Ne cherchez pas le boss !

La théorie TACO ("Trump Always Chickens Out", "Trump se dégonfle toujours") a pris un peu de plomb dans l'aile. Il y a environ deux semaines, le président américain s’est vu poser la "question qui fâche". Y a-t-il un schéma ? Aboyer, mais pas mordre. Avec le risque de finir par devenir une caricature de lui-même, Trump opte depuis lors de plus en plus pour l’attaque. Résulat, le "Sell America" est de retour. Ou pas entièrement... Grâce aux taux d’inflation meilleurs que prévu (toujours aucun impact de la guerre commerciale), les obligations d'État américaines restent épargnées. C’est surtout vis-à-vis de la partie longue de la courbe que nous nous montrons circonspects, alors que la "Big Beautiful Bill" suit son chemin au congrès américain.
Une corrélation inhabituelle est apparue dans les jours qui ont précédé et suivi le "Liberation Day". Tant les obligations américaines que le dollar et les actions US ont subi des pressions à la vente. La crédibilité de l’institut Amérique, y compris la valeur refuge ultime (les "Treasuries"), est écornée par la politique commerciale protectionniste et des plans budgétaires démesurés. Plus Trump crie fort, plus les investisseurs se détournent des actifs américains. Ces derniers jours, c'est le dollar qui a d'abord éét visé. À moyen terme, le cours EUR/USD reste coincé dans un schéma "buy-the-dip" (acheter à la baisse) en direction de 1,2349 et a atteint un nouveau sommet pluriannuel au-dessus de 1,16. À un petit mois de l'expiration (8 juillet) de la pause sur les droits de douane réciproques imposés aux partenaires commerciaux de Washigton, Trump a décidé d’accentuer la pression. D'ici une semaine, les différents pays ou blocs commerciaux (à l'exception de la Chine) seront informés du niveau des tarifs qui leur seront appliqués. Cette notification servira surtout de moyen de pression pour tenter de trouver un accord-cadre. "LE FOUET POUR CELUI QUI N'EST PAS SAGE" Dans un alternance entre la carotte et le bâton, le ministre des Finances, Scott Bessent, montre l'autre côté de la médaille. Les partenaires commerciaux qui, aux yeux des États-Unis, mettent tout en œuvre pour parvenir rapidement à un accord commercial bénéficieront d'une prolongation de la pause tarifaire. "DES BONBONS POUR CEUX QUI SONT SAGES"
Dans le même temps, Trump accentue de nouveau la pression sur le président de la Fed, Jerome Powell. Monsieur "TROP TARD" est désormais aussi qualifié d'"IMBÉCILE". Trump envisage d'agir si Powell ne se plie pas à sa demande de réduire (rapidement et fortement) les taux directeurs. Ce que Powell ne fera pas. Le licenciement de Powell avant l’expiration de son mandat légal (mai 2026) est un pas que même Trump n'osera pas franchir. Mais il pourrait en revanche tenter de saper son autorité. Une piste qui gagne de plus en plus de terrain est celle d'un président de l'ombre pour la Fed. En désignant dès aujourd'hui le successeur de Powell, Trump ferait de l’actuel patron de la Fed un "HOMME DU PASSÉ". Selon le principe de la "forward guidance", le marché pourrait alors rapidement se caler sur la pensée du futur président de la banque plutôt que de suivre la fonction de réaction de l'actuel.
Pour couronner le tout, l’attaque israélienne contre l’Iran a encore échauffé les esprits au Moyen-Orient cette nuit. Outre son impact significatif sur le prix du pétrole, l’attaque entraîne aussi un regain de volatilité sur les marchés des taux, des changes et des actions. Tant que le conflit restera régional, nous continuons de penser que ce type de tensions ne reste généralement pas longtemps un thème sur le marché.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC
Le cours EUR/USD poursuit sa trajectoire en direction de 1,2349.
