Du Vieil An au Nouvel An
Bienvenue en 2024! Sur les marchés financiers comme dans le monde, le passage à la nouvelle année ne s’est pas fait sans feux d’artifice. Pour l’occasion, définissons le ‘Vieil An’ comme la période à partir du 1er novembre, avec une accélération après la dernière réunion de politique de la Fed (le 13 décembre), jusqu’au 27 décembre compris. Premier constat: c’est la Réserve fédérale qui a donné le ton de la ‘trêve de fin d’année’. Qui n’en était pas vraiment une cette fois-ci… car la Fed a déclenché une ruée sur les obligations, en proclamant pour ainsi dire que la bataille contre l’inflation était pratiquement gagnée. Ainsi, les taux américains sont tombés à environ 50 points de base sur la partie courte de la courbe. L’Europe a suivi le mouvement, avec des pertes jusqu’à 35 pb (Allemagne). Pourtant, la Banque centrale européenne, qui s’est réunie un jour plus tard que la Fed, voit les choses tout à fait autrement. À Francfort, malgré le ralentissement semi-automatique de l’inflation, l’on considère que le moment n’est pas venu de se reposer sur ses lauriers. Mais cela n’a pas suffi à tempérer l’enthousiasme des marchés: après la publication d’indicateurs PMI de confiance des entreprises médiocres, ils ont tiré leurs propres conclusions, inspirées de celles de la Fed. De part et d’autre de l’Atlantique, la politique monétaire doit vite changer de cap pour éviter une récession. Un vrai cadeau de Noël pour les bourses! Un panier européen composé des 50 actions les plus importantes a testé son sommet de 2007 (sans encore le dépasser). Aux États-Unis, le S&P 500 n’était plus qu’à un cheveu de son record de 2022. De son côté, le dollar a mordu la poussière: porté par une baisse relativement plus importante des taux américains et l’humeur festive des investisseurs, le cours EUR/USD est passé de 1,08 à son niveau le plus élevé depuis juillet, à plus de 1,11.
Mais cette dynamique s’est essoufflée sur les derniers jours de 2023. Le Nouvel An pourrait bel et bien marquer un renouveau, car les marchés manifestent les premiers signes d’un mouvement contraire. Cette évolution s’est accélérée le premier jour de l’ouverture des bourses de 2024, c’est-à-dire hier, et se poursuit aujourd’hui. Les taux américains prennent le dessus et ont déjà repris un peu moins de 20 points de base. De ce fait, pour le taux à 10 ans, c’est comme si les deux dernières semaines boursières complètes de 2023 n’avaient jamais eu lieu. L’USD est en train de se refaire vers 1,094, tandis que les bourses perdent du terrain. Une petite faiblesse de l’indice technologique Nasdaq (-1,62%) intervenue hier se communique à présent aux actions européennes.
Autant de signes que le marché a interprété un peu trop librement les intentions de la Fed et de la BCE et les données économiques… Depuis longtemps, il nous semble que les investisseurs anticipent une politique monétaire trop généreuse. Mais quand le courant est aussi fort, rien ne sert de lutter. Même maintenant, nous ne pensons pas avoir affaire à un véritable renversement de la tendance: il faudrait une dynamique plus fondamentale. Quant au calendrier économique, il est déjà bien rempli pour cette semaine. Les États-Unis ouvrent le bal avec l’indice ISM de confiance des entrepreneurs de l’industrie manufacturière, le nombre de postes vacants et… le procès-verbal de cette fameuse réunion de politique de la Fed de décembre. Demain, la publication du rapport sur l’emploi ADP nous donnera un avant-goût du rapport officiel qui sera publié ce vendredi, en même temps que l’indice ISM des services. Et en Europe? Le taux d’inflation de décembre sera publié jeudi (pour l’Allemagne et la France) et vendredi (pour l’Europe).