunts d'État, l'on recueille souvent l'avis d'agences de notation, également connues sous le nom d'agences de notation de crédit. Il s'agit de sociétés privées indépendantes qui évaluent la solvabilité des institutions émettrices de titres de créance. À l'aide de modèles de risque, ils évaluent la probabilité que ces émetteurs - outre les gouvernements, les entreprises ou les banques - puissent se trouver dans l'impossibilité de rembourser leurs dettes. Cette évaluation de la solvabilité est exprimée par une combinaison de lettres (notation) allant de AAA (triple A), la meilleure note, à D, la pire, avec tout un éventail de notes intermédiaires. Toutes les valeurs obtenant une note supérieure à un seuil déterminé sont considérées comme papier de qualité (investment grade). Les valeur inférieures dénotent les valeurs plus risquées (speculative grade ou junk).
Pour les investisseurs professionnels ou les fournisseurs de crédit, tels que les banques, les assureurs et les fonds de pension, les notations constituent un baromètre de la santé financière des gouvernements et des entreprises. Elle complètent leurs propres modèles de risque. Elles leur permettent d'évaluer le risque inhérent à l'achat de titres de créance émis par ces instances, et d'ainsi composer des portefeuilles ayant le profil de risque qui leur convient. Le niveau de la notation sert d'indicateur pour la prime de risque incorporée dans le rendement du titre de créance. Pour les émetteurs, les notations donnent une indication des intérêts qu’ils doivent verser sur leurs titres de créance. Par conséquent, elles sont souvent déterminantes pour leur structure de financement. Les agences de notation jouent donc un rôle de coordination sur les marchés financiers: elles comblent l'écart d'information entre émetteurs et investisseurs.
Avec leurs ratings, les agences de notation ne mesurent généralement que les risques purement économiques, tels que la solvabilité et la liquidité de l'émetteur. En ce qui concerne les pays, elles se fondent sur des indicateurs qui mesurent leur stabilité économique. Parmi les principaux, on notera le potentiel de croissance à long terme, la balance des paiements et la compétitivité, la dette extérieure, la dette publique et la stabilité politique. Au même titre que l'évaluation de la durabilité des entreprises, l'évaluation de la durabilité des pays représente un complément utile à l'analyse financière traditionnelle. Un pays qui investit dans la promotion durable du bien-être général de ses citoyens jette les bases d'un développement économique et politique favorable et stable pour l'avenir. Ce type d'investissement stimule une accumulation mais aussi la qualité des facteurs de production que sont le travail et le capital.3
Bien qu'utile, une analyse de la durabilité des pays présente également un inconvénient. Lorsqu'ils composent leurs portefeuilles, les gestionnaires d'actifs tiennent compte non seulement du rendement escompté, mais aussi du risque. Ils visent dès lors une diversification maximale de leurs investissements. Cependant, les critères de durabilité assujettissent leurs décisions d'investissement à des restrictions supplémentaires non financières, qui réduisent les possibilités de diversification et, toutes choses demeurant égales par ailleurs, accroissent donc le risque des portefeuilles d'investissement. La comparaison entre investissements durables et investissements classiques en termes de rendement et de risques est, au final, une question purement empirique. Des études montrent que les produits d'investissement durables, même si l'on tient compte du risque, réalisent dans la pratique des performances qui ne sont manifestement ni meilleures ni moins bonnes que celles des investissements traditionnels. Ce constat s'applique également aux investissements en obligations durables.4 La décision d'opter pour un investissement durable dépend généralement du choix fondamental de l'investisseur désireux de viser une plus-value sociétale en plus du rendement financier escompté. Indépendamment de la performance de l'investissement, la valeur ajoutée de l'analyse de durabilité des pays consiste donc à proposer aux investisseurs une dimension non financière supplémentaire.
De nombreux indicateurs de référence qui permettraient de regrouper dans un seul indice les aspects de la durabilité des pays ont été développés au cours des dernières décennies. Certains, comme l'Environmental Performance Index de l'université de Yale ou le Corruption Perception Index de Transparency International, se concentrent sur un seul aspect spécifique. D'autres, plus généraux, visent essentiellement une mesure du bien-être social plus fiable que le traditionnel PIB par habitant. Certains, comme le Human Development index des Nations Unies, ont acquis une grande renommée. La plupart des indicateurs de bien-être alternatifs demeurent étroitement corrélés au PIB par habitant. Ce n'est pas le cas pour les indices qui mesurent surtout les aspects écologiques, comme le Sustainable Society Index de la Sustainable Society Foundation ou le Happy Planet Index de la New Economics Foundation, et la corrélation est même souvent négative. En effet, les pays qui connaissent une grande prospérité matérielle en paient le prix en termes de pollution de l'environnement ou d'épuisement des ressources naturelles.5
Tous ces indices fournissent une image incomplète de ce que recouvre la notion de développement durable des pays. C'est la raison pour laquelle KBC a choisi de calculer son propre indicateur pour ses investissements obligataires durables, afin d'aborder cette problématique sous l'angle le plus large possible. En 2002 déjà, KBC Asset Management (le gestionnaire de fonds du Groupe KBC) avait calculé pour la première fois son 'baromètre de durabilité' des pays, en guise de référence pour faire des choix parmi ses fonds d'investissement durable. L'encadré à la page 4 donne un aperçu de tous les fonds obligataires durables de KBC. Le modèle d'analyse établit un classement des pays permettant de sélectionner les obligations d'État à intégrer dans l'univers d'investissement. Le modèle puise ses informations dans une banque de données alimentée annuellement de nouvelles informations sur les différents indicateurs. La méthodologie a été mise au point en collaboration avec les macro-économistes du département recherche de KBC. Elle est un donnée dynamique, adaptable en cas de besoin aux nouvelles tendances en matière de durabilité. Dans ce domaine, KBC requiert l'assistance d'un conseil consultatif indépendant d'experts dans les divers aspects de la durabilité (le SRI Advisory Board).
Encadré 1 - Les fonds obligataires durables de KBC
L'engagement de KBC à l'égard des investissements durables et socialement responsables ne date pas d'hier. Lancé en 1992, le KBC Eco Fund fut le premier fonds belge à investir dans des actions d'entreprises actives dans le secteur de l'environnement. Début 2002, KBC a également lancé le premier fonds obligataire durable sur le marché belge: le KBC Institutional Fund Ethical Euro Bonds, un compartiment de KBC Institutional Fund axé sur les investissements en obligations libellées en euro. Depuis lors, la gamme des fonds d'investissement durables de KBC s'est fortement étoffée, à la fois pour les clients privés et institutionnels. Pricos SRI, le premier fonds d'épargne-pension durable sur le marché belge, est venu compléter la gamme en 2018. L'offre d'investissements durables de KBC compte aujourd'hui plus de 50 fonds, pour un encours sous gestion global de plus de 15 milliards d'euros à fin septembre 2020. Les fonds d'obligations représentent environ un quart de ce montant. Certains de ces fonds investissent exclusivement en obligations d'entreprises. Pour sélectionner ces entreprises, les gestionnaires de fonds de KBC Asset Management ont recours à l'analyse de durabilité. Pour les fonds qui investissent en obligations d'État, ils se fondent sur les résultats du modèle d'évaluation évoqué plus haut dans ce rapport. C'est par exemple le cas dans l'approche globale pour les clients, comme avec les fonds ExpertEase.
La philosophie de KBC
Le modèle d'attribution de scores
Le modèle KBC distingue cinq thèmes : (1) Performance économique et stabilité générale ; (2) Développement socio-économique de la population ; (3) Égalité, liberté et droits de la population ; (4) Performances et assiduité environnementales ; (5) Sûreté, sécurité et relations internationales. Chaque thème est subdivisé en trois indicateurs partiels (voir plus loin). En tenant compte d'une large palette d'aspects de durabilité, nous cherchons à éviter les extrêmes. Lors de la sélection des sous-indicateurs, nous avons privilégié autant que possible des indicateurs composites, qui offrent une multitude d'informations recueillies aux sources les plus vastes.6 Tous les chiffres émanent d'organisations internationales (OCDE, Nations Unies, Banque mondiale, etc.) ou d'instances de renom, telles que le Forum Économique Mondial. Outre le certitude de la qualité de la recherche sous-jacente, elles offrent l'avantage d'être disponibles aisément et de manière régulière, et d'offrir une comparabilité internationale des données pour un grand nombre de pays.
Le modèle prend en considération les pays de l'OCDE, complétés par les pays membres et candidats à l'adhésion à l'Union européenne (UE) qui ne sont pas membres de l'OCDE. En principe, cela concerne 45 pays. À noter toutefois que pour entrer dans le calcul du baromètre de développement durable, des données doivent être disponibles pour au moins 80% des quinze indicateurs partiels considérés. En appliquant cette règle, notre filtrage nous permet d'écarter deux pays (l'Albanie et le Monténégro). Cela nous donne un total de 43 pays qui sont pris en compte dans l'analyse de développement durable. Lors de la sélection pour 2019, le groupe avait été élargi à 44 pays. Singapour avait été ajouté, bien que ne répondant pas au critère d'inclusion dans la sélection des pays développés. En effet, en consultation avec le SRI Advisory Board, nous avons décidé que compte tenu de son très haut niveau de richesse en termes de PIB par habitant, le pays appartient au groupe des pays développés plutôt qu'à celui des marchés émergents. Par conséquent, Singapour ne fait plus partie de notre sélection des marchés émergents.
Les scores des différents pays permettent d'établir un classement en deux étapes. Dans un premier temps, les valeurs originales des indicateurs sont normalisées de sorte à permettre la comparaison des scores des différents indicateurs partiels entre eux. Cela signifie que pour chaque indicateur, les valeurs brutes de chaque pays sont converties en un score compris entre zéro et un, où le pays le moins performant obtient la note zéro et le pays le plus performant la note un. Si un pays n'obtient pas de valeur pour un indicateur donné, il est écarté lors du processus de normalisation. La normalisation est donc basée sur l'une des formules suivantes, selon qu'une valeur indicative indique une performance meilleure ou moins bonne :
où N i représente la valeur indicative normalisée d'un pays i ; X i, la valeur indicative brute d'un pays i ; X min, la valeur indicative brute du pays avec la valeur indicative la plus basse ; et Xmax, la valeur indicative brute du pays avec la valeur indicative la plus haute.
Dans un deuxième temps, nous calculons pour chaque pays la somme moyenne pondérée des valeurs indicatives normalisées
où R i désigne le classement d'un pays i ; lj,i, le nombre d'indicateurs partiels pour lesquels un pays i dispose d'une note au sein d'un thème j ; wj, la pondération accordée au thème j (j = 1 à 5) ; et vk , la pondération accordée à l'indicateur partiel k (k = 1 à Ij,i). Nous choisissons d'attribuer à chacun des cinq thèmes principaux une pondération équivalente. Au sein de chaque thème, nous donnons également une même importance à chacun des trois indicateurs partiels. Cela signifie que wj = 20% et v k = 33,3%. Compte tenu de cette équipondération, le calcul revient à calculer la moyenne arithmétique.
En principe, les obligations de 50% des pays les plus performants sont éligibles à une inclusion dans l'univers d'investissement durable (approche best in class). Comme nous avons inclus 44 pays dans la sélection, la "barre de décision" se situe en dessous du 22e pays. Nous appliquons qui plus est le principe de la 'zone d'attente' pour éviter que les pays ne 'jouent à saute-mouton', en étant inclus, puis exclus de l'univers d'investissement d'une année à l'autre. Concrètement: les pays qui dépassent cette limite, mais qui restent dans une fourchette comprenant les deux pays juste au-dessus et les deux pays juste en dessous de cette limite, n'ont pas d'impact sur l'univers d'investissement. Ce n'est que lorsque la nouvelle position au-dessus ou en dessous de la limite est confirmée lors de l'analyse suivante que nous ajustons l'univers d'investissement. Tous les autres dépassements de la limite ont bien un effet immédiat sur l'univers d'investissement.
Les thèmes et indicateurs partiels
Dans cette section nous décrivons ci-après les cinq thèmes principaux et leurs indicateurs partiels qui sont pris en compte pour le calcul. Il s'agit d'une description sommaire et d'une indication de leur importance. Vous trouverez en annexe à cet article une liste complète et plus détaillée des thèmes, des indicateurs et des différents aspects.
Thème 1 - Performances économiques générales et stabilité
La prospérité d'une société repose sur la qualité et la stabilité de ses performances macroéconomiques. Concrètement, il s'agit d'un pourcentage de croissance économique satisfaisant et stable et de l'absence de déséquilibres (indicateur partiel 1.1). Ce dernier implique une utilisation aussi optimale que possible du facteur de production travail (chômage bas), de la stabilité de la valeur de l'argent (inflation basse) et d'un équilibre de la balance des paiements et du budget de l'État. Le modèle mesure la croissance réelle moyenne du PIB et sa volatilité au cours des cinq dernières années. Concernant les déséquilibres, nous additionnons le taux de chômage, l'inflation, le déficit de la balance des paiements (en % du PIB) et le déficit budgétaire (en % du PIB). À nouveau, la moyenne est considérée sur cinq ans.
Outre la situation économique actuelle, nous prenons en compte le potentiel économique futur (indicateur partiel 1.2) et la qualité des institutions publiques et privées (indicateur partiel 1.3). Pour le premier, il s'agit de l'utilisation des nouvelles technologies et des efforts en matière de recherche et de développement. Pour le deuxième, il s'agit des institutions essentielles au soutien de l'activité économique de marché, telles que la protection des droits de propriété, l'indépendance de l'appareil judiciaire et l'efficacité des dépenses publiques. Pour chacun de ces indicateurs partiels, nous utilisons le Global Competitiveness Index du Forum économique mondial, et plus particulièrement les piliers 'ICT -adoption, innovation capability et 'institutions'.
Thème 2 - Développement socio-économique de la population
Hormis les performances économiques et la stabilité, les gouvernements ont également pour objectif le développement économique et social de la population. Les traditionnels indicateurs du développement, tels que le PIB par habitant, la pauvreté parmi la population et l'espérance de vie de la population (indicateur partiel 2.1), constituent un premier indicateur auquel nous nous intéressons. Un deuxième indicateur mesure les réalisations et les efforts politiques en matière d'enseignement et de participation de la population au marché de l'emploi (indicateur partiel 2.2). Il s'agit ici d'une part de la participation dans l'enseignement et du niveau de ce dernier (le sous-indice 'skills' du Global Competitiveness Index du Forum économique mondial) et d'autre part du niveau d'emploi (nombre de travailleurs en % de la population à l'âge de 15+).
Le deuxième thème recouvre également la situation et les efforts politiques en matière de santé publique (indicateur partiel 2.3). A cette fin, nous utilisons les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé relatifs au nombre de personnes employées dans le secteur des soins de santé (médecins, dentistes, pharmaciens et infirmiers par 100.000 habitants) et les dépenses publiques en matière de soins de santé (en % du PIB).
Thème 3 - Égalité, liberté et droits de l'homme
L'État a pour mission de limiter les inégalités entre les citoyens mais aussi de leur offrir des libertés et des droits afin qu'ils puissent se développer et prendre des initiatives. Nous mesurons l'inégalité parmi la population à l'aide de l'inégalité des revenus et plus particulièrement du coefficient Gini (indicateur partiel 3.1).
En ce qui concerne les droits politiques et les libertés individuelles, nous utilisons l'indice 'voix et responsabilité' des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (indicateur partiel 3.2). Celui-ci prend en compte tous les droits et libertés traditionnels (liberté d'expression, de religion, de la presse, de déplacement, etc.). Une attention spécifique est portée à l'exercice simple du droit à la libre entreprise (indicateur partiel 3.3), ce que nous mesurons à l'aide de l'indice 'Ease of Doing Business' du Doing Business Report de la Banque mondiale.
Thème 4 - Performances et efforts environnementaux
Le modèle évalue également les progrès réalisés en termes de qualité environnementale (air, eau, biodiversité, etc.) ainsi que la réduction de la pression sur l'environnement (réduction des déchets, recul de l'épuisement des matières premières, etc.). Dans ce quatrième thème, nous mettons l'accent sur trois aspects: les performances environnementales, l'empreinte écologique et le changement climatique. Le premier est mesuré à l'aide du Environmental Performance Index des universités de Yale et de Columbia (indicateur partiel 4.1). Il est composé d'indices de référence dédiés à la pollution environnementale, la biodiversité, la gestion des forêts, la surpêche, etc.
Le deuxième aspect est mesuré à l'aide de l'empreinte écologique du Rapport planète vivante du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) (indicateur partiel 4.2). Ce chiffre quantifie la surface terrestre et d'eau biologiquement productive dont population a besoin pendant un an pour maintenir son niveau de consommation et pour traiter sa production de déchets. Nous abordons les aspects liés au changement climatique par le truchement du Climate Change Performance Index de Germanwatch et du Réseau Action Climat (CAN) Europe (indicateur partiel 4.3). Celui-ci compare les progrès réalisés en matière de protection climatique par les pays responsables de 90% des émissions de CO2.
Thème 5 - Sécurité, paix et relations internationales
Le dernier thème se concentre sur l'existence et la réalisation de la sécurité et de la paix et sur les relations internationales entre les pays. La sécurité et la paix représentent l'un des besoins primaires les plus importants des citoyens et constituent en même temps des conditions nécessaires à la prospérité économique. Pour les mesurer, nous utilisons le Global Peace Index de Vision of Humanity (indicateur partiel 5.1). Celui-ci cartographie les conflits existants et évalue l'insécurité, par exemple au moyen du nombre d'homicides et d'attentats, et la facilité à se procurer des armes.
Les relations internationales entre les pays revêtent deux dimensions. La première concerne la disposition des pays à ouvrir leurs frontières et à conclure des traités internationaux (indicateur partiel 5.2). Nous la mesurons grâce à l'Index of Globalisation du KOF Institute. Ce dernier prend en considération la mondialisation économique, sociale et politique. La seconde dimension est évaluée en examinant la situation concernant la ratification des traités internationaux majeurs (principalement ceux qui concernent les droits fondamentaux du travail et de l'Homme). La deuxième dimension concernant les relations internationales s'intéresse au niveau d'engagement des pays dans le cadre de l'aide au développement et est mesurée par le Commitment to Development Index du Centre for Global Development (indicateur partiel 5.3).
Résultats de l'analyse
Baromètre de la durabilité : mise à jour 2020
Le Danemark, la Suède et la Norvège occupent dans cet ordre les trois premières places du classement général des pays du baromètre KBC du développement durable (voir tableau 1 page 7). La Suisse et la Finlande obtiennent également de très bons résultats, avec respectivement une quatrième et une cinquième place. Les pays scandinaves et la Suisse sont en tête du classement depuis le début de notre sélection en 2002 (voir ci-dessous) et prouvent de manière convaincante que les performances économiques, sociales et environnementales et les objectifs politiques ne doivent pas nécessairement s'opposer mais peuvent, au contraire, se renforcer mutuellement.
Les changements de classement d'année en année restent habituellement limités. Il s'agit souvent de glissements d'une à deux places qui ont peu d'impact parce que les notes des pays sont parfois très proches les unes des autres (phénomène du 'saute-mouton'). Nous identifions toutefois quelques changements significatifs par rapport au précédent classement de 2019. Le Japon (+3 places), l'Estonie et la Corée du Sud (+4 places chacun) affichent des progressions remarquables dans le nouveau classement. Les baisses les plus marquées concernent l'Espagne (-3 places), Malte (-5 places) et Israël (-7 places). Les pays d'Europe centrale et orientale méritent une mention spéciale car ils progressent presque tous dans le classement (la Lettonie et la Bulgarie étant les seules exceptions).
Cette fois-ci, la Belgique est restée stable dans le baromètre de la durabilité. Elle occupe la 14e place dans le classement des 44 pays. C'est au niveau du thème 'Sécurité, paix et relations internationales' que notre pays obtient les meilleurs résultats (7e place). La note la moins bonne (une 29e place) concerne le thème 'Performances et efforts environnementaux'. Vous trouverez plus de détails sur les performances de la Belgique dans l'analyse par pays dans un avis économique de KBC, publié parallèlement à ce rapport.7
Changements apportés à l'univers d'investissement
Les obligations des 50% des pays les plus performants sont éligibles à une inclusion dans l'univers d'investissement durable (approche best in class). KBC applique par ailleurs un critère d'exclusion supplémentaire. Celui-ci est basé sur une liste que nous établissons annuellement sur les « régimes controversés » et qui prend en compte les données pour 197 pays concernant les Political Rights and Civil Liberties du Freedom House et des Worldwide Governance Indicators de la Banque mondiale. KBC écarte les quinze pays les plus controversés de tous les fonds d'investissement. Pour les fonds durables, nous allons encore plus loin : nous excluons de l'univers d'investissement toutes les obligations d'État qui figurent dans la moitié supérieure de la liste qui est élaborée pour identifier les régimes controversés (même s'ils appartiennent aux 50% les pays les plus performants dans l'exercice de screening qui fait l'objet de ce rapport.
Comme nous avons inclus 44 pays dans l'analyse, la "barre de décision de 50 %" se situe en dessous du 22e pays (République tchèque). L'Espagne a dépassé la barre de 50 % lors de la précédente analyse fin 2019, mais dans la fourchette d'attente (c'est-à-dire la fourchette de deux pays au-dessus et de deux pays en dessous de la barre). Par conséquent, le pays n'avait pas été inclus dans l'univers d'investissement à cette époque (voir les principes de décision ci-dessus). Dans la mise à jour 2020, l'Espagne passe à nouveau sous la barre de 50 % et l'inclusion dans l'univers d'investissement n'est plus à l'ordre du jour. La République tchèque dépasse la barre de 50 % dans la dernière mise à jour, mais reste dans la fourchette d'attente. La position ci-dessus devra donc être confirmée lors de la prochaine sélection que nous ferons fin 2021, avant que le pays puisse être inclus dans l'univers d'investissement.
Il est possible qu'un pays obtienne un score supérieur à la barre de 50 % et soit donc en principe inclus dans l'univers des investissements, mais qu'il obtienne un score particulièrement mauvais sur l'un des cinq thèmes. Un score aussi médiocre, même sur un seul thème, n'est en fait pas conforme à la volonté d'inclure uniquement les pays les plus durables dans les fonds d'investissement durable de KBC. C'est pourquoi nous avons décidé, en consultation avec le SRI Advisory Board (le conseil consultatif indépendant d'experts qui assiste KBC dans les différents aspects de la durabilité), d'exclure de l'univers d'investissement les pays qui ont un score global supérieur à la barre de 50 % mais qui appartiennent au groupe des 10 % les moins bien notés pour un (ou plusieurs) des cinq thèmes. Lors de la dernière mise à jour du baromètre de la durabilité, un pays, le Canada, figurait parmi les 10 % de pays les moins bien notés pour le thème 4 ("Performance et engagement environnementaux"), se classant 41e sur un total de 44 pays. Pour cette raison, nous écartons le Canada de l'univers d'investissement, malgré sa position (19e place) au-dessus de la barre de 50 % dans le classement général des pays.
Figure 1 - Évolution du classement des pays 2002-2020 dans le baromètre du développement durable de KBC
Premier constat: les pays scandinaves, ainsi que la Suisse, occupent les premières places du classement des pays sur l'ensemble de la période (voir encart en haut à gauche dans le graphique 1). On remarque de fortes variations d'une année à l'autre, mais celles-ci sont souvent liées au fait que les notes de ces pays sont très proches les unes des autres et jouent donc à 'saute-mouton' dans le classement. Pour d'autres pays, les notes sont plus espacées les unes des autres de telle sorte que les variations de leurs positions dans le classement au fil du temps sont moins saccadées.
L'encart en haut à droite dans le graphique 1 montre l'évolution de la position des quatre grands blocs économiques mondiaux (pour la zone euro nous calculons la moyenne pondérée du PIB des classements des pays membres). Les positions relatives restent plus ou moins stables, avec l'Europe (et surtout le Royaume-Uni), constamment mieux placée que les États-Unis et le Japon. Le Japon a perdu des places jusqu'en 2016 alors que de leur côté, les États-Unis ont progressé. Lors de l'actualisation en 2016, le Japon a été un moment dépassé par les États-Unis. La position relative des deux pays s'est à nouveau inversée lors des quatre dernières actualisations. Si, hormis le Japon, la zone euro et le Royaume-Uni ont grapillé des places dans le classement, les États-Unis ont quant à eux essuyé un sérieux recul. Lors de la dernière mise à jour (fin 2020), la zone euro a légèrement régressé, tandis que les trois autres blocs économiques ont quelque peu progressé.
La Grèce reste bloquée à la dernière place dans le classement au sein de la zone euro. Les pays lourdement touchés sur le plan socio-économique durant la crise financière à partir de 2008 avaient déjà perdu pas mal de places dans le classement durant les années qui ont précédé cette crise. L'on peut donc dire que le baromètre de durabilité avait un caractère prémonitoire. La partie inférieure droite de la figure 1 montre les pays (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne, à l'époque appelés PIGS) qui ont connu de graves difficultés pendant la crise financière. De ces quatre pays, c'est le Portugal qui a le moins souffert et son classement est dès lors resté le plus stable. L'Irlande s'est sortie le plus rapidement de la crise sur le plan économique, ce qui s'est également traduit par une amélioration du classement durant la période 2012-2016. Le pays a de nouveau mal performé ces dernières années, surtout pour ce qui concerne le thème des 'performances et efforts environnementaux'. L'Espagne, en revanche, a vu sa position relative s'améliorer depuis 2016, bien que ses performances se soient quelque peu détériorées lors de la dernière mise à jour.
L'encart en bas à gauche dans le graphique 1 compare les performances de la Belgique avec ses trois pays voisins (les Pays-Bas, l'Allemagne et la France). Sur l'ensemble de la période 2002-2020, la Belgique a obtenu des résultats systématiquement inférieurs à ceux de l'Allemagne et des Pays-Bas dans le baromètre de la durabilité. La position par rapport à la France a été tantôt meilleure, tantôt pire, mais depuis 2017, le score belge est également inférieur à celui de la France. Ces dernières années, l'Allemagne et la France ont à nouveau pu compenser la perte essuyée jusqu'en 2015. Étonnamment, l'Allemagne a de nouveau perdu deux places lors de la dernière actualisation du baromètre de durabilité. La position des Pays-Bas est restée relativement stable tout au long de la période, à un niveau assez élevé.
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WCED (1987), “Report of the World Commission on Environment and Development. Our common future”, New York, United Nations.
Note de bas de page
1Voir le rapport de recherche de KBC, "Investing in sustainable government bonds : sustainability of nascent markets update 2020" (26 janvier 2021).
2Cette description rejoint celle attribuée au développement durable telle que présentée pour la première fois par la Commission Brundtland (voir WCED, 1987).
3La corrélation entre les aspects de la durabilité d'une part et le développement économique et la stabilité politique d'autre part a été largement démontrée dans la littérature. Voir par exemple Mellios & Paget-Blanc (2006) et North, entre autres. (2008).
4Voir Bulletins économiques de KBC, numéro 20 (2014) pour un relevé de la littérature concernant les performances financières des fonds d'investissement durables. Voir Derwall & Koedijk (2009), Drut (2010) et Leite & Cortez (2016) pour les études consacrées aux performances des obligations durables.
5Voir Bulletins économiques de KBC, numéro 26 (2015), pour un aperçu et une analyse détaillée.
6Pour le choix des indicateurs partiels, nous avons veillé à ce que les corrélations sous-jacentes ne soient pas trop élevées.
7Voir l'Opinion économique de KBC "La Belgique est en retard en termes de durabilité par rapport aux pays voisins" du 27 janvier 2021.
Appendix: Thèmes détaillés et sous-indicateurs du baromètre du développement durable de KBC
Theme 1 - General economic performance and stability
Indicator 1.1: Macroeconomic Performance & Absence of Disequilibria (Source: own calculation based on IMF data)
- Real GDP growth (%, average of past 5 years) (25%)
- Volatility of economic growth (standard deviation of real GDP growth over past 5 years) (25%)
- Sum of inflation (%), unemployment rate (% of labour force), current account deficit (% of GDP) and government deficit (% of GDP) (average of past 5 years) (50%)
Indicator 1.2: Future Business Potential (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
ICT adoption (50%):
- Mobile-cellular telephone subscriptions
- Mobile-broadband subscriptions
- Fixed-broadband internet subscriptions
- Fibre internet subscriptions
- Internet users
Innovation capability (50%):
- Interaction/diversity (workforce diversity, state of cluster development, international co-inventions, multistakeholder collaboration)
- Research and development (scientific publications, patent applications, R&D expenditures, research instutions prominence)
- Commercialisation (buyer sophistication, trademark applications)
Indicator 1.3: Public and private institutions (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
- Security (organized crime, homicide rate, terrorism incidence, reliability of policy services)
- Social capital
- Checks and balances (budget transparency, judicial independence, freedom of the press,...)
- Public sector performance (burden of government regulation, efficiency of legal framework in setting disputes,...
- Transparency (incidence of corruption)
- Property rights (intellectual property protection, quality of land administration,...)
- Corporate governance (strength of auditing and accounting standards, shareholder governance,...)
- Future orientation of government (ensuring policy stability, long-term vision, renewable energy regulation,...)
Theme 2 - Socio-economic development of population
Indicator 2.1: Core Development Indicators (Source: World Bank; OECD)
- GDP per capita (33%)
- Poverty rate (population living below 50% of median income) (33%)
- Life expectancy at birth (number of years) (33%)
Indicator 2.2: Commitment to Education & Employment
Skills index (50%) (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
- Current workforce (school life expectancy)
- Skills of current workforce (extent of staff training, quality of vocational training, ease of finding skilled employees,...)
- Future workforce (school life expectancy)
- Skills of future workforce (critical thinking in teaching, pupil-teacher ration in primary education)
Employment rate (50%) (Source: World Development Indicators, World Bank)
- People employed as a % of people aged 15+
Indicator 2.3: Commitment to Health
Healthcare Workforce (50%) (Source: World Health Organisation)
- Number of healthcare workers (physicians, dentist, pharmacists, nurses) (per 100 000 population)
Healthcare Expenditures (50%) (Source: World Health Organisation)
- Public expenditures on health (% of GDP)
Theme 3 - Equality, freedom and rights of the population
Indicator 3.1: Prevalence of Inequality (Source: World Development Indicators, World Bank)
- GINI coefficient
Indicator 3.2: Voice, Political Rights and Civil Liberties (Source: sub-index Voice and Accountability from Governance Indicators, World Bank)
Measuring (perceptions of) the extent to which a country’s citizens are able to participate in selecting their government, as well as freedom of expression, freedom of association, and a free media:
- Civil liberties: Freedom of speech, of assembly and demonstration, of religion, equal opportunity, of excessive governmental intervention
- Political Rights: free and fair elections, representative legislative, free vote, political parties, no dominant group, respect for minorities
- Freedom of the Press
- Travel: domestic and foreign travel restrictions
- Imprisonments: Are there any imprisoned people because of their ethnicity, race, or their political, religious beliefs?
- Democratic Accountability. Quantifies how responsive government is to its people, on the basis that the less response there is the more likely is that the government will fall, peacefully or violently. It includes not only if free and fair elections are in place, but also how likely is the government to remain in power
- Representativeness: How well the population and organized interests can make their voices heard in the political system
Indicator 3.3: Ease of Doing Business (Source: index Doing Business, World Bank)
- Starting a business
- Dealing with construction permits
- Getting electricity
- Registering property
- Getting credit
- Protecting minority investors
- Paying taxes
- Trading across borders
- Enforcing contracts
- Resolving insolvency
Theme 4 - Environmental performance and commitment
Indicator 4.1: Environmental Performance Index (Source: Yale University & Colombia University in collaboration with World Economic Forum)
- Environmental burden of disease
- Water (effects on humans): adequate sanitation & drinking water
- Air pollution (effects on humans): indoor air pollution, urban particulates, local ozone
- Water (ecosystem vitality): water quality index, water stress
- Air pollution (ecosystem vitality): regional ozone, sulphur dioxide emissions
- Biodiversity & habitat: conservation risk index, effective conservation, critical habitat protection, marine protected areas
- Forestry: growing stock
- Fisheries: marine trophic index, trawling intensity
- Agriculture: irrigation stress, agricultural subsidies, intensive cropland, burnt land area, pesticide regulation
- Climate change: emissions/capita, emissions/electricity generated, industrial carbon intensity
Indicator 4.2: Ecological Footprint (Source: Living Planet Report, WWF)
- Extent of human demand on ecosystems (global hectares per person)
Indicator 4.3: Climate Change Performance Index (Source: Germanwatch & Climate Action Network Europe)
- Per-capita emissions trend in four sectors (energy, transport, residential, industry) (50%)
- Absolute, energy-related CO2 emissions (30%)
- Evaluation of the countries’ domestic as well as international climate policy (20%)
Theme 5 - Security, peace and international relationships
Indicator 5.1: Global Peace Index (source: Vision of Humanity)
Measures of Ongoing Domestic and International Conflict:
- Number of external and internal conflicts fought: 2001-06
- Estimated number of deaths from organised conflict (external)
- Number of deaths from organised conflict (internal)
- Level of organised conflict (internal)
- Relations with neighbouring countries
Measures of Societal Safety and Security:
- Number of displaced people as a percentage of the population
- Political instability
- Level of disrespect for human rights (Political Terror Scale)
- Potential for terrorist acts
- Number of homicides per 100,000 people
- Level of violent crime
- Likelihood of violent demonstrations
- Number of jailed population per 100,000 people
- Number of internal security officers and police per 100,000 people
Measures of Militarization:
- Military expenditure as a percentage of GDP
- Number of armed services personnel per 100,000 people
- Volume of transfers (imports) of major conventional weapons per 100,000 people
- Volume of transfers (exports) of major conventional weapons per 100,000 people
- UN Deployments 2007-08 (percentage of total armed forces)
- Non-UN Deployments 2007-08 (percentage of total armed forces)
- Aggregate number of heavy weapons per 100,000 people
- Ease of access to small arms and light weapons
- Military capability/sophistication
Indicator 5.2: Commitment to Development Index (Source: Centre for Global Development)
- The aid component moves beyond standard but narrow comparisons of the quantity of aid governments give, factoring in quality too. It penalizes donors for giving aid to rich or corrupt governments, for overburdening recipients with lots of small aid projects, or for “tying” aid, which forces recipients to spend it on the donor country’s own goods rather than shop around for the lowest price. The component also rewards tax deductions and credits that support private charity.
- The trade component penalizes countries for erecting barriers to imports of crops, clothing, and other goods from poor nations. It looks at two kinds of barriers: tariffs (taxes) on imports, and subsidies for domestic farmers, which stimulate overproduction and depress world prices. Such barriers deny people in poor countries jobs and income.
- The investment component compares rich countries on policies that encourage constructive investment in poor countries. It is based on a checklist of 22 questions: Do governments allow public pension funds to invest in poor countries? Do they offer insurance against political risks, such as expropriation, to encourage domestic companies to venture abroad? Do they first check for potential environmental and labour rights abuses in factories to be insured?
- The migration component compares rich countries on how easy they make it for people from poor ones to immigrate, find work or get education, send home money--and even return home with new skills and capital.
- The environment component compares rich countries on policies that affect shared global resources such as the atmosphere and oceans. Rich countries use these resources disproportionately while poor ones are less equipped to adapt to the consequences, such as global warming. Countries do well if their greenhouse gas emissions are falling, if their gas taxes are high, if they do not subsidize the fishing industry, and if they control imports of illegally cut tropical timber.
- The security component compares rich countries on military actions that affect developing countries. Rewarded are contributions to international peacekeeping and forcible humanitarian interventions that have an international mandate—unlike the invasion of Iraq but like the NATO intervention in Kosovo. Countries also get points for protecting sea lanes for global trade, but lose them for exporting weapons to authoritarian regimes with heavy military spending.
- The technology component analyses policies of the rich countries that support creation and dissemination of new technologies, which can profoundly shape life in developing countries. The component rewards government funding and tax breaks for R&D but penalizes certain patent and copyright rules deemed too restrictive to the flow of ideas across borders.
Indicator 5.3: Index of Globalisation (Source: KOF Institute; United Nations for International Treaties)
Measures of Economic Globalisation (data on flows and on restrictions; Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (25%):
- Trade (% of GDP)
- Foreign direct investments (flows & stocks, % of GDP)
- Portfolio investment (% of GDP)
- Income payments to foreign nationals (% of GDP)
- Hidden import barriers
- Taxes on international trade (% of current revenue)
- Capital account restrictions
Measures of Social Globalisation (data on personal contact, information flows and cultural proximity; Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (25%):
- Outgoing telephone traffic
- International tourism (% of total population)
- Foreign population (% of total population)
- International letters (per capita)
- Internet users (per 1000 people)
- Cable television (per 1000 people)
- Trade in newspapers (% of GDP)
- Radios (per 1000 people)
- Number of McDonald’s restaurants and Ikea (per capita)
- Trade in books (% of GDP)
Measures of Political Globalisation (Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (25%):
- Number of embassies
- Membership of international organisations
- Participation in UN Security Council Missions
Ratification of International Treaties (Source: United Nations) (25%)
Status of Major International Human Rights Instruments:
- International convention on the prevention and punishment of the crime of genocide
- International convention on the elimination of all forms of racial discrimination
- International convenant on civil and political rights
- International convenant on economic, social and cultural rights
- Convention on the elimination of all forms of discrimination against women
- Convention against torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment
- Convention of the rights of the child
Status of Fundamental Labour Rights Conventions:
- Freedom of association and collective bargaining
- Elimination of forced and compulsory labour
- Elimination of discrimination in respect of employment and occupation
- Abolishment of child labour
Status of Major Environmental Treaties:
- Cartagena protocol on biodiversity
- Framework convention on climate change
- Kyoto protocol to the framework convention on climate change
- Convention on biological diversity
- Vienna Convention for the Protection of the Ozone Layer
- Montreal Protocol on Substances that deplete the Ozone Layer
- Stockholm Convention on Persistent Organic Pollutants
- Convention to Combat Desertification