2309895861
2309895861

La BCE précipite l’euro vers de nouveaux planchers annuels

Les marchés

La déclaration de politique de la BCE est on ne peut plus claire: si tout se passe comme prévu, il y aura un premier abaissement du taux directeur au mois de juin. Même les résultats des négociations salariales du premier trimestre n’y changeront rien. Plusieurs gouverneurs voulaient déjà sauter le pas hier, avant de finir par se rallier à la majorité. Lors de la séance de questions-réponses qui a suivi, la présidente de la BCE Lagarde s’est illustrée dans la technique du perroquet, en répétant ad nauseam les déclarations publiées plutôt que de commenter la décision.

Ce n’est que lorsque la meute médiatique a (enfin) fait la comparaison avec les États-Unis que la Française a changé de ton et de regard, s’autorisant même un sourire triomphal en prononçant sa phrase toute faite: ‘nous dépendons des données, pas de la Fed’. Il est frappant de voir à quel point la BCE tient à se distinguer de la politique de la Fed et à se forger son propre parcours. À court terme, c’est plus que justifié, car le processus de désinflation en cours et le faible taux de croissance lui en donnent l’opportunité. D’ailleurs, la Fed espérait en arriver au même point avec son ‘pivot’ en novembre, pour finir par être rattrapée par la réalité. Mais la BCE joue gros jeu en tapant constamment sur le même clou, représenté par le cours EUR/USD. Pendant la conférence de presse: PAF… l’EUR/USD tombe de 1,0750 à 1,07. Ce matin, lors d’un entretien avec le gouverneur Stournáras (‘le temps est venu de s’écarter de la trajectoire suivie par la Fed’): PAF… de 1,0710, nous tombons à un nouveau plancher annuel de 1,0680. Une confirmation de la rupture en dessous de 1,0695 nous ferait rapidement renouer avec le plancher de 2023 à 1,0448. Attention à vos souhaits, ils pourraient se réaliser…

La présidente de la BCE ne s’est pas laissée entraîner sur le terrain de ce que pourrait être la politique de la BCE après l’abaissement de juin. Elle a même pris soin de conserver l’ambiguïté. Les prévisions d’inflation de mars se basaient sur un prix moyen du pétrole de 79,7 dollars/baril et un taux de change EUR/USD moyen de 1,08. Le premier pronostic est désormais obsolète et si la BCE continue à entonner la même rengaine d’indépendance par rapport à la Fed, le deuxième le sera bientôt aussi. Les deux facteurs sont susceptibles de ralentir le processus de désinflation. De plus, les effets de base seront moins favorables à la BCE à partir de mai. Nous pouvons donc nous attendre à une inflation en dents de scie et probablement haussière jusqu’à la fin de l’année. Tous les scénarios restent possibles. Pour l’instant, les taux monétaires européens tiennent toujours compte d’au moins 3 abaissements (de 25 pb) cette année. Mais vu la dynamique de l’inflation et la divergence voulue par rapport à l’approche de la Fed, nous craignons que ce ne soit finalement pas possible.

Côté dollar de l’équation, l’attention se porte sur les commentaires des gouverneurs de la Fed. La présidente de la Réserve fédérale de Boston Collins a ouvert le bal hier. En tant que membre d’honneur du camp des modérés – trois abaissements de taux cette année –, elle a suggéré que vu les derniers chiffres, il semble moins urgent de rendre la politique monétaire moins restrictive.
 

EUR/USD: l’effet des politiques divergentes de la BCE et de la Fed

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Pays émergents sur la défensive à cause du dollar

Pays émergents sur la défensive à cause du dollar

USD/JPY 160: la nouvelle ligne dans le sable?

USD/JPY 160: la nouvelle ligne dans le sable?

Coup d'œil sous le capot américain

Coup d'œil sous le capot américain

La MNB en revient à la prudence

La MNB en revient à la prudence