Manque de support pour couronne tchèque
Après un premier assouplissement de 25 points de base en décembre, la banque centrale tchèque (CNB) a de nouveau abaissé son taux directeur de 50 pb (à 6,25 %) hier. La décision a été prise quasiment à l'unanimité, un membre ayant voté pour 75 points de base. Le ton est donné pour les prochaines réunions.
Par rapport à novembre, la CNB est devenue beaucoup plus pessimiste en ce qui concerne la croissance tchèque. Elle s’attend désormais à une progression du PIB de seulement 0,6 % cette année (contre 1,2 %) et à une reprise de 2,4 % en 2025 (contre 2,8 %). La confiance que la banque affiche par rapport à l’inflation lui offre la possibilité de répondre au ralentissement de la croissance avec une politique monétaire moins restrictive. La CNB a à peine touché à ses prévisions d’inflation (2,6 % cette année et 2 % l’année prochaine). L’une des raisons est la trajectoire nettement plus lente des taux du marché monétaire tchèque (input pour les prévisions). Le marché anticipe désormais 3 % à la fin de l’année et un plancher juste au-dessus de 2,5 % fin 2025, au lieu d'un niveau légèrement inférieur à 3,5 % en novembre. Le président de la CNB, Aleš Michl, s'est montré plus prudent lors de la conférence de presse en évoquant un plancher à (un peu plus de) 3 %. La CNB s’inquiète étonnamment peu de l’affaiblissement de la couronne tchèque. Il en allait autrement dans le passé lorsque la direction de la couronne n'était pas raccord avec l'esprit de la politique monétaire, interventions sur le marché des changes comprises. Le cours EUR/CZK est passé hier de 24,90 à 25,25, un plus bas pour la couronne depuis mai 2022. D’un point de vue technique, la reprise de 38 % sur la baisse de la paire EUR/CZK observée entre 2020 et 2023 (25,04) et la moyenne mobile à 200 jours (25,10) ont été franchies. Dans son nouveau rapport de politique, la CNB table sur un cours EUR/CZK qui retombera rapidement en dessous de 25 et atteindra en moyenne 24,60 cette année (inchangé par rapport à novembre) et 24,30 l’année prochaine (contre 24,10). La monnaie est aujourd'hui, au propre comme au figuré, le maillon le plus faible de la banque centrale. Si la CNB continue sur la même voie (baisses de taux de 50 pb), la couronne risque de perdre du soutien dans un contexte de faible croissance. Surtout si les grandes banques centrales (Fed, BCE) ne répondent pas à l’espoir du marché d’une baisse rapide et agressive des taux.
Métamorphose complète de la NBP
Hier, la banque centrale polonaise (NBP) a, contre toute attente, laissé son taux directeur inchangé, à 5,75 %. Lors de la conférence de presse d’hier, le président de la NBP, Glapinski, a plaidé pour une de stabilité des taux d’intérêt jusqu’à la fin de l’année! La banque semble ainsi avoir terminé sa métamorphose°: d’un allié loyaldu précédent gouvernement PiS soutenant la croissance avant les élections à un véritable poil à gratter pour la nouvelle administration pro-européenne, soucieux de lutter contre l'inflation. Selon la NBP, les taux réels positifs ne nuisent plus à la croissance, mais ont plutôt un effet modérateur. Jusqu’au mois dernier, Glapinski considérait encore les nouvelles prévisions de croissance et d’inflation de mars comme la prochaine balise dans la trajectoire du taux directeur. La banque centrale s’attend à ce que l'inflation polonaise atteigne provisoirement l’objectif de 2,5°% en mars, mais la partie ne sera pour autant pas encore gagnée. Pour le second semestre, les prévisions varient de 3°% (en cas de prolongation de toutes les mesures budgétaires telles que la suppression temporaire de la TVA sur les denrées alimentaires ou le plafonnement des prixde l’énergie) à 8°%. Le zloty polonais se porte mieux que la couronne tchèque. Hier, le cours EUR/PLN a testé un niveau de support de 4,30, le cours le plus élevé du zloty depuis début 2020.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC