Nouvelle année, même contexte sur le marché
Depuis la dernière réunion de la Fed de l’année dernière, les conditions de marché n'ont quasiment pas évolué. La banque centrale américaine a tracé une trajectoire de croissance plus forte et d’inflation plus élevée pour 2025, ce qui laisse moins de place pour de nouvelles baisses de taux cette année (2x 25 pb) et pour le reste de l'horizon de politique (au-dessus du taux taux neutre de 3 % jusque fin 2027). Bon gré mal gré, la trajectoire budgétaire et protectionniste du futur président Trump a déjà laissé des traces dans le virage plus agressif opéré par la Fed, qui accorde à nouveau plus d’importance aux risques inflationnistes haussiers. Les taux d'intérêt (réels) américains ont progressé, entraînant le dollar dans leur sillage. Depuis la veille de cette réunion de la Fed, les taux US ont enregistré des hausses allant de 10 pb (taux à 2 ans) à 25 pb (taux à 30 ans). Ce matin, le taux à 30 ans a dépassé son sommet de 2024 (4,85 %). La courbe des taux se raidit. L’écart entre les taux à 2 ans et à 10 ans s’élève à 35 pb, le plus grand différentiel positif depuis la mi-2022. La semaine dernière, le cours EUR/USD est tombé à un nouveau plancher de 1,0226 par rapport aux niveaux d’environ 1,05 de la mi-décembre. Le cours USD/JPY continue de fluctuer autour de ses sommets de décembre (158) en raison de la position de la Banque du Japon. Le cours USD/CNY teste un niveau de résistance technique crucial autour des plafonds de 2022 (7,32) et 2023 (7,35). Le yuan chinois n'avait plus affiché de cours aussi faibles depuis fin 2007.
C'est dans ce contexte que nous nous préparons à une première importante série de chiffres cette semaine. La semaine passée, nous avons déjà pu constater un rebond de la confiance (indice ISM) dans l’industrie manufacturière, grâce à la reprise observée dans les carnets de commandes. À partir de demain, les publications vont s'enchaîner avec l'indice de confiance ISM du secteur des services et toute une série de chiffres relatifs au marché de l’emploi (nombre de postes vacants, rapport ADP, demandes de chômage hebdomadaires et « payrolls »). Même des données plus faibles ne remettront pas en cause le résultat de la réunion de politique de janvier (statu quo). Nous pensons que le marché se focalise surtout sur la date du 20 janvier, jour d'investiture de Donald Trump. Une première émission d’obligations d’État américaines (3, 10 et 30 ans) va permettre d'évaluer l’appétit des investisseurs pour les niveaux de taux actuels. En règle générale, les premières adjudications de l’année se déroulent sans problème.
En Europe, nous connaîtrons demain les taux de l’inflation pour le mois de décembre. En Espagne, les chiffres ont rebondi plus que prévu la semaine dernière (0,4 % en glissement mensuel et 2,8 % en glissement annuel). Mais comme aux États-Unis, ces chiffres n’influenceront pas l'issue de la première réunion de la BCE cette année (-25 pb). Bien que la présidente de la BCE insiste sur le fait que la politique de la BCE ne dépend pas de la trajectoire empruntée par la Fed, les taux d’intérêt européens à court et à long terme sont également moins attendus à la baisse. Pour cette année, le marché monétaire européen table désormais sur quatre baisses de taux supplémentaires de 25 pb (à 2 %), au lieu de cinq il y a à peine un mois. La politique jouera également un rôle important en ce début d"année sur le vieux continent. En France, le gouvernement tente toujours de concocter un budget, alors qu'en Allemagne, le compte à rebours pour les législatives du 23 février a été lancé. Du point de vue du marché, le rôle éventuel de la politique budgétaire en tant que levier de croissance constituera l'un des enjeux de l'élection.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC