Confirmation de la nouvelle fonction de réaction
La nouvelle année a commencé. Nous avons encore eu la confirmation que la fonction de réaction du marché n’était plus la même que celle de novembre et de décembre de l’année dernière. Publiés hier, les taux d’inflation français et allemands ont augmenté comme prévu en raison des effets de base liés à l’énergie et des typiques hausses de prix observées dans le secteur du tourisme. Ces chiffres ne sont pas plus élevés que prévu. La dynamique mensuelle a même été un peu plus favorable que redouté. Aujourd’hui, nous pouvons dresser le même constat pour l’inflation dans la zone euro. Celle-ci a progressé de 0,2 % sur une base mensuelle, faisant ainsi passer le chiffre annuel de 2,4 % à 2,9 %, comme prévu. L’inflation de base sous-jacente a pour sa part ralenti de 3,6 % à 3,4 %. Fin 2023, de tels chiffres ont nourri la correction à la baisse des taux d’intérêt. Après des messages plus modérés de la BCE et de la Fed, la charge de la preuve s'est déplacée dans l’analyse des chiffres. Sauf fortes surprises à la hausse, la correction baissière des taux pouvait continuer. Depuis, les anticipations d'une politique monétaire moins restrictive par le marché se sont avérées (largement) suffisantes. D’autant plus que les banques centrales ont quelque peu atténué ces attentes depuis les fêtes. De ce fait, les investisseurs voient la nouvelle fournée de chiffres à travers un nouveau prisme. Pour miser encore davantage sur la normalisation de la politique, il faudra que les chiffres surprennent à la baisse. Tous les autres scénarios justifient provisoirement des prises de bénéfices et un positionnement plus neutre à court terme. Nous avons observé cette fonction de réaction non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis après la publication des chiffres du marché de l’emploi (rapport ADP et demandes de chômage hebdomadaires). Cet après-midi, notre thèse sera soumise à un test décisif avec le rapport officiel sur l'emploi aux États-Unis (payrolls) et l'indice de confiance ISM du secteur des services.
D’un point de vue technique, le taux swap européen à 10 ans et le taux américain à 10 ans tentent de sortir de leur canal baissier. Aux États-Unis en particulier, une clôture hebdomadaire au-dessus de 4 % rendrait déjà la situation à court terme plus neutre. Le premier véritable niveau de résistance demeure encore éloigné à 4,25 % (38 % de reprise sur la baisse observée entre octobre et décembre). Pour le taux swap à 10 ans de l’UE, les premiers seuils importants se situent à 2,66 % et 2,84 %.
Le rebond des taux a également des conséquences sur d’autres marchés. Sur le marché des changes, le dollar américain tente de la même manière de rompre la spirale baissière observée depuis début novembre. Pour le billet vert pondéré des échanges commerciaux (DXY), une clôture hebdomadaire au-dessus de 102,60 serait prometteuse et ouvrirait la voie vers un niveau de 103,19. Le pendant pour le cours EUR/USD est la zone de support de 1,0893/75. Le yen japonais est pour le moment la monnaie qui souffre le plus. Tant le cours USD/JPY que le cours EUR/JPY testent un premier niveau de résistance autour de respectivement 145 et 158,50. La pression exercée sur la Banque du Japon pour en finir avec les taux négatifs/zéro (elle est la dernière dans ce cas) pourrait de nouveau rapidement s'accroître (via la devise). Surtout si, après le récent tremblement de terre, la BoJ décide de jouer la carte de la prudence lors de sa réunion du 23 janvier. Enfin, il est à noter que les bourses sont en train de reprendre leur souffle après un incroyable sprint final en 2023.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC