Toutes voiles dehors: l’aval du gouvernement chinois
Politique monétaire: modérément accommodante
Politique fiscale: extrêmement anticyclique
Marché des actions: à soutenir
Secteur immobilier: à stabiliser
Les paramètres sont réglés!
Le Politburo chinois, sous la houlette du président Xi Jinping, s’est exprimé. Son conclave de décembre a défini les lignes directrices de la réunion annuelle qui se tiendra à partir de mercredi prochain. Il s’agit notamment de déterminer l’objectif de croissance et la manière dont les pouvoirs publics contribueront à l’atteindre. Fin septembre, le gouvernement chinois avait progressivement commencé à mettre en œuvre des mesures de soutien. Il poursuit sur sa lancée: pour stimuler la confiance et les dépenses des consommateurs chinois, faire redémarrer l’économie et se prémunir contre le retour du président américain Trump, il est permis de desserrer les cordons de la bourse. Il y aura des abaissements de taux importants, doublés d’une bonne dose d’achats d’actifs et d’exubérance budgétaire. Le soutien fiscal avait été amorcé, mais cet aval donné à une nouvelle trajectoire monétaire est frappant: cela ne s’était plus produit depuis 2011, quand le gouvernement avait décidé de passer d’une ligne ‘modérément souple’ à ‘prudente/stable’. Outre la croissance relativement faible, la Chine flirte déjà avec la déflation depuis le milieu de l’année dernière. Ce matin, le taux d’inflation pour novembre n’affichait qu’une hausse de 0,2% en glissement annuel. Les prix des producteurs baissent en continu depuis plus de deux ans (à nouveau en base annuelle; -2,5% en glissement annuel en novembre). À présent, le mix de mesures politiques concocté par le gouvernement évoque les trois piliers économiques mis en œuvre par le Premier ministre japonais Abe Shinzo à partir de fin 2012 (Abenomics), qui avait voulu combiner des mesures de relance exceptionnelles (fiscales et monétaires) et des réformes structurelles afin de dynamiser la croissance et l’inflation anémiques.
L’annonce est intervenue juste avant la fermeture des bourses asiatiques, mais a eu le temps de donner un coup de pouce de 3% aux marchés chinois et hongkongais. Les bourses européennes, qui étaient sur la voie d’une ouverture en mode mineur après la chute du régime syrien qui ajoute une couche d’incertitude supplémentaire aux rapports de pouvoir au Moyen-Orient, affichent maintenant des gains prudents. Le taux chinois à 10 ans a encore perdu 5 points de base pour tomber à 1,93%, un nouveau record de faiblesse. Sur le marché des changes, l’impact sur le yuan chinois reste provisoirement limité. Le taux de référence officiel est resté stable et le cours USD/CNY demeure proche de ses sommets annuels, autour de 7,27/7,30. Il est possible que la Chine garde cette arme (un affaiblissement de la devise) sous le coude pour le moment où les choses s’envenimeront avec les États-Unis.
Les nouvelles de Pékin sont un intermède bienvenu pour combler un agenda économique par ailleurs vide. Au niveau des chiffres, le rapport américain sur l’inflation pour novembre (mercredi) constituera la dernière source de données avant la réunion de la Fed de la semaine prochaine. Nous ne nous attendons pas à ce que le rapport sur les prix influence encore son verdict (abaissement attendu de 25 pb). Pour cette semaine, nous assisterons aux dernières réunions de politique de l’année en Australie (demain), au Canada (mercredi), en Suisse et dans la zone euro (jeudi). Nous y reviendrons en détail en temps voulu.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC