Les Démocrates majoritaires à la Chambre des Représentants
Les marchés
Les Américains se sont rendus aux urnes en masse pour les élections intermédiaires, mieux connues sous le terme "midterm elections". Les Démocrates ont décroché une majorité à la Chambre des Représentants, tandis que les Républicains ont consolidé leur majorité au Sénat. Les États-Unis se retrouvent donc à nouveau avec un "split Congress". Cette issue n'a rien d'étonnant. Mis à part Bush Jr. après les événements du 11 septembre, il faut en effet retourner en 1936, à l'époque du très populaire "FDR", pour trouver un exemple d'élections intermédiaires lors desquelles le parti du président en place était parvenu à gagner du terrain.
À présent que les Démocrates détiennent à nouveau la majorité à la Chambre des Représentants, ils vont devoir trouver un équilibre entre la tentation de contrecarrer les plans du président Trump et la nécessité d'assumer leurs responsabilités envers leur électorat. Après avoir vu Donald Trump régner en maître pendant deux ans, il doit en effet être tentant pour eux de reprendre les rênes à présent qu'ils en ont enfin l'occasion. Quoi qu'il en soit, ils devront continuer à collaborer avec le Sénat, contrôlé par les Républicains, de sorte que la principale responsabilité qui leur incombera consistera à exercer une surveillance attentive. Au besoin, le parti démocrate pourra aussi, en sa qualité de président de diverses commissions — dont celle des Affaires étrangères — procéder à des auditions et citations de témoins. Une Chambre dominée par les Démocrates constitue dès lors un poste de contrôle ou rempart additionnel. Mais cela va-t-il vraiment changer la donne? Une large frange de Républicains (plus) modérés n'était déjà pas toujours d'accord avec nombre des propositions de lois de Donald Trump. Mais ce dernier trouvait toujours la parade en recourant aux fameux "executive orders". Or, ceux-ci existent toujours…
Impact sur la politique étrangère?
D'où la question: à quels changements peut-on s'attendre? Pas beaucoup. Les deux partis comptaient jusqu'ici tant des partisans que des détracteurs du conflit commercial avec la Chine. Désormais, les Démocrates pourront faire en sorte que cette "guerre" ne dégénère pas. Les négociations en cours avec la Corée du Nord se poursuivront également. Les Démocrates soutiennent ce dialogue, mais ils veilleront à ce que Donald Trump ne conclue pas un accord à n'importe quel prix. La querelle avec l'Iran fait par contre beaucoup moins l'unanimité. La plupart des Démocrates étaient furieux lorsque Donald Trump s'est retiré de l'accord nucléaire qui avait été négocié par le président Obama en 2015. Mais aussi longtemps qu'un Républicain règne sur la Maison Blanche, ils ne peuvent pas y faire grand-chose. Les Démocrates vont en tout cas vouloir pousser plus loin l'enquête sur l'ingérence russe, et notamment sur les relations personnelles de Donald Trump.
L'économie américaine déjà vigoureuse a encore davantage profité des incitants fiscaux du président Trump. Les indices boursiers ont atteint des sommets en 2018 et évoluent depuis près de 10 ans dans un marché haussier. La grande question qui préoccupe nombre d'investisseurs est de savoir quand celui-ci prendra fin, et avec quelle brutalité. À présent que les Démocrates ont repris le contrôle de la Chambre, il ne faut plus s'attendre à de nouveaux incitants (fiscaux). En octobre, la bourse a déjà subi une abrupte correction. Le marché de l'emploi reste cependant extrêmement vigoureux et on ne relève aucun ralentissement non plus du côté de la croissance économique. À moyen et long terme, ces élections intermédiaires auront peu d'impact sur les marchés. Le dollar américain et les taux d'intérêt ont néanmoins fait un petit pas en retrait ce matin.